A Marseille, la délinquance des mineurs progresse mais n'explose pas
par Pierre ROCHICCIOLI MARSEILLE, 6 oct (AFP)


La déliquance des mineurs progresse certes à Marseille, mais ne connaît pas l'explosion de certains banlieues parisiennes,
comme l'a illustré une réunion des acteurs du contrat local de sécurité dans la cité phocéenne. Un millier de personnes des services de police, de justice, de l'éducation nationale et de la ville ont participé jeudi à une rencontre destinée à renforcer les partenariats locaux, en présence de la directrice nationale de la protection judiciaire de la jeunesse, Mme Sylvie Perdriolle, et de plusieurs experts nationaux. "Ils ont entre 15 et 18 ans et sont responsables à eux seuls de 25% des actes de délinquance constatés à Marseille en 1999 (contre 18% en 1995)", rapporte le commissaire Béatrice Fontaine, "ils sont particulièrement présents dans les vols avec violence (50%), les vols par effraction (50%) et les vols de deux roues (60%). On compte parmi eux de jeunes errants exilés et livrés à eux-mêmes". "Ce sont à 90% des garçons. Ils résident principalement dans les quartiers nord ou le centre-ville. Beaucoup ont vécu une rupture liée à l'exil ou une séparation parentale", indique le juge pour enfants, Patrick Veron. Pour lui, "la délinquance des mineurs est rarement liée à l'appât du gain mais a pour moteur la transgression, la provocation". "Environ 1.200 mineurs sont mis en examen chaque année à Marseille, mais 80% ne reviendront plus devant la justice", dit un autre juge pour enfants, Jean-Pierre Deschamps. "Une centaine de mandats de dépôt sont délivrés chaque année", complète son collègue, Benoit Delaunay. "on arrive a gérer" - Pour le commissaire Jean Dalcoletto, Marseille cumule les difficultés: taux de chômage élevé, présence forte de jeunes de moins de 25 ans (jusqu'à 60% dans certaines cités), forte pression migratoire avec des difficultés culturelles. Pourtant, constate le policier, il n'y a jamais eu d'explosion car la ville a pour elle une tradition d'accueil, un fort sentiment d'appartenance, un milieu associatif très actif et la capacité des habitants à parler. Aussi la peinture de mineurs au bord de "l'affrontement social", brossée par la sociologue Nicole Le Guennec à partir de constats réalisés en banlieues parisiennes, a-t-elle provoqué de vives réactions dans l'assistance. Ancien proviseur de Seine-Saint-Denis chargé de coordonner la prévention des violences scolaires dans les Bouches-du-Rhône, Jean Ayrault confirme le décalage: "A Marseille, on trouve toujours de l'humanité dans les relations avec les jeunes et, si la situation est préoccupante, on arrive encore à gérer les problèmes". Concernant des réponses pénales à la délinquance des mineurs, la directrice nationale de la PJJ s'est félicitée du développement, pour les petits délits, des mesures de réparation qui sont passées en France de 3.000 à 10.000 en trois ans. Pour les cas les plus graves, Mme Perdriolle a recommandé l'éloignement des jeunes délinquants de leur quartier. "Pour cela, 28 centres d'éducation renforcée ont été ouverts (dont 4 sur l'arc méditerranéen), 19 sont arrêtés et 13 sont à l'étude", a-t-elle indiqué.

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