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Thème principal : Explication de la pensée
de P. Bourdieu
Patrice Bonnewitz, nous présente les éléments permettant de comprendre
l'approche sociologique de P. Bourdieu à travers la présentation de l'Homme
puis de ses travaux sur la société, la culture et l'école. L'auteur essaie
également de nous démontrer comment P. Bourdieu s'est inspiré de ses prédécesseurs
(Marx, Weber, Durkheim), tout en élaborant une approche spécifique qualifiée
de " structuralisme génétique " qui objective le monde social comme matrice
de la genèse des comportements sociaux. Nous constatons que P. Bourdieu
pense la société à travers le concept de domination. Toutefois l'approche
marxiste décrit le monde social par rapport au seul champ économique (riches/pauvres
= dominant/dominé). P. Bourdieu lui intègre dans sa définition de l'espace
social l'inégale distribution des capitaux économiques mais aussi des
capitaux culturel, social (étendue des relations sociales) et symbolique
(reconnaissance par rapport aux 3 autres capitaux). Nous constatons à
la lecture de ce livre que parmis les travaux de P. Bourdieu, il faut
retenir ceux déjà relativement anciens qu'il a réalisé avec Jean-Claude
Passeron sur les mécanismes scolaires de reproduction sociale - Les Héritiers
(1964) et La Reproduction (1970). En effet depuis la crise des années
70, P. Bonnewitz constate une tendance au ralentissement de la mobilité
sociale (ascenseur social en panne), avec un déclin des opportunités salariales
et de perspectives de carrière au fil des générations. P. Bourdieu l'explique
par le mécanisme de reproduction social selon lequel de génération en
génération, les individus ou groupes d'individus cherchent à maintenir
ou à améliorer leur capital sous ses différents aspects. Autrefois les
mariages permettaient cette reproduction sociale, aujourd'hui selon P.
Bourdieu, l'école est un instrument de reproduction sociale au service
des classes dominantes ! Contrairement à Tocqueville (1805-1849) qui pensait
l'égalité sociale possible malgré l'inégalité héréditaire des positions.
Pour P. Bourdieu, l'école loin de réduire les inégalités sociales, contribue
à les reproduire. Pour lui les épreuves orales sanctionnent davantage
la forme que le fond, sur la base de signes subtils de reconnaissance
sociale. Pour les épreuves écrites la sélection se fait sur le style employé.
Pour Bourdieu la réussite scolaire des enfants des classes dominantes
ne s'explique pas par leur talent mais par leur héritage culturel. En
effet les familles transmettent à leurs enfants un capital culturel que
l'école va valoriser. Qui plus est, l'Habitus des enfants de parents de
classes dominantes est en affinité avec celui des enseignants (même valeurs,
même goûts culturels…). Pour les enfants de la classe dominée se posent
des problèmes d'acculturation (assimilation d'une nouvelle culture), Selon
lui, la classe dominée croit à l'égalité des chances, de plus en plus
d'enfants s'engagent dans des études et au final ses enfants de classes
populaires acceptent leur élimination et la considèrent comme normale,
alors que la sélection dans et or de l'école est sociale. Selon Bourdieu,
il faut traiter différemment les élèves selon leur origine sociale. Ses
travaux seront à l'origine de nouvelles dispositions pédagogiques (ZEP,
soutien scolaire, collège unique, lutte contre l'échec scolaire…).
Le livre proposé par P. Bonnewitz est intéressant dans la mesure où dans
le dernier chapitre il propose de faire le tour des influences et critiques
qu'à suscité la sociologie de P. Bourdieu. Selon certains sociologues,
P. Bourdieu a une vision statique de l'école et de ses acteurs. L'analyse
de Raymond Boudon ne nie pas l'inégalité des chances mais pour lui il
n'y a pas de déterminisme social dans la mesure où un individu fait des
choix en évaluant le coût et les avantages qu'il en retire. Ainsi les
inégalités scolaires et sociales s'expliquent par les actions, les stratégies
individuelles des familles dans le système scolaire et non par le fonctionnement
de l'école.
BILAN
Ce que j'ai appris :
P. Bourdieu (1930-2002) Né en 1930 dans un petit village du Sud-Ouest
de la France. La trajectoire individuelle de cet homme est caractérisée
par une série de " ruptures " personnelles : avec son milieu d'origine
: provincial, il devra aller faire ses études à Paris. Il parle d'un "
racisme social ". avec sa formation initiale : agrégé de philosophie,
il l'enseignera jusqu'à changer de trajectoire pour devenir sociologue.
avec les courants intellectuels dominants : il s'attachera à faire de
la sociologie, une science, comme Durkheim. Il critiquera ouvertement
les courants sociologiques et les usages dévoyés de la sociologie (sondage,politique…)
Il décède le 23 janvier 2002.
La sociologie un contre-pouvoir garant de la démocratie dans le sens
où elle dévoile les mécanismes sociaux permettant aux dominés d'en contester
la légitimité.
Point de désaccord : Le concept de " structuralisme génétique
" qui objective le monde sociale par des lois gouvernant tous les comportements
humains indépendamment des sujets et de leurs représentations, est trop
limité voir inconcevable selon moi. En effet croire à un certains déterminisme
social s'est abandonné l'idée que nous pouvons avoir une action sur le
monde, notamment en tant que citoyen. Qu'est-ce que l'égalité ? Donner
l'accès à la plus haute marche de l'échelle sociale ou occuper " sa "
place, celle que l'on a choisi car elle nous correspond indépendamment
des capitaux associés. Je ne crois pas également à son concept de légitimité
emprunté à Max Weber où il affirme que la classe dominée est comme manipulée
au point qu'elle légitime la position de la classe dominante. On choisit
d'être boulanger, ministre ou pompier, il faut respecter cela et ne pas
faire porter sur ses personnes une soumission ou une domination volontaire,
c'est limité leur choix à des considérations économiques !
A qui conseillerais-je la lecture et pourquoi ? : Aux futurs et
actuels enseignants. Pas aux élèves, ils risqueraient d'être un peu découragés.
Autres ouvrages en complément :
Les héritiers. Les étudiants et la culture (en collaboration avec Passeron),
1964
La reproduction, éléments pour une théorie du système d'enseignement (en
collaboration avec Passeron),
La distinction, critique sociale du jugement, 1979
La misère du monde (ouvrage collectif), 1993 Sur la télévision, 1997
Les structures sociales de l'économie, 2000
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