EXPLIQUEZ-VOUS FRANÇOIS DUBET ...
Sociologue. Il a dirigé l'audit sur les collèges en juillet et supervisé les travaux du comité de pilotage
qui a remis le rapport sur les collèges à Ségolène Royal.

Quels sont les points de la consultation qu'ils vous semblent important de faire ressortir ?

François Dubet. Les enseignants expriment fortement leurs difficultés face aux élèves. C'est plus qu'un mécontentement : ils se sentent engagés dans un métier lourd et épuisant. Mais leur réaction n'est pas frileuse. Seule une petite minorité réclame le retour à la sélection, avec en point de mire un collège idéal qui n'a jamais existé. Les autres sont très ouverts aux changements, pour peu que les consignes soient claires, et qu'ils se sentent soutenus par ceux qui décident du cadre d'évolution des collèges. Ils réclament un vrai pilotage de l'école, le maintien de l'unité de l'offre dans le collège, et davantage de liberté d'action. Ils sont fatigués, mais ils conservent une image optimiste du collège, à l'opposé de la violence omniprésente qui vient à l'esprit lorsqu'on évoque le collège.

Que va devenir ce rapport ?

François Dubet. Le comité de pilotage finit son travail au moment où il remet le rapport entre les mains de la ministre, Ségolène Royal. J'estime que le contrat est rempli. A partir de maintenant, la ministre va consulter les syndicats, les partenaires habituels, et dans une semaine, elle devrait avoir réuni tous les éléments pour avancer des mesures d'aménagement, d'inflexion du collège.

Quels sont les moyens à mettre en ouvre pour une évolution conforme à ce que vous préconisez ?

François Dubet. Les moyens seront naturellement déterminés par le Parlement. Ce n'était pas de notre responsabilité d'entrer sur ce terrain. Tout ce que peut faire un rapport, c'est pointer les lieux de la meilleure utilisation de ces moyens, faire en sorte que les moyens s'alignent politiquement sur les vrais besoins. Naturellement, par rapport à la situation actuelle, je pense qu'il faut davantage de moyens, notamment dans les collèges les plus en difficulté.

Quelle réaction attendez-vous des syndicats, qui sont très attentifs à tout changement dans le système scolaire français et souvent très réactifs ?

François Dubet. Ils joueront leur rôle : tous demanderont des moyens, puis les uns diront que l'on veut tout casser, les autres, que l'on ne fait rien de significatif. Ce sont les règles du jeu. Mais je pense honnêtement qu'ils ne pourront pas se plaindre de ne pas avoir été associés à la consultation. La transparence a été respectée, et toutes les données étaient disponibles aux différentes étapes de notre travail. Et je crois que la somme de notre travail n'a rien à voir avec un rapport à l'eau de rose.

ACCUEIL Du journal l'Humanité

Page réalisée par Intern@tif - Mercredi 19 Mai 1999


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