Epreuve de l'Etude de Cas, méthode complète

Exposé prenant appui sur un dossier préparé par le jury et relatif à une situation éducative, suivi d'un entretien avec le jury. Epreuve destinée à évaluer la capacité du candidat à analyser une situation mettant en jeu l'éducation d'un ou plusieurs élèves, à proposer des modalités d'action, à les argumenter et à soutenir, dans un débat contradictoire avec les membres du jury, les initiatives qu'il entend promouvoir. L'épreuve vise également à apprécier le sens des responsabilités du candidat.

  1. Généralités
    Comme l'indique le titre de l'épreuve, il s'agit de résoudre un cas proposé. Tout comme l'épreuve sur dossier de l'écrit, elle fait appel aux connaissances du candidat en matière de système éducatif. Mais en le plaçant dans une situation concrète, elle permet de vérifier sa capacité à les utiliser dans le cadre d'une problématique liée à une situation particulière.
    - L'épreuve ne se limite pas à une stricte application de connaissances théoriques et pré-professionnelles acquises dans le cadre d'une fonction de surveillant ou durant le stage d'observation. Elle permet au jury d'évaluer, par l'intermédiaire des problématiques présentées et des solutions proposées, les capacités du candidat à analyser une situation, la pertinence des actions mises en oeuvre, la qualité de son argumentation (cohérence, rigueur...) et celle de la communication (niveau de lagage, ouverture vers les autres grâce à la mise en place des circuits d'information et de communication), et son sens de l'autorité. Nous reprendons la méthodologie et chacun de ces critères en les explicitant.
    - En outre, la présentation et la résolution de l'étude de cas permettront de cerner les représentation du candidat : à la fois celles de sa future profession mais plus globalement celles relatives à l'institution 'Education Nationale' et à la place des différents acteurs appelés à collaborer dans le cadre des mission et finalités éducatives rappelées dans la loi d'orientation de 1989. C'est à dire que, dans ce cadre, le jury sera particulièrement sensible à la capacité du candidat à établir une relation éducative avec les élèves, et appréciera sa faculté d'observation, de réflexion en matière de psychologie de l'adolescent, parce que ce sont des éléments consubstantiels de la dimension humaine qu'implique le métier de CPE.
    - Le jury, rappelons le, est constitué de 3 personnes de catégories socio-professionnelles différentes : chefs d'établissements et/ou adjoints, CPE, enseignants ... Ils se présenteront les uns après les autres avant que ne commence l'épreuve. Le candidat repèrera chacune des fonctions car elle peut éclairer le sens de la question posée. Les exigences ou les attentes d'un chef d'établissement ne sont pas obligatoirement les mêmes qu'un formateur universitaire et les représentation du métier sont également largement diversifiées au sein du jury. La prudence consiste à bien connaitre les textes de mission, à ne pas oublier les collaborations essentielles pour le bien des élèves, et à tenir compte de la relation hiérarchique.

  2. Présentation des dossiers
    Un ensemble de dossiers homogènes en difficulté et intérêt sert de support à cette épreuve. Ils font evidemment référence à des situation qui n'ont rien d'exceptionnel et qui s'inscrivent, au contraire, dans le cadre de problèmes quotidiens ou de problématique d'actualité (violence, incivilités, échec scolaire, orientation...). Chaque dossier est généralement composé d'une dizaine de documents qui sont de différentes natures :
    - pédagogique : bulletins scolaire ...
    - administrative : courriers, mots etc...
    - liée au fonctionnement de l'établissement : projet d'établissement, règlement intérieur ...
    - officielle : circulaire
    - personnelle : courrier d'un élève à un autre p.ex
    - statistique : effectifs, résultats, taux d'orientation ...
    On en conclut aisément que le candidat doit être prêt à étudier tout type de document et qu'il ne doit en négliger aucun.
    A ces textes divers s'ajoute la présentation du cas proprement dit. Les questions qui l'accompagnent sont en nombre variable. Il faut s'attendre à ce qu'elles portent sur l'analyse de la situation et les solutions proposées. Leur place est également changeante : ainsi elles peuvent être posées à la fin de la présentation ou à la fin de chaque partie. Ce cas de figure se présente surtout lorsque l'étude est longue.

  3. Méthodologie
    1- analyse de la situation
    L'intéret de l'exercice ne réside pas dans le fait de répéter la situation que le jury connait déja, mais de lui en présenter les éléments d'information pertinents, lesquels seront constitutifs d'un diagnostic élaboré à partir de l'analyse des dysfonctionnements et de l'émergence des besoins. Cette première approche suppose la mise en oeuvre de qualités de lecture et de réflexion indispensables compte tenu de la brieveté de la préparation (2 heures). Elle implique en particulier le classement des informations selon les domaines auxquels elles appartiennent (effectif, architecture, structures pédagogiques, rôle des acteurs etc...) et une hiérarchisation ; en effet, les informations ne se suffisent pas à elles-mêmes. Elles constituent un ensemble hétérogène qui doit interroger le candidat et l'obliger à les classer selon leur importance et chercher le fil conducteurdu problème posé. Ainsi la lecture doit exclure un certain nombre d'erreurs :
    - La paraphrase : dérive dans laquelle il est très facile de tomber. On reprend les éléments du texte et on les redit.
    - La prise de notes trop importante : idéal pour perdre ses moyens. Conseils : n'écrire que sur le recto des feuilles, bien numéroter celles-ci, suivre un plan clair, ne noter que les idées.
    - La lecture trop sélective. Pour ne pas oublier informations ou idées essentielles, bien lire tous les documents.
    - La lecture réductrice
    - L'occultation de l'implicite
    2- Problématique
    Le jury attend du candidat qu'il soit capable de présenter les grandes lignes qui constituent le cadre du cas et d'en dégager les caractéristiques : les besoins, les carences etc... Ainsi l'apparition de phénomènes de violence dans un établissement scolaire peut s'expliquer de différentes manières. Si l'on constate dans la présentation du cas que le recrutement des élèves porte sur des quartiers défavorisés, il reste à parier que cela peut expliquer la dégradation du climat de l'établissement. La question est donc : comment améliorer la situation connaissant ces données ? Un soutien est-il organisé ? comment se présente le projet d'établissement ? responsabilise t-on les élèves ? Cette conception d'une problématique liée à une situation donnée est différente de celle de la dissertation, où elle prend l'aspect d'un débat intellectuel, d'une discussion à partir de concepts, de courants d'idées à clarifier.
    La qualité de la problématique, son intéret sont liés à la rigueur de l'analyse. Si cette dernière est superficielle, le candidat rencontrera des difficultés à dégager les points prioritaires et les solutions envisagées risquent d'être limitées, inadéquates. Loin d'être manichéenne, la réalité est souvent complexe et l'exposé du candidat doit témoigner de cette complexité et être nuancé.
    3- Objectifs, stratégies et pertinence des actions mises en oeuvre
    La mise en place d'actions suppose que ces dernières répondent à des objectifs précis. Le concept d'objectifs est un des éléments essentiels de la méthodologie de l'étude de cas. En effet nombreux sont ceux qui oublient de préciser à quels objectifs répondent les actions qu'ils souhaitent mettre en place. Il convient donc de préciser ce que l'on vise et les résultats escomptés. De même il est souhaitable de distinguer les actions urgentes de celles qui s'inscrivent dans le moyen et le long terme.
    4- Qualité de l'argumentation, autorité et communication
    Constituent 2 autres critères d'évaluation du candidat par le jury. Elles réclament l'autorité et l'engagement !
    5- Evaluation des actions
    C'est la cerise sur le gateau d'une étude de cas pleinement réussie. Pensez donc si vous le pouvez à donner les indicateurs qui vous aideront à évaluer vos actions sur le terrain : enquêtes, résultats scolaires etc...
    6- Compétences

  4. Quels conseils ??
    Comment le jury peut-il juger de la capacité des candidats à concevoir des actions pertinentes à partir d'une situation aussi artificielle que peut le paraitre l'étude de cas ? Les candidats abordent souvent l'épreuve avec cette question, ainsi que deux a priori : celui de croire que le jury connait la vérité, les réponses; Mais aussi le sentiment d'impuissance : on attendrait des candidats de résoudre en quelques dizaines de minutes tous les dysfonctionnements du système éducatif.
    Rappelons donc quelques principes essentiels :
    - Réponses réelles aux problèmes posés et non du bavardage
    - Cohérence par rapport à l'analyse : prise en compte des textes, de la hiérarchié, des responsabilités etc...
    - Connaissance et respect des responsabilités professionnelles des autres acteurs
    - Conscience des limites de son rôle face au droit et à la liberté des familles
    - Ne pas se substituer à l'élève en matière de décisions
    - Travail en équipe à privilégier
    - Ne pas oublier l'objectifs de nos actions : les élèves
    - Avoir une vision tangible de ses actions, les évaluer
    Ne pas oublier aussi que la manière de présenter ses actions est importante et fera partie de l'évaluation finale. Il ne faut pas donner l'impression de douter ni d'avoir toutes les réponses. S'engager et s'impliquer certes, savoir s'évaluer et se limiter par rapport aux forces et libertés en présence est aussi un atout.

CONCLUSION

La démarche consiste donc à exploiter au maximum les documents, les comparer si nécessaire, établir des associations, des corrélations entre ce qu'ils affirment et ce qui est dit dans la présentation du cas. Une bonne analyse suppose que l'on sache à la fois prendre rapidement connaissance de la situation, s'y engager pour mieux la comprendre et l'exploiter et, en même temps, garder un esprit critique indispensable à la prise de recul par rapport au dossier présenté. Cette dernière qualité fait parfois défaut chez certains candidats.

Le résolution d'un cas suppose que l'on en reste pas prisonnier et que l'on sache le rattacher à une problématique plus large. Ainsi il faut apporter un éclairage, en s'aidant du cas, sur les enjeux de l'école au sein de la société française, et plus globalement sur les réponses de l'institution face aux problèmes d'éducation.

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