Psychologue suisse d'expression française. Très tôt il s'intéresse à la zoologie
et, adolescent, publie, dans un journal scientifique de Genève, ses observations
sur les mollusques. Ceux-ci seront l'objet de sa thèse de biologie. Enthousiasmé
par la lecture de LÉvolution créatrice de Bergson,
curieux des divers aspects du savoir humain, Piaget se donne une formation intellectuelle
alimentée à plusieurs sources. Il suit les cours d'un logicien et épistémologue
réputé, Arnold Reymond, écoute les
conférences psychiatriques de Bleuler et de Jung, s'initie à la psychologie expérimentale
dans le laboratoire de G. Lipps
et A. Wreschner et à la psychanalyse
dans une clinique psychiatrique de Zurich. Enfin à Paris auprès de T.
Simon, l'ancien collaborateur de Binet, la mise au point de tests et leur
application aux enfants lui révèlent les possibilités d'une investigation expérimentale
de la pensée enfantine.
La problématique fondamentale de Piaget se situe à la confluence de toutes ces
disciplines: comment se constituent les connaissances ? L'épistémologie génétique,
comprise comme l'analyse du développement des formes de la connaissance dans
diverses régions du savoir, a pour ambition d'apporter des réponses. Logique
et Connaissance scientifique (Encyclopédie de la Pléiade), Introduction à l'épistémologie
génétique (PUF, 1949) donnent une idée des études menées et à mener dans ce
domaine. L'examen des diverses structures cognitives - psychologiques, logiques,
mathématiques, cybernétiques, etc. - requiert un travail interdisciplinaire.
À cet effet est créé en 1955 à Genève le Centre international d'épistémologie
génétique.
Les diverses épistémologies - du nombre, de l'espace, du temps, etc. renvoient
à une psychogenèse et tout particulièrement à l'étude des structures cognitives
selon les âges de l'enfant. Ces analyses conduisent Piaget à une conception
opératoire du développement enfantin. Celui-ci est un processus continu avec
des stades qui en marquent sans brusquerie les transitions. Par là, Piaget s'oppose
à Henri Wallon (1879-1962) qui met l'accent
sur une certaine discontinuité: le passage de l'intelligence sensorimotrice
à la pensée discursive s'effectue par un processus jalonné de crises, dont la
plus connue est celle des trois ans.
Même si on reproche à la psychologie piagétienne de ne pas établir des règles
universelles mais seulement valables dans un milieu social donné - voir la critique
de Vygotski -, les travaux de Piaget ont marqué
la science psychologique du XXe siècle. Outre ses fonctions d'enseignement -
l'histoire de la pensée scientifique en 1929 à Genève, la sociologie à Lausanne
en 1936, la psychologie à Neuchâtel, à Genève, puis à Paris de 1952 à 1963 -
Piaget dirigea en 1929 le Bureau international de l'éducation, en 1932 l'Institut
Rousseau aux côtés de Bovet et de Claparède, en 1955 le Centre international
d'épistémologie génétique. Parmi ses nombreux ouvrages de psychologie de l'enfant
citons: Le Langage et la pensée chez l'enfant (1923), Le Jugement et le raisonnement
chez l'enfant (1925), La Représentadon du monde chez l'enfant (1926), Le Jugement
moral chez l'enfant (1932), La Naissance de l'intelligence (1947).
BIBLIOGRAPHIE
J. Piaget L'épistémologie génétique, PUF,
sais-je?, 1970.
J. Piaget, Mes Idées, Propos recueillis par R-1. Evans, Denoël-Gonthier, 1977.
J. J. Ducret Jean Piaget: biographie et parcours intellectuel, Delachaux et
Niestlé, 1990.