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PORTRAIT DU CORPS : TONALITE POSITIVE
Un corps en voie de stabilisation
On ne sait trop définir ce qu'est un CPE, il y a un inconfort par rapport
à la loi. Néanmoins, le CPE fait des choix de priorité et sait exactement
ce qu'il ne doit pas faire. Il travaille dans l'urgence et se plaint ensuite.
Certains, la plupart, souhaitent que l'on clarifie les frontières de leur
domaine d'activités, sans pour autant le sectoriser, ce qui limiterait
leur tâches. Ils sont en tout état de cause de légitimes experts en matière
de vie scolaire, quant à l'éducation, tout le monde a sa part. Le CPE
de type surgé sont en voie de disparition, (quelques surgé intégrés, personnes
ayant échouées au CAPES, démotivé par un style de direction, ou bien débutants).
Dubet lors de son enquête, n'a rencontré que 2 "dragons". Autoportrait
du corps Il est le résultat d'un questionnaire donné aux CPE :Quelles
sont les qualités essentielles d'un bon CPE ? (3 épithètes) page 24 :
Disponible, ouvert, et attentif (165 citations), accueillant (36), dynamique
(25), "réglo" et efficace (19), polyvalent(15), présent (11)... A noter
la présence des termes Aventuriers et rafraîchissant... Donner trois verbes
qui caractériseraient la fonction, page 27 : Écouter (voir, percevoir,
observer...) : 112, Réfléchir (penser, comprendre...) : 33, Faire : 295,
Agir (organiser, communiquer, aider...) :35 .Le corps a bien intériorisé
la circulaire de 1982 ; on remarque toutefois que le CPE passe de l'écoute
(112) à l'action (295) sans réfléchir (33...). Les CPE doivent se méfier
de l'anémie pour ne pas devenir des surgé avec un rien de communication
en plus. Ils doivent trouver des moyens de s'évaluer, de réfléchir malgré
l'urgence dans laquelle ils se trouvent toujours. L'enquête n'a pas manquer
de révéler des cas d'insuffisance. Mais à chaque fois, alors que l'institution
a pris, par la force des choses l'habitude de s'arranger des insuffisances
des profs, elle admet difficilement qu'un CPE se dérobe au devoir de présence
sur le front de la vie scolaire. Les CPE se considèrent comme les seuls
alliés des élèves (attention aux dérapages "CPE, élèves même combat",
ils mettent l'élève en danger, la cause des élèves n'étant bien défendue
que par les adultes qui s'installent résolument dans un statut d'adulte.
L'image du père l'emporte de plus en plus sur celle du grand frère, i.e.
fermeté de caractère, volonté d'aide stable... Le CPE s'il veut être efficace
et échapper à la routine, doit s'organiser, hiérarchiser ce qu'il a à
faire en terme d'intérêts et d'urgence. Il ne doit pas toujours tenir
compte de la chronologie des problèmes. C'est en ce sens qu'il est porteur
de deux contradictions ou paradoxes : · Il doit canaliser le désordre
et être porteur d'un message de libre expression ; · Il doit promouvoir
la libre initiative tout en dépendant des décisions de l'équipe de direction.
Quelques revendications du corps · les contraintes actuelles sont acceptées,
mais l'ensemble souhaiterait qu'elles soient moins lourdes (Ex : la nuit
en internat) ; · Protestation unanime contre le service des vacances lié
au logement (CARE : "le CPE ne se pose pas la question de prévision ou
de préparation") ; · Besoin de prendre du recul · Quête de la reconnaissance.
Dépendance vis-à-vis du chef d'établissement · 25 % sont en forte association,
· 35 % en bon fonctionnement, · 20 % en situation de conflit ou d'isolement.
Leur grande différence se situe au niveau de la responsabilité et de la
prise de décision leur point commun se situe au niveau de la disponibilité.
Ils sont tout deux des managers, la bureaucratie leur est interdite...
Il n'est pas rare de passer du luxe d'un bureau de préfet à l'arrière
salle d'un commissariat de quartier. "Les lieux portent une signification,
la difficulté de communiquer, et la confidentialité. · 25 % des CPE n'ont
pas de lignes directes · 90 % des CPE ont un ordinateur, mais seul 20
%% d'entre eux l'utilise (manque de stage ou vétusté des appareils) ·
moins de 15 % des CPE s'impliquent dans le projet d'établissement. Toutefois
dés qu'un projet consistant existe, le CPE y est associé. Les taches déléguées
Elles peuvent dénaturer la fonction. Certaines sont motivantes. Une seule
sépare les CPE en deux camps : la présidence du conseil de classe. CARE
: "S'il préside [le conseil de classe], il peut difficilement assumer
sa fonction, garder son autonomie. Il est le porte-parole de la vie scolaire".
Le problème est de savoir où s'arrête la vie scolaire ? 85 % ne veulent
pas être intégrés dans l'équipe de direction : ils ne veulent pas avoir
une étiquette hiérarchique qui brouillerait leur relation avec les enseignants.
Le CPE praticien de la communication Il se charge de plusieurs domaines
: · l'information aux familles : elles apprécient le langage concret du
CPE qui devient ainsi "l'interprète des jeunes" · l'information aux enseignants
: le dialogue est difficile, en effet le débat oppose une profession repérée
à une profession à géométrie variable. De plus le professeur en virant
un élève de son cours allège son travail et accroît celui du CPE. Il est
alors difficile de persuader les CPE que le métier de professeurs est
un métier difficile, qui mobilise toutes les ressources sur un temps court.
LES TEXTES Définition de la vie scolaire p109 Il y a différentes approches
de la notion de vie scolaire, selon le contexte, il est nécessaire de
prendre celle qui convient (approche territoriale, différentielle, temporelle,
biologique, historique, systémique, éthique, ou bien de responsabilité).
La première définition est donnée dans la circulaire du 28 octobre 1982
: Vie scolaire (avec une majuscule) : "placer les adolescents dans les
meilleures conditions de vie individuelle et collective et d'épanouissement
personnel". Décret du 12 Août 1970 et Circulaire du 31 Mai 1972 n° 72
222 Texte statutaire, le terme générique du corps n'a pas encore d'écho
dans le texte. Les CPE n'ont pas encore l'autonomie actuelle, ils "participent
aux responsabilités du proviseur"... Parole autorisée mais équivoque.
Socle de la circulaire : héritage des surveillants généraux. Apparition
de l'animation socio-éducative et préfiguration timide de la contribution
du CPE dans le suivi et l'orientation. Le CPE doit agir avec les autres.
La voie vers la conception de communication apparaît même si le mot n'apparaît
pas. Il est à noter que les CPE ont aussi une disponibilité illimitée.
Il ne semble pas souhaitable pour le législateur de limiter leurs interventions
et surtout leur collaboration avec le chef d'établissement. Circulaire
du 28 Octobre 1982 n°82 482 Elle est le premier calage de la profession,
elle apporte des précisions attendues dans trois domaines : · Le socle
· Le suivi pédagogique : zone d'échange vaste et peu banalisée avec les
enseignants · l'animation socio-éducative A cela s'ajoute une précision
sur les conditions de travail : 39 heures, un emploi du temps souple,
obligations supplémentaires liées au logement. Elle gomme l'héritage des
surgé tout en gardant ses fonctions : elle ne s'appuie plus sur la rigueur
et la discipline, mais sur une garantie de sécurité des élèves. Décret
du 11 Octobre 1989 Il apporte des précisions sur l'étendue du champ d'action
du CPE : en particulier sur le suivi des élèves, l'évaluation, la communication
et la collaboration avec l'équipe éducative. C'est l'entrée en pédagogie
du CPE. L'autonomie que les CPE ont acquise peut, sans qu'ils ne soient
jamais en position de faute professionnelle, leur permettre de se soustraire
à certaines de leurs attributions très vaguement explicitées dans la dernière
circulaire ou le décret de 1989. LES CINQ PRINCIPAUX SECTEURS DE LA VIE
SCOLAIRE L'administration de la vie scolaire : la permanence La responsabilité
de la discipline générale La discipline générale est fondée sur la sécurité
des élèves. Il est à noter que pour les élèves la discipline du collège
semble être inutilement contraignante par rapport à celle du lycée. Une
défaillance grave de la discipline est flagrante quand les élèves se plaignent
de la désorganisation ambiante. L'organisation du service Il a plus un
groupe de surveillants qu'une véritable équipe ; les cas de bon fonctionnement
sont rares. En effet, rares sont les surveillants qui accomplissent les
actes éducatifs qu'on attend d'eux. Le CPE n'a pas l'autorité nécessaire
sur les surveillants ( C'est une politique rectorale souvent dénoncée).
Le rapport donne trois recommandations : une formation des surveillants
à la veille de rentrée, éviter que les affectations des débutants se fassent
toujours dans les mêmes établissements, et enfin tenir un langage clair
sur les obligations de service des différents "protagonistes". L'organisation
du service de surveillance constitue la partie la plus solide (toujours
inscrite dans les textes). Les abords et mouvements d'élèves Le remède
efficace est une présence physique d'adulte aux points chauds de l'établissement.
Il peut être intéressant de réserver quelques recoins où les élèves puissent
échapper à l'œil du maître. Encore faut-il que cela soit un choix des
adultes et pas un hasard. La gestion des sanctions Insolence reste le
premier motif de punition. Les CPE ne punissent plus mes élèves à la place
des professeurs ou systématiquement après un renvoi de cours. Toutefois
le suivi de la sanction, et la communication aux familles sont l'affaire
du CPE. Ils peuvent tempérer les sanctions des surveillants. Quant à eux
ils préfèrent généralement la remontrance. Il semble que la retenue ne
soit plus de mise dans les établissements à population difficile. Le traitement
de l'absentéisme C'est la plus grave des maladies scolaire. Au collège,
les systèmes de relevés des absences sont fiables à 95 %. Le problème
est surtout présent dans les lycées professionnels où certains élèves
majeurs, et par conséquent responsables de leurs scolarité, pose des problèmes
d'absences. Au lycée, le problème est surtout dû aux profs qui ne remontent
pas l'information des absences. Il est à noter que les CPE ne contactent
plus les parents uniquement par courrier, mais aussi par téléphone. Le
CPE utilise souvent l'ordinateur, avec le logiciel Mizeret, et donne ainsi
l'alerte aux familles. L'échange passe du simple problème de sécurité
à l'examen des causes probables avec l'association des familles. Il faut
prévenir l'équipe de direction pour les cas lourds. L'internat Il est
sous la totale responsabilité du CPE. Il est généralement bien tenu, voire
une chasse gardée d'un des CPE. Il est toutefois regrettable que les CPE
ne soient pas présents lors des études dirigées des élèves. L'internat
est certes un lieu de travail personnel, mais il est aussi et avant tout
un lieu d'apprentissage de la vie sociale. Pourquoi l'internat ne plaît-il
plus ? Plusieurs facteurs interviennent de manière différente selon les
régions : une question de vétusté des locaux, un semblant d'incarcération
un coût trop élevé, le manque d'intimité. L'internat possède trois vocations
: une vocation géographique (rapprochement du lieu de scolarité), une
vocation sociale (aide au logement des familles en difficultés), et scolaire.
L'animation socio-éducative : la récession Dans 15 % des cas les établissements
sont trop petits, il n'y a pas de foyer ; dans 10 % des cas le foyer est
désagréable d'aspect. Quand le foyer est décent, les filles se plaignent
que rien n'est prévu pour elles (Ex : baby-foot...). Quant à la gestion
du foyer, les élèves sont peu au courant ( Vendre des croissants rapporte
de l'argent, le foyer permet de partir en voyage). Les foyers sont souvent
détournés de leur finalité par les élèves, travail ou non avec une forte
musique, un bruit ambiant. Des adultes ne sont guère appréciés, les élèves
souhaitent y être invisibles. Dans le cadre de la maison des lycéens,
la mission des CPE est de susciter, d'éduquer la disposition à prendre
des initiatives. Le problème est que les jeunes ne veulent plus être animés.
Pour d'autre, la liberté d'initiative ne peut se trouver qu'en dehors
du lycée. Les CPE ont une attitude très partagée. Certains veulent rompre
définitivement avec "l'idéologie de l'animation", d'autres ne désespèrent
pas d'inventer de nouvelles formes d'épanouissement des jeunes. La fonction
sociale : le péril d'absorption Le CPE a une grande capacité d'écoute,
il respecte les confidences, il divulgue les informations indispensables,
il est vigilant aux signes. L'institution scolaire est le recours ultime,
derrière elle il n'y a plus rien qui soit structuré, pour répondre aux
besoins affectifs des adolescents en détresse. L'accumulation des cas
ôte toutes possibilités de recul, le danger est alors de perdre tout sens
des proportions, de ne plus faire la différence entre les cas urgents,
graves et les caprices. Le CPE se noie... La formation des délégués élèves
: l'attente Les élèves se sentent peu concernés ; les CPE s'investissent
peu, bien qu'ils répondent à la demande d'aide des délégués : aide à la
reformulation, à la compréhension, interprète, avocat. Il aide rarement
à préparer les conseils. C'est un secteur qu'il reste à développer. Le
suivi individuel, l'évaluation le projet personnel de l'élève : un chantier
nouveau C'est une opération difficile, car elle se joue à la frontière
de trois corps : COP, professeurs, CPE. Les relations actuelles entre
les personnes ne sont pas claires même si elles permettent déjà une activité
commune. On ne peut décréter que quelqu'un travaillera avec quelqu'un
d'autre, et pourtant il est urgent que cela se fasse. Le CPE assure la
permanence, le COP intervient plutôt en qualité de spécialiste. La formation
en IUFM des CPE reconnaît l'entrée en pédagogie des CPE. C'est ainsi que
le CPE doit développer la préposition "avec".
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