LA FAMILLE, QUE SAIS-JE 1982
Yvonne CASTELLAN

Introduction : Qu'est ce qu'une famille ?

 

 

Puisqu'il faut adopter une définition, une famille peut être définie comme une réunion d'individus :

- Unis par les liens du sang
- Vivant sous le même toit ou dans un même ensemble d'habitation
- Dans une communauté de services

Pourquoi une famille ? La famille humaine présente une durée et un degré d'implication

Chapitre 1 : La famille dans le monde.

  • La famille russe et slave du sud
  • La famille en Amérique du nord : la famille américaine type est fondée sur la valorisation de l'individu, base de la société américaine familiale conjugale, monogamique, nucléaire et indépendante.
  • La famille en Amérique latine
  • La famille hindoue : le modèle religieux hindou est la famille groupée.
  • La famille en chine : le modèle classique mettait l'accent sur l'importance de l'axe père fils
  • La famille Afrique noire : polygamie, mariages arrangés, la femme a des droits distincts comme épouse et comme mère. L'homme a des droits distincts comme époux, comme géniteur, comme père officiel, et comme père nourricier.
  • La famille en pays d'islam : l'accent est mis sur la descendance patrilinéaire. La naissance d'un fils qui accroît la maisonnée est une joie, la naissance d'une fille, simple véhicule futur d'une autre hérédité est négligeable. La femme étant un objet, l'homme riche peut en posséder plusieurs.
Chapitre 2 : La famille dans la France contemporaine
  • Parents et enfants
La famille implique la dimension biologique à la différence du ménage.
2 types de familles : les familles nombreuses et monoparentales" L'homme est le chef d'une famille complète, la femme est le chef d'une famille marquée d'un manque."
  • Nuptialité et divortialité
Nuptialité décroissante, divortialité croissante, c'est la grande évolution de la société contemporaine.
En France, 30 divorces pour 100 mariages.
En dépit de la cohabitation juvénile, les divorces intervenant très tôt, dans les deux premières années, vont croissant.
La première période de 10 ans est d'une grande fragilité. Elle correspond à une période où la femme demande autant le divorce que l'homme
Une pointe tardive se manifeste entre 15 et 20 ans de mariage. Elle est à l'initiative de l'homme.
  • La cohabitation
La famille est le refuge, le lieu de la tendresse sans question, stable. Elle est le lieu où la personne âgée se sent utile, investie, intégrée. Et pourtant, l'actuelle génération féconde entre de moins en moins dans le jeu créateur d'un foyer, elle assume de moins en moins la relève de cette famille aimée. Elle reste en proportion croissante sur le palier du plaisir, en deçà de la responsabilité, dans l'individualisme, ou encore, selon l'expression d'Evelyne SULEROT dans l'adultocentrisme. L'enfant certes n'est pas condamné, il entre comme objet dans la balance satisfaction / coût des adultes, position dont on voit pour lui le danger considérable dans le système du plaisir des parents. On rêve d'un enfant couronnement de l'amour.
  • Les relations entre génération
Raison démographique fondée sur l'allongement de l'espérance de vie. Ce seul facteur modifie de façon importante les relations entre les générations. Si les petits enfants comme les enfants reviennent volontiers prés des grands-parents, c'est pour prendre ou pour reprendre possession de leur histoire.
  • Demain ?

Louis ROUSSEL dés 1978 constate une réalisation actuelle : la cohabitation deviendra la norme, le couple toujours investi du plaisir et du désir et le divorce est inscrit à la base même de cette réunion. Y aura t il ou non baisse de la fécondité ? Le nombre d'enfants désirés restant à l'heure actuelle à deux, tout reposera sans doute sur l'efficacité d'une politique nataliste (p49)L'homme et la femme contemporains se développent parallèlement (mais les parallèles ne se rejoignent qu'à l'infini) à l'école, à l'université et sur le marché du travail qui les place en concurrence s'ils n'optent pas pour la discrimination sexuelle. Atomes dans des unités de production où leur créativité se perd, atomes aussi dans d'immenses unités d'habitation, la double base de responsabilité réelle et de stabilité nécessaires à l'ultime maturation ne les soutient plus. La cellule familiale est à l'heure actuelle le siège d'une souffrance qu'il faut entendre et dont les remèdes ne peuvent être qu'à l'échelle des maux.

Chapitre 3 : L'héritage familial, la socialisation du jeune.
Que transmet la famille à l'individu ? L'humanité dans tous les sens du mot.

  • La transmission génétique
Sauf accident, les gènes transmettent aux enfants les caractéristiques physiques, structurales de l'espèce humaine, le phénotype humain, à travers l'incarnation qu'en ont fourni chacun des parents, leur génotype. Avec 2 précisions négatives : la famille n'est pas génétiquement homogène, le groupe familial, lieu de transmission du patrimoine héréditaire de l'un et de l'autre partenaire adulte est, sauf en cas de naissance de jumeaux homozygotes, le lieu de la diversité génique.D'autre part, la transmission génétique n'est pas limitée par principe aux caractéristiques physiques.
  • La socialisation du jeune
  • La relation à un, à deux, à trois
Naissance du bébé = relation à un, Mère et enfant = relation à deuxAvec l'arrivé du père, il attire l'enfant hors de la relation fusionnelle ou duelle avec la mère dans laquelle il se complaisait. Il lui ouvre le chemin de la véritable socialisation. Non sans doute, sans douleur, il transforme la relation à deux en trois ouvrant la relation à plus de trois.
  • Le langage
  • Les rôles organisateurs :
La fonction de la mère est de donner et de soutenir la vie, la fonction du père est d'affirmer la réalité de l'engendrement comme de la vie en société. L'existence va s'organiser imaginairement, pour le bébé et pour l'enfant par rapport à ces deux axes, ce que Talcott PARSONS appelle l'axe expressif affectif porteur des désirs et du principe de plaisir de l'axe opératoire instrumental, efficace au plan des réalisations.
  • Les rôles et la communication
Les enfants grandissent, les parents évoluent, le champ des désirs se modifie, les rôles se chargent secrètement de composantes nouvelles.
  • Les modèles
Cette organisation des rôles par transfert ou par transposition à tendance à se reproduire dans l'existence ultérieure des jeunes : imitation des modèles. Comme si ladite socialisation n'était que remaniement perpétuel de la socialisation originelle.
  • Famille et socialisation adulte

Notion de délégation : les parents prendraient leurs enfants comme exécuteur à distance d'une génération, comme délégué.

Chapitre 4 : La communauté familiale

  • La dynamique fondatrice de la famille
  • Filiation et généalogie
  • L'habitat
Dans le réel, il répond aux différentes missions de la famille : nourrir, abriter, protéger, permettre le repos, les soins du corps, l'activité sexuelle et les échanges affectifs.
  • Quelques effets de groupe

Circulation affective, mémoire collective. Pour résumer l'actuel propos : la famille en tant que groupe élabore dans son champ un certain nombre de phénomènes psychologiques dans les domaines imaginaires représentatif, affectifs, volitifs. Ceux ci se combinant entre eux, signent sa singularité. Pour chacun, ce n'est pas une famille, c'est ma famille. Ils sont le ciment du sentiment d'appartenance du "nous" familial

.Chapitre 5 : L'évolution de la famille

Du fait même de sa longue durée et de son hétérogénéité profonde, la famille si elle résiste comme unité est soumise à 3 plans d'évolution : celui des individus, celui de ses sous-groupes et finalement celui de son champ unitaire.L'évolution des individus

  • L'évolution des adultes
Les adultes, individuellement, évoluent sur le plan profond des désirs, des besoins, des sentiments et des responsabilités.
  • L'évolution des enfants
  • L'évolution des sous-groupes des enfants
Tout changement se répercute sur tous les plans familiaux ce qui fait de la famille le champ d'étude le plus imbriqué qui soit.
  • L'évolution du sous groupe : le couple
  • L'évolution du sous groupe des enfants :
12 ansLes filles sont aux prises avec les problèmes de la puberté. Fréquemment elles opèrent un rapprochement quelque peu complice avec leur mère et échangent leur curiosité avec une meilleure amie. La rudesse des garçons leur est insupportable.Les garçons prennent conscience de leur corps adolescent et le cachent à leur mère et sœur. L'information sexuelle est activement recherchée au dehors et le contact du groupe des pairs est important.13 ans L'agressivité familiale se développe, contre les parents et contre les frères et sœurs. C'est le début de la phase de différenciation active avec des goûts affirmés. Les amitiés sont d'une grande importance et l'adolescent prend appui sur elles pour combattre l'influence familiale.14 ansL'adolescent participe à certains moments très irrégulièrement et imprévisiblement à la mentalité et aux préoccupations adultes pour se retrouver aussi vite sur l'autre versant. Déconcertant, il a pourtant avec ses frères et sœurs plus jeunes une attitude plus positive sur la base de sa supériorité d'adulte. Avec ses parents ou frères aînés, les quolibets ou une autorité sans dialogue sont très mal supportés.15 ans : il existe souvent une phase de repli méditatif
  • L'évolution du sous groupe : la fratrie, frères et sœurs.
Au plan des sentiments positifs la tendresse, le sentiment d'une certaine communauté, la solidarité.
Au plan des sentiments négatifs : la haine, la jalousie, l'inceste.
  • L'autonomisation

Tout se passe comme si la période de 12 à 15 ans était décisive dans la marche de l'adolescent vers l'autonomie, donc à terme vers la famille qu'il va lui-même créer.

Chapitre 6 : Famille et travail

Le travail des parents à l'extérieur du groupe familial a des répercussions très différentes suivant qu'il s'agit du père ou de la mère de famille

  • Le travail du père de famille
Il va de soi dans l'acceptation culturelle contemporaine: le père gagne la vie du petit groupe qu'il a crée. Il trouve dans cet échange en dehors de l'apport matériel, son identité sociale dans la preuve de sa compétence. Son travail fonde son autorité sur ses enfants. C'est à dire les ravages du chômage dans le groupe familial contemporain, avec le renversement de la situation paternelle.
  • Le travail de la mère de famille

La famille attend d'abord de la mère qu'elle assure et qu'elle anime. La mère de famille qui travaille au dehors a encore de nos jours deux métiers.

CONCLUSION : 10 questions, 10 réponses sur la famille. 

  • La famille, quelle famille
Tout déplacement de force change du tout au tout l'équilibre d'un système. La dynamique d'un groupe dépend de la structure de ce groupe, elle même étroitement dépendante de la culture dans laquelle elle est enchâssée. Tout l'occident européen et américain est porteur de la valeur maximale accordée à l'individu.Le couple ne vaut que par le consentement constamment soutenu des partenaires, la finalité de l'éducation est l'émancipation des enfants, la famille nucléaire se doit d'être indépendante.
  • La famille : un groupe ou des groupes ?
Un groupe et des groupes : c'est l'équilibre dans l'hétérogénéité.
  • En famille : tout se dire ?
Ce qui peut être dit, on le sait maintenait est agi directement ou refoulé ou transformé.
  • La famille et les personnes : creuset, soutien, carcan ?
Le carcan vient de l'immobilisation de chacun à la place dite , dans un personnage et dans un rôle.
  • La famille et la société : école ou écran ?
Et si l'école était un écran ? Falcott PARSONS a montré comment la famille n'était pas une miniature de la société, mais un sous système très particulier qui fournit pour le système total une grille de lecture. L'école intervient dans le temps en seconde instance pour élargir et diversifier la grille. Le jeune peut enfin plonger avec tous ses moyens dans la société totale, régie par un système complexe passablement différent.La famille est donc la première école à la mesure du petit homme .Ecole, où il établit lentement généralement sous la protection indispensable, les fondements affectifs et organisationnels avec lesquels il intégrera la société.Pour mieux juger le rôle de la famille, on peut faire appel à un apport capital d' ERIKSON : la notion de "moratoire social". Cette fonction, il l'attribue à l'école: il existe une distance temporelle et évolutive, entre une fonction qui s'installe et le bon usage de cette fonction. L'école en permet l'essai tâtonnant, protégé, la découverte des virtualités physiques , intellectuelles, psychiques en général avant que ne se présentent les exigences brutales et les agressions de la vie sociale installée. Bien sûr l'école est écran, mais écran salutaire : on sait que les enfants peu scolarisés, jetés prématurément par les catastrophes sociales dans la vie d'adulte arrivent à survivre et semblent plus alertes et plus éveillés que les autres du même âge, mais n'arrivent jamais jusqu'au même degré de maturité et d'efficacité.
  • Famille remplaçable ou famille irremplaçable ?
1er facteur : celui du moment
2ème facteur : celui de la stabilité
3ème facteur : les identifications (substitution auprès d'un oncle pour un père disparu), c'est donc une famille recomposée.
  • Une famille recomposée ?
Pour les parents, pour les mères surtout, les avantages d'une nouvelle union sont évidents : évitement de la solitude, réassurance dans une communauté de pensée, de projet et quelque fois de rêve, étayage économique et tout simplement l'amour retrouvé. Les femmes hésitent plus longtemps que les hommes, plus ébranlées par un premier échec, plus craintives dans la perspective de donner des beaux-parents à leurs enfants. L'enfant passe brusquement du manque qui caractérise la famille monoparentale à la pléthore de la nouvelle famille, avec des images identificatoires multiples sans doute mais affaiblies par leur multiplicité même assorties souvent de rejets, de ressentiments, de forclusion.
  • La mort de la famille ?
1 couple sur 3 s'effondre en pays évolué. Montée du mouvement vers le célibat. Transmission de la vie ? insémination, mère porteuse ?


Fiches
Retour fiches