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de page LES RECOMPOSITIONS
FAMILIALES AUJOURD’HUI
Marie Thérèse MEULDERS-KLEIN
Irène THERY
INTERROGATION GENERALE :
LE TEMPS DES RECOMPOSITIONS FAMILIALES
Un homme, une femme, conjoints ou compagnons, ayant un ou plusieurs enfants, vivant sous le même toit, ne forment pas pour autant une famille nucléaire au sens classique du terme, car l’un des adultes peut ne pas être le parent biologique d 'un ou plusieurs enfants de l’autre.
L’anglais possède un seul terme usuel, là où nous n’en avons pas ! le mot "stepfamily " y désigne dans le langage commun, cette forme d’organisation familiale que le français ordinaire ne savait comment nommer. Et ce qui n’est pas nommé n’a pas vraiment d’existence reconnue. C’est sans doute pourquoi, jusqu’à très récemment, ces formes nouvelles de familles sont restées dans notre pays comme invisibles.
Les 3 démarches d’analyse des stepfamilies dans les recherches anglo-saxonnes.
Le remariage, la famille reconstituée (reconstituted family),
la famille recomposée (blended family):
L’analyse comparée du mariage et du remariage : 50-60 ans
La famille reconstituée (reconstituted family) : 70 ans
1-La diversité et la complexité structurelle du réseau de
parenté
A la différence de la famille nucléaire qui est une entité simple composée
d’un couple de parents et de leurs enfants, les familles reconstituées
sont fort diverses. Les enfants de la première union peuvent être ceux de la
mère, du père ou de chacun d’entre eux.
2-L’anomie :
L’absence de normes et de règles régissant les relations spécifiques à
la famille reconstituée après divorce.
3-De l’assemblage à la constitution de l’entité
familiale
Difficulté des processus de constitution d’une entité. La famille recomposée,
une constellation familiale : ans 80. Désormais, ce n’est plus à partir
du nouveau couple que l’on définit la famille, mais à partir des enfants
eux-mêmes puisque c’est l'espace de leur circulation qui définit la famille
recomposée.
CHAPITRE I : de la famille en miettes à la famille recomposée
"Les familles recomposées" ne sont elles que de fragiles tentatives pour recoller les débris d’une institution en pleine décomposition ou incarnent elles les nouvelles tendances de l’organisation familiale ?
L’idée du changement nous plaît mais sa réalité nous inquiète et tout spécialement quand il touche les pratiques familiales, c’est à dire les habitudes, les valeurs acquises dès l’enfance, qui ont structuré notre personnalité et auxquelles nous sommes le moins disposé à renoncer. L’inquiétude qui s’exprime à l’endroit des nouveaux styles de vie familiale tels que ceux que l’on désigne par le terme de familles recomposées insiste en général sur les troubles du comportement qu’ils provoquent chez l’enfant : difficultés affectives, instabilité psychologique, échecs scolaires, etc. que nous attribuons aux liens parentaux perturbés par le divorce ou la séparation et au brouillage que ces perturbations infligent à l’image du père et ou de la mère.
Jusqu’à la révolution, le divorce car le mot et la chose existaient, n’est en France qu’une procédure de séparation (de bien ou de corps) tout à fait exceptionnelle.
Avant, la mort brisait prématurément un grand nombre de couples et donnait au survivant le droit de se remarier. Non seulement le droit mais plus ou moins l’obligation. Depuis le bas Moyen Age, l’église encourageait fortement les remariages de veufs mêmes âgés pour des raisons sociales (quelqu’un pour vous soutenir) et morales (éviter de tomber dans l’infamie d’un commerce charnel illégitime).
CHAPITRE II : l’anthropologie sociale et la famille recomposée. de Suzanne LALLEMAND
1- Des recompositions obligatoires
2- Parâtres et marâtres dans les sociétés agricoles africaines
1ère partie : DEMOGRAPHIE
CHAPITRE III : Recomposer les familles dans les sources statistiques. d'Henri LERIDON
Le problème de la recomposition familiale n’est pas nouveau. Si le divorce était rare dans les sociétés traditionnelles, le veuvage ni le remariage ne l’étaient pas. Bien que la mortalité ait fortement reculé, le veuvage reste une cause de recomposition familiale. Mais dans ce cas, du point de vue de l’enfant, il ne peut y avoir de véritable "concurrence" entre le vrai et le beau parent puisque le premier a disparu. D’une certaine manière on peut considérer le second mariage comme destiné à rétablir un ordre ou une continuité accidentellement mise en cause par le décès d’un conjoint au moins si l’enfant était peu âgé au moment de ce décès
Il en va tout autrement dans le cas d’une recomposition après divorce ou séparation. Il n’est plus possible alors d’ignorer le parent absent, auquel la loi reconnaît d’ailleurs des droits quel que soit l’âge de l’enfant.
En résumé on peut dire que la famille recomposée est particulièrement difficile à observer à travers les recensements, ne serait ce que parce qu’elle ressemble beaucoup à première vue, à une famille ordinaire.
CHAPITRE IV : De la famille d'origine à la famille recomposée. Catherine VILLENEUVE - GOKALP
En 1990, en France, 2 millions d’enfants mineurs ne vivaient
plus avec leurs deux parents.
85 % des jugements de divorce donnent la garde à la mère, 9% au père, 5% aux
deux, et 1% à un tiers.
Le divorce est la forme de rupture la plus fréquente. Cependant, la nouvelle famille se révèle souvent plus durable que ne l’a été la première : 6 enfants sur 10 en familles recomposées avaient déjà vécu au moins aussi longtemps avec leur beau-père qu’avec leur père (ou mère).
Pour résumer, presque tous les enfants séparés d’un parent ont été élevés à un moment ou l’autre dans une famille monoparentale et 4 enfants sur 10 dans une famille recomposée. Naturellement, plus les enfants sont jeunes lors de la séparation, plus leur histoire familiale est complexe. Les enfants qui ont vécu dans une famille monoparentale et dans une famille recomposée n’avaient que 4 ou 5 ans en moyenne lorsque leur famille d'origine s’est dissoute, tandis que les enfants qui ont toujours vécu avec un parent seul et n’ont pas connu de recomposition avaient déjà 9 ans. Les enfants qui ont vécu immédiatement avec un beau parent et vivaient encore avec lui à 16 ans avaient également 9 ans lors de la rupture.
2 facteurs permettent d’expliquer ce développement : la multiplication des divorces et une plus grande rapidité des parents à revivre en couple après une première rupture. Après la séparation, la famille monoparentale reste une étape quasi obligatoire avant la remise en couple.
1 million et demi d’enfants résident avec leur mère et
sont séparés de leur père, celui ci étant toujours en vie (tableau p75 et 77)
Plus le milieu socio-économique du père est élevé, plus il peut maintenir des
contacts réguliers avec ses enfants. La formation d’une nouvelle famille
peut être à l’origine d’un éloignement géographique du père, comme
elle peut le rendre moins disponible pour les enfants de son premier mariage.
CHAPITRE V : Les familles recomposées en 1990. de Guy DESPLANQUES
Si le parent qui élève l’enfant se remet en couple on retrouve la triade enfant/parent/beau parent. Mais avec 2 différences importantes par rapport à la situation des siècles passés D’une part, l’autre parent biologique est en général vivant, d’autre part, la situation la plus fréquente est aujourd’hui la triade enfant/mère/beau-père. En cas de séparation ou de divorce c’est en général à la mère qu’est attribuée l’autorité parentale et c’est elle qui élève les enfants. En cas de décès, c’est souvent le père qui disparaît puisque la mortalité des hommes est plus du double de celle des femmes entre 20 et 50 ans, aux âges où l’on élève les enfants.
Nous désignerons sous le nom de familles recomposées les familles où un couple élève au moins un enfant qui n’est l’enfant que d’un des deux conjoints.
Assez logiquement, qu’ils soient en famille monoparentale ou recomposée, les enfants qui vivent avec un seul de leurs parents biologiques sont plus âgés en moyenne que les enfants qui vivent avec leurs deux parents.
Environ la moitié des familles recomposées élèvent en même temps des enfants de plusieurs unions. Les recompositions font cohabiter des demi-frères et des demi-sœurs.
- Les enfants dont la mère s’est remise en couple quittent
le domicile du nouveau couple plus rapidement.
- Il n’y a pas d’âge pour voir son père ou sa mère se remettre en
couple.
Les situations familiales sont très marquées par le milieu social. Dans l’ensemble, les mères qui élèvent seules leurs enfants ont plus tendance à se remettre en couple si elles ont un faible niveau d’instruction. On retrouve un résultat connu en matière de nuptialité : les femmes les plus diplômées se marient moins et vivent plus volontiers seules. Attitude qui traduit une logique économique ; les femmes diplômées peuvent élever des enfants sans le secours d’un conjoint. Et pourtant, elles divorcent davantage!
Les femmes très diplômées ont eu moins d’enfants que les
femmes diplômées.
Des familles recomposées de plus en plus nombreuses : définition p 94.
CHAPITRE VI : Les pensions alimentaires à l'épreuve de la recomposition familiale. de Patrick FESTY et Marie- France VALETAS
Conclusion : la capacité contributive de l’ex mari est apparue comme déterminant essentiel .
CHAPITRE VII : Sur la scène de l'anormalité familiale. de Nadine LEFAUCHEUR
Sur le devant de la scène : les familles monoparentales et la pauvreté. (p124)
Cette double perception du risque de se trouver "chef de famille sans conjoint " est l’une des facettes de la condition féminine et du risque de pauvreté ou d’appauvrissement comme d’un risque partagé par l’ensemble des parents isolés, se trouve au principe de l’introduction en France, de la catégorie famille monoparentale. L'expression a en effet été importée des pays anglo-saxons dans la seconde moitié des années 70 par des sociologues féministes à qui son utilisation permettait à la fois d'affirmer "que les femmes se révèlent extrêmement capables d'élever seules leurs enfants" de porter les foyers dont le chef est une femme au rang de vraies familles (plus modernes mêmes que les familles conjugales traditionnelles car relevant de nouveaux styles de vie), et de dénoncer "les discriminations sociales et économiques qui rendent leur vie matérielle difficile"...Dans les coulisses : les familles dissociées et la délinquance
Acte 1 : la marâtre et le pavé
Cette affirmation de "l'infériorité" de la situation des beaux enfants que l'on retrouvera couramment dans les écarts des spécialistes de la délinquance juvénile et de la psychiatrie infantile jusqu'au milieu du 20ème siècle reposait sur le postulat selon lequel on ne peut éprouver pour les enfants de son conjoint les mêmes bons sentiments que pour ses propres enfants.
Si le remariage ou le concubinage aggravent la situation de l'enfant vivant avec un seul de ses parents, c'est, pensait RAUX en 1890, que l'indifférence ou l'hostilité du beau-parent le pousse au vagabondage, le mettant en situation de voler pour survivre et le livrant à la rue et à ses mauvais exemples " : méprisé et maltraité, l'enfant s'éloigne du foyer où il fait l'objet de querelles de ménage, passe des journées entières sans rentrer à la maison et abandonne définitivement le toit paternel. Loin de tenter la moindre démarche pour l'y ramener, la marâtre s'estime heureuse d'avoir réussi à éloigner l'enfant qui n'est pas le sien et qui coûtait à nourrir. Ainsi jeté sur le pavé de la grande ville, le malheureux établit des liaisons funestes qui le conduisent rapidement devant les tribunaux".
Acte 2 : La tare et les complexes.
Souvent," à l'occasion du remariage du père, l'enfant se dresse à la fois contre le père dont il renie l'autorité et contre la belle-mère qu'il hait jusqu'à la menace, aux injures, aux violences". Le remariage ou le concubinage du parent seul sont ainsi l'une des sources les plus fréquentes de la réaction différenciation et par suite des troubles graves du caractère qui se manifestent chez l'enfant ou chez l'adolescent. Dans sa mauvaise conduite, sa paresse, il faut voir ainsi une vengeance à l'égard de la famille reconstituée et détestée.
Acte 3 : incertitudes et retournement.
Dans son ouvrage Parents séparés, enfants perturbés de Paul LEMOAL, il affirme que la dissociation familiale est souvent désastreuse pour l'enfant et qu'en cas de remariage, la situation est pavée d'embûches de quelque côté que l'on se tourne. Il juge cependant comme POROT que l'âge de l'enfant au moment du remariage a une grande importance car les beaux-pères sont très habituellement rejetés par les ados et que les réussites des remariages qui restent assez exceptionnelles se produisent surtout lorsque l'enfant est jeune avant qu'il ait eu le temps de se fixer trop intensément sur sa mère, le beau-père étant ainsi mieux accepté.
Serait ce donc parce que les familles recomposées font à leur tour leur entrée en scène que Serge LEBOVICI déclare aujourd'hui que si les conséquences de la vie avec un seul parent sont à l'œuvre devant de nombreuses formes de la pathologie sociale et mentale dans notre société les enfants, mêmes très jeunes ont à souffrir davantage de la recomposition familiale que la monoparentalité. (1993)
CHAPITRE VIII : Transitions familiales, logique de recomposition et modes de regulation conjugale. de Didier LEGALL et Claude MARTIN
Le nucléaire représente pourtant encore aujourd'hui une très large majorité de situation.
1° : la désunion inaugure des trajectoires extrêmement
diversifiées du fait qu'elle affecte toutes les catégories sociales.
2°: La désunion n'engendre pas nécessairement une rupture totale et définitive
des rapports parentaux et de la solidarité conjugale.
3° : Les parents gardiens demeurent le plus souvent et durablement seuls,
sans aucune relation conjugale, le fait de rencontrer un nouveau partenaire
est également lié au temps écoulé depuis la désunion. Le maintien d'une relation
avec son conjoint ne constitue pas une entrave au fait de s'engager dans une
nouvelle relation.
En somme, un certain nombre de variables élémentaires, tels que le sexe, l'âge ou le milieu d'appartenance interviennent et expliquent la disparité des trajectoires de recompositions. L' important ne réside pas nécessairement dans ces facteurs mêmes, mais dans le rôle qu'ils jouent en termes de "logique de recomposition".
Trois principaux facteurs étroitement liés entre eux émergent : le milieu social, la représentation sociale de la famille et le type d'agencement des rapports post-divorce. Communication et dialogue sont privilégiés.
En somme , si le milieu social, la représentation de la famille et le type d'agencement des rapports post divorce dessinent, selon la manière dont ils se combinent, des logiques de recompositions rendant intelligibles les différentes configurations familiales résultant du divorce, il n'en reste pas moins que la dynamique même de ce processus infléchit parfois ces tendances profondes, ainsi que d'autres variables, plus délicates à saisir parce que liées à la particularité de la nouvelle donne familiale tels : la durée de la séquence monoparentale, l'âge des conjoints, mais aussi des enfants au moment de la seconde mise en couple etc. ...
Souvent chez le parent gardien, c'est plus grand et il est souvent propriétaire.
Pour les uns, "il n'est pas question " de chercher à produire des frontières internes au logement, notamment en fonction des lignées. L'attitude est alors identique à celle d'un foyer bi parental simple s'installant dans un nouveau logement. Seules quelques précautions sont prises au sujet du sexe des enfants, tout particulièrement s'il s'agit d'adolescents. Pour les autres, la délimitation d'espaces intimes ou réservées est très présente. Elle est même parfois perçue comme nécessaire pour que règne un climat de bonne entente. Quand tout se passe au mieux, les frontières s'estompent, les barrières tombent. Elles peuvent néanmoins s'ériger à nouveau et pour un temps relativement long à l'occasion d'un conflit ponctuel sachant qu'à la différence des familles parentales simples, la tension oppose presque systématiquement les lignées.
Conclusion : Avec ces secondes unions, émerge néanmoins une figure familiale nouvelle : le beau parent. Le rôle social supplémentaire conduit alors à ré interroger la parentalité, à questionner le "familial". Bien qu'elle se distingue de la parenté, n'a t - elle pas vocation à intégrer les liens familiaux ?
CHAPITRE IX : La parenté aux frontières de l'amitié : le statut et le rôle du beau- parent dans les familles recomposées. d'Irène THERY et de Marie Joseph DHAVERNAS
S'il est admis par les sociologues comme par les ethnologues, que la parenté n'est pas un "donné naturel", mais une construction sociale, nous sommes beaucoup moins clairs sur l'amitié. N'est ce pas le sentiment humain universel qui traverse les cultures et le temps pour nous rendre sensibles encore aujourd'hui à l'amitié d'Achille et Patrocle, de Montaigne et la Boétie ? " Parce que c'était lui que c'était moi": le mystère de l'amitié demeure comme immuable. Pourtant l'amitié n'est pas seulement un sentiment, mais un type de relation entre les individus qui dans la culture qui est la nôtre n'a été construit et perçu progressivement dans ce qui la différencie de la parenté. Pour comprendre cela, rien n'est plus éclairant, sans doute que de la rapporter à l'évolution de la norme juridique: c'est en effet le droit qui dans nos sociétés organise la parenté comme construction sociale, donne les bornes et les repères, dits les interdits, les devoirs, les obligations, les droits des individus les uns par rapport aux autres, bref, "institue la vie" selon l'expression que Pierre LEGENDRE reprend au droit romain.
On sait que pour Aristote ( dans "Ethique à Nicomaque), la société relève de deux relations fondamentalement diverses: la justice et l'amitié, la philia. Reprenant aujourd'hui cette distinction fondamentale, Paul RICOEUR dit que dans la relation de justice, autrui est un chacun et non pas un prochain et la relation de soi au prochain échappe au droit : elle relève de la morale et des sentiments. Cependant, pour ARISTOTE, la philia n'est pas seulement l'amitié au sens où nous l'entendons aujourd'hui elle désigne quelque chose de beaucoup plus large qui englobe l'amour parental, l'amour filial, les liens familiaux. Aussi, pour ARISTOTE la famille relève de la philia et non du droit. Cette relative indistinction entre parenté et amitié, caractéristique des sociétés communautaires, se retrouve sous d'autres formes au moyen âge comme le rappellent Jacqueline et Alain POUSSON (1990)à la période francq, on parle de parents et de proches, mais aussi bien d'amis. Au 13ème siècle on désigne la parenté par le terme d'amis charnels et jusqu'à la fin du 15ème siècle, l'expression amis charnels occupe l'avant plan : les mots de proches, cognats, affins, régressent tandis que parents conserve un sens extensif. Les amis charnels se distinguent des amis par réduction progressive: les liens du sang et de l'alliance impliquent des obligations.
Les amis d'élections vont ainsi se distinguer progressivement des relations de filiations et d'alliance.
·2 lois fondamentales : le recherche et l'amour du souverain Bien et la sociabilité "qui oblige les Hommes à s'unir et s'aimer entre eux" = tous les liens des Hommes entre eux.
·2 sortes d'engagement : Pour Domat : ceux qui sont fondés sur le mariage, tous les autres engagements volontaires ou involontaires.
L'amitié n'est pas un engagement : l'amitié en effet quelque soit son importance sociale est d'une nature différente des engagements. Les amitiés "ne sont pas des engagements" mais des suites qui naissent des engagements (parenté, alliance, charges, commerce, affaires, autres) Ce qui différencie l'amitié, c'est la réciprocité. L'amitié n'est pas une matière des lois civiles.
Le rôle attendu du nouveau conjoint était celui de parent de substitution. "Ce qu'une marâtre aime le moins, ce sont les enfants de son mari. Plus elle est folle de son mari, plus elle est marâtre". La bruyere
La baisse de la mortalité et la montée du divorce vont bouleverser peu à peu cette perception. Le nouveau conjoint ou compagnon d'un parent divorcé n'occupe pas une place vacante, il s'insère dans une entité familiale dissociée dans laquelle le père et la mère continuent d'exister.
Sociologiquement cette période est aussi celle où est élaborée en réaction contre le tout biologique, la notion de parentalité psychologique ou de parenté sociale.
"On n'est pas beau parent, on le devient."
Débuts difficiles , il faut devenir une nouvelle entité (une nouvelle famille). On ne devient véritablement beau parent que si on est finalement choisi (aimé) comme tel par l'enfant. Cela relève d'une élection amicale.
Ainsi, la relation beau parent / bel enfant est elle au quotidien et non pas seulement par ses modes de constitutions ou d'éventuelle dissolution faite de la rencontre complexe des valeurs de la parentalité (être un adulte responsable, éduquer, soigner, dire la loi) et de celles de l'amitié (être un tiers, un confident, un complice). L'absence de statut clair est à la fois un atout et un handicap.
Ainsi, LEVI STRAUSS considère comme la seule véritable nouveauté: l'interchangeabilité des tâches entre les hommes et les femmes. (1992)
Notre société classe traditionnellement la maternité du côté du biologique et la paternité du côté social / symbolique. Seulement au 20ème siècle : adoption, avancée de la bio médecine, insémination, fécondation in vitro, mère de substitution ...
Aujourd'hui il y a trois aspects de la femme :
La mère en tant que donneuse d'ovocytes
La mère en tant que porteuse de fœtus
La mère sociale / affective / symbolique
La situation du beau père et de la belle mère sont dissymétrique du fait des différences entre les rôles de sexe en général. Le sexe du bel enfant facilite ou non la relation.
Conclusion : Au delà des frontières entre l'engagement et l'amitié, la parenté élective.
S'assumer comme "non parent" condition d'un respect assumé de l'unicité de la relation parents - enfants crée par la filiation est paradoxalement ce qui permet de s'intégrer à son tour comme un élément particulier du système de parenté en accédant à un statut inédit.
3ème partie : PSYCHOLOGIE
CHAPITRE X : PROCESSUS PSYCHOLOGIQUE ET PARENTES PLURIELLES. de Françoise HURSTEL et Christian CARE
- Mettre en mot l'indicible, - Former une vrai famille, le thème de l'unité familiale.
Une préoccupation constante chez les adultes est de former une vraie famille, une famille qui ne soit pas un puzzle, une famille cimentée et non une famille anormale.
·La place généalogique des enfants et l'appel à la différenciation. Ce travail psychologique lors des recompositions est tout autant individuel que familial.
- Du père aux paires / pairs
- S'aimer comme des frères
- Vivre comme frères et soeurs
Le fait de ne pas assimiler cette complexité des structures de la famille recomposée à handicap permet en effet, une conception nouvelle de l'organisation différenciée des liens familiaux contemporains. En cela, elle ouvre à des recherches inédites dans le domaine psychologique. Car la prise en compte de ces réseaux complexes n'exige t elle pas que soient reconsidérées les modalités du complexe d'Œdipe et de l'interdit de l'inceste dans les familles où les parents sont pluriels?
CHAPITRE XI : QU'EST CE QUE L'INCESTE POUR LA PSYCHANALYSE ? de Danièle LEVY
Pour la psychanalyse, la question de l'inceste se présente d'une façon paradoxale, puisqu'on y affirme en même temps :
Que le désir est foncièrement incestueux !, Que sa réalisation est fondamentalement traumatique !
La solution de ce paradoxe se trouve dans une distinction de niveaux, le désir en tant qu'inconscient et la réalisation du désir ne sont pas du même ordre.
Ainsi, la mère est le premier objet d'amour. L'homme et le père se dérobent l'un derrière l'autre, la mère, la femme et la fille se confondent : les repères de l'identité et de la sexualité sont perdus.
4ème partie : Le DROIT
Il n'existe aucun lien de droit dans les aspects personnels entre beau parent
et beaux enfants. Par contre le beau parent est tenu de fournir des aliments
...
Existe cependant la protection des enfants contre le second conjoint. Mais aucune
législation ne gère véritablement ce phénomène social nouveau.
CHAPITRE XVI : LES RECOMPOSITIONS FAMILIALES ET LE DROIT AU TEMPS DU DEMARIAGE. de Marie Thérèse MEULDERS KLEIN
Au commencement était la norme : mariage et règle d'alliance : la parenté. Question de droit et investitures sociales
Contexte éminemment complexe ou se pose la question de l'aménagement ou du réaménagement des statuts et des rôles.
Au cœur du démariage et du désamour des parents se trouve l'enfant. On n'a jamais autant parlé de lui, de son intérêt, de ses droits. Mais ce sont toujours des adultes qui en parlent à sa place et la conception qu'ils en ont fluctue entre tous les extrêmes et toutes les utopies, dont la dernière en date serait celle d'un divorce sans cris et sans rupture, dans une simple logique de continuité. Il resterait alors à l'enfant de vivre le mieux possible " la chaîne complexe des transitions familiales" et de construire sa propre identité en donnant un sens à l'histoire comme s'il pouvait y avoir plus d'un amour sans souffrance et surtout sans souffrance pour l'enfant.
La question qui se pose dés lors est comment atténuer cette souffrance et la fêlure que porte en lui la parole brisée de ceux qui à ses yeux ne pouvaient être qu'un ? Il n'existe pas de formule magique pour répondre à cette question A fortiori pas de formule imposée, ni même discrétionnaire.
Qui est le père ? Qui est la mère d'un enfant ? Celui qui l'a engendré ou celui qui l'aime pour lui même ? La question lancinante se pose et se repose qu'il s'agisse de nouvelles procréations, d'adoption voire de recomposition familiale. Faut il choisir ? Faut il additionner ou soustraire les morceaux d'une parenté éparse ? Comment redonner à l'enfant la sécurité, la confiance dont il a besoin pour croire en la vie et la parole d'autrui ?
Par delà cette question s'en posent d'autres plus profondes qui ébauchent l'ensemble du droit de la famille, celles de savoir s'il est vrai que la famille désinstituée n'est plus suspendue désormais au fil fragile des sentiments. Si comme le dit François de SINGLY "la famille est plus fragile, plus mobile, par effets pervers de l'amour". Et si le couple qui la fonde porte dorénavant en lui le germe inéluctable de son incertitude dans une succession sans fin de conjugalité potentielles.
Enfin, s'il en est ainsi, qu'advient il alors de cette phrase incommensurable reprise à George DUBY par Irène THERY : " C'est par l'institution matrimoniale, par les règles qui président aux alliances par la manière dont sont appliquées ces règles, que les sociétés humaines, celles même qui se veulent les plus libres ou qui se donnent l'illusion de l'être gouvernent leur avenir, tendent à se perpétuer dans le maintien de leurs structures, en fonction d'un système symbolique de l'image qu'elles se font de leur propre perfection".
La question devient alors : Comment fonder le social et la parenté sur la seule fragilité des amours humaines ?
