LE CHOIX D'ÉDUQUER
PH.MEIRIEU - PARIS – 1991


 

Le sous titre de l'ouvrage , Ethique et pédagogie, définit l'enjeu de la réflexion et commente le mot-clef du titre "choix" : il s'agit pour l'auteur de s'interroger sur les raisons qui nous font choisir d'éduquer, pour quoi (en vue de quoi) vouloir éduquer? Quelle(s) finalité(s) oriente(nt) un tel choix ?
L'ouvrage compte 32 chapitres et un envoi : Les dix premiers chapitres forment un tout fortement architecturé qui élabore une problématique développée au chapitre 11. Les chapitres 12 à 19 construisent une résolution du problème exposé en II. Ils constituent à la fois le centre géométrique du livre, mais aussi et surtout son centre de gravité : les thèses philosophiques de Meirieu y sont déposées.Les chapitres 20 à 32 examinent les conséquences pratiques des thèses précédentes et les illustrent sur quelques points particuliers. L'envoi conclut en réaffirmant la thèse.

 

l) LA PROBLÉMATIQUE
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Au départ, un constat (chapitres l et 2): on reproche aux éducateurs d'être mus par la volonté de puissance. Meirieu, loin de se défendre de cette accusation, voit dans ce goût du pouvoir, la condition même du métier d'éducateur : s'il ne croyait pas en sa capacité de façonner l'enfant, l'éducateur renoncerait à éduquer (ch. 3 et 4). Le postulat d'éducabilité est donc la condition première de la possibilité d'éduquer, il s'agit bien d'une postulation par définition invérifiable et non d'un fait, elle est tout au plus indirectement confirmée par l'effet Pygmalion (ch 5 et 6).
- Cette nécessaire volonté de puissance initiale présente pourtant un risque réel si elle se transforme en tentation démiurgique (ch.7). Le seul remède est d'ordre éthique et consiste à poser le principe de non réciprocité qui consiste à reconnaître l'inaliénable liberté de l'élève (ch.8). Ce principe ne doit pourtant pas devenir indifférence aux effets du travail fourni (ch.9). Cette position théorique est la seule tenable même si elle est pratiquement très difficile (ch. 10).
- Le chapitre II s'ouvre sur une récapitulation des dix premiers chapitres : "le pari d'éducabilité (3,4) peut devenir manipulation démiurgique (7), la non-réciprocité (8) <peut> se travestir en suffisance hautaine (9); ces deux principes semblent donc aussi nécessaires l'un et l'autre que dangereux l'un sans l'autre" (page 59). Le problème de l'éducation est donc dans la tension entre deux projets contradictoires : instrumenter pour homogénéiser et émanciper pour différencier.

 

 2) LA RÉPONSE DE MEIRIEU
- Le chapitre 12 illustre la problématique sur le cas de la sanction et le chapitre 13 la reformule.
- Le chapitre 14 est un des sommets du texte : il pose les valeurs humanistes sur lesquelles Meirieu élabore sa résolution. Meirieu renvoie dos à dos deux conceptions opposées qui présentent des erreurs symétriques. L'universalisme dogmatique, en posant un universel a priori, se fait tyrannie. Le relativisme pragmatique, en niant tout universel, livre à la loi du plus fort. L'universel est à construire dans une éthique de la communication, et Meirieu rejoint les thèses d'Habermas.
- Les chapitres 15 à 18 précisent cette option que le chapitre 19 énonce en terme de contrat doublement dissymétrique : le maître expert doit se faire ex-pair et non ex-père. Comme ex-pair, il reconnaît sa similitude (d'être humain) et sa différence (de savoir) par rapport à l'élève.

 

3) QUELQUES CONSÉQUENCES PRATIQUES
La réponse de Meirieu prétend ne pas se réduire à un discours, mais déboucher sur des pratiques éducatives renouvelées. Les situations envisagées concernent surtout la pratique de classe. La question de la formation morale et politique est abordée aux chapitres 25 et 26.  




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