L'identité

PSYCHOLOGIE DE L'ADOLESCENCE - R. CLOUTIER

 

L'identité

L'adolescence pose aux jeunes le défi de répondre da façon satisfaisante à la question centrale concernant la définition ds frontières personnelles : "qui suis-je ?". L'accession à l'indépendance individuelle exige de la personne qu'elle sache qui elle est. Devenir autonome signifie pouvoir se situer en tant que personne distincte, avec ses goûts, ses valeurs, ses acquis, ses espoirs. Pour être un individu à part entière on doit se distinguer d'autrui, on doit se poser en tant qu'unité intégrée de caractéristiques, de forces, d'habitudes et de façons de faire.
Pour E. Erikson, "L'intégration qui doit être réalisée à l'adolescence est appelée le sentiment de l'identité intérieur. La jeune personne, afin de se sentir unifiée, intégrée, doit ressentir une continuité progressive entre ce qu'elle est devenue au cours des longues années de l'enfance et ce qu'elle promet de devenir dans le futur". "L'identité est un produit unique qui fait dès lors face à une crise qui ne peut être résolue que par de nouvelles identifications avec les pairs et les modèles extérieurs à la famille".

La socialisation :
C'est un processus d'acquisition des comportements, des attitudes et des valeurs nécessaires à l'adaptation sociale de l'individu. Ce processus s'engage dès les premières relations humaines et se poursuit toute la vie. L'adolescence n'est donc pas le point de départ du processus de socialisation, ni la période adulte son point d'achèvement. toutefois, sous l'impulsion des transformations physiques et mentales, l'évolution sociale change de rythme à l'adolescence. Le développement de l'autonomie : Devenir autonome c'est apprendre à vivre pour soi-même, c'est-à-dire, acquérir les habilités nécessaires pour vivre de façon indépendante et non plus à la charge ou sous la tutelle d'une autre personne. L'autonomie correspond pour l'individu à la capacité et au pouvoir de prendre lui-même les décisions qui le concernent et d'assumer la responsabilité des ses décisions.

Chapitre 10 : la famille

Pendant l'enfance, la famille constitue le principal agent de socialisation. Entre 12 et 18 ans, elle continue à être très importante, même si l'ado doit prendre ses distances par rapport à ses parents. C'est au sein de la famille que se créent les premières relations humaines et le modèle interpersonnel qui influencera par la suite l'ensemble des relations qui l'individu établira. Les rapports familiaux sont le prototype des rapports ultérieurs. Les liens et les rôles familiaux sont les premiers matériaux au moyen desquels le jeune se construit sur le plan social : de leur qualité dépend le résultat final. Malgré l'adolescence et la conquête de l'autonomie, le milieu familial conserve un rôle de première importance dans le processus de socialisation car il continue à modeler et encadrer les apprentissages sociaux incomplets. C'est également le principal cadre de l'individualisation. La relation parents/enfant est en elle-même un contexte de développement étant donné qu'elle définit un espace avec des limites et des ouvertures. Lorsque ses règles est ses limites sont claires et explicites, l'enfant sait à quoi s'attendre ; à l'inverse, si elles sont floues et changeantes, il ignore jusqu'où il peut aller. Cela est un élément majeur pour le développement. Parfois plus préoccupés par leur propre développement, certains parents passent à côté de l'adolescence de leur fille ou de leur fils. L'évolution exige une constante écoute, un contact étroit avec lui. Le style d'autorité parentale (autocratique, désengagé, permissif, démocratique…) situe la relation parent/ado avec 3 limites :
- il n'y a pas un parent qui corresponde à un style précis, la plupart sont un mélange des styles
- l'adolescent, lui, adopte un style différent selon les circonstances ou l'enjeu : autocratique pour les travaux scolaires, démocratique pour l'argent de poche…
- 8/10 vivent avec leurs deux parents, le père et la mère ayant chacun un style différent
Une grande proportion de jeunes perçoivent positivement, sinon très positivement, le climat qui règne dans leur famille, et une minorité fait état d'une réalité moins reluisante.
En 1994, Cloutier et ses collaborateurs affirment "L'adolescent est le reflet de ce qu'il vit dans sa famille". Une nouvelle compréhension réciproque entre les deux générations s'installe à la faveur d'une bonne communication. Sans échanges, sans interaction, sans dévoilements personnels, il ne saurait y avoir de rapprochement. Mais il est difficile de communiquer quand on ne se voit jamais. En cas de désaccord entre ses deux parents, l'adolescent est plus en mesure que l'enfant de comprendre mais il éprouve quand même un profond sentiment de perte. Certes, à l'adolescence, les amis prennent de plus en plus de place, cependant les relations d'amitié ne constituent pas un milieu de vie, ni des références sociales de base.
Les effets de la séparation de ses parents sur l'adolescent :
- plus vulnérable - désintérêt pour le travail scolaire
- perte d'estime de soi, état dépressif (généralement chez les filles)
- agressivité, impulsivité, rébellion contre l'autorité (plutôt chez les garçons)
- abandon des études

Chapitre 11 : Les amis

L'amitié est essentielle car elle change des rapports entretenus avec la famille jusque là. On se cherche un double pour se sentir plus fort, un confident. D'après Dolto, "On cherche à retrouver un sentiment de fusion". - les amis sont vus comme de meilleurs confidents, partenaires de jeu
- avec des amis, l'ado a l'impression de créer son propre monde social
- les relations d'amitié sont avantageuses pour le développement socio-affectif et
- favorisent, au travers de difficultés inhérentes, la transition adolescente La présence rassurante de bons et loyaux amis aide à surmonter les craintes et les échecs en préservant le sentiment de valeur personnelle essentiel à une image positive de soi.
La famille et les amis : Il existe une croyance bien ancrée voulant qu'un adolescent entretienne des liens étroits avec ses amis, en rejetant sa famille et ses valeurs. Or il semble que dans un grand nombre de cas, les valeurs des parents soient en chevauchement avec celles des groupes d'amis. Cette hypothèse est réfutée par plusieurs travaux qui démontrent que le groupe d'amis et les parents ont des zones d'influence propres. L'opinion des parents est moins importante que celle des amis au niveau musical, culturel, vestimentaire, mais elle revient au premier plan pour ce qui touche aux projets scolaires, aux aspirations professionnelles et valeurs morales, ou aux explications des réalités sociales.

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