Philippe MEIRIEU
Vers un nouveau contrat parents / enseignants ?
In " Ecole, familles, le malentendu"
Pour l'école Républicaine, l'enfant doit être libéré des entraves du local, patois, racines, etc… car il est suspecté d'enfermer dans des inégalités et de constituer une différenciation. L'école aurait ainsi pour vocation de séparer les enfants des familles et de les réunir les uns aux autres. Ainsi Alain affirme que l'école est faite pour " libérer les enfants de l'amour de leurs parents ". Dans cette stratégie, l'internat incarne la manifestation concrète de l'arrachement de l'enfant à sa famille. Par l'héritage de toutes ces philosophies apparaissent deux raisonnements divergents à l'égard de l'école : ceux qui, nostalgiques, souhaitent revaloriser l'institution et ceux qui souhaitent l'école comme un simple service. Pour les premiers on pourrait leur opposer que la France n'est plus en construction identitaire et qu'elle est plutôt à la recherche d'un modèle d'intégration. De plus on pourrait leur renvoyer les conséquences du système que sont la reproduction sociale, l'appropriation du système par certaines classes sociales. Pour les autres, on pourrait leur reprocher leur interventionnisme systématique. Car ces parents sont parfois à niveau égal avec les professeurs (de plus en plus par rapport à 20, 30 ans en arrière) et font jouer ce fait. Ils sont très libéraux, et n'imaginent pas que cela pourrait jouer contre eux. Ce libéralisme peut autant être de droite que de gauche, suivant si on joue sur l'élite pure ou sur les appels réguliers au social pour défendre son enfant. Devant ce double phénomène, il faut instaurer un nouveau contrat école-famille. Les parents devraient être des " professeurs d'intelligence. La famille devrait influer par sa structuration. Au total le décalage famille école est nécessaire à condition de marquer la spécificité des rôles de chacun : famille filiation, école facteur de distanciation familliale. Quant à la cité scolaire elle doit redevenir un espace de droit, ce qu'elle n'est pas ou plus actuellement. De même, ce système de cotes des établissements, parfois absurde et exempt de sens ou d'explication. Bref la question parents, professeurs ne sera pas réglée tant que seront publiés ce genre d'articles qui alimentent le consumérisme scolaire. A nous de travailler pour construire un nouveau contrat social.