Sciences-PO à l'heure de la discrimination justifiée
Modeste dans ses conséquences mais symboliquement explosive, la décision
de l'insitut d'études politiques de Paris (IEP) d'admettre sans concours
des lycéens triés sur le volet dans sept lycées situés
en ZEP suscite de vives réactions. Celles ci en disent long non seulement
sur le fossé social voir ethnique qui se creuse au sein du système
scolaire, mais aussi sur la difficulté française à imaginer
des mécanismes concrets de lutte contre les inégalités
qui respectent les principes républicains. Ou plutôt, à
reconnaitre et améliorer ceux qui, discrètement, fonctionnent
déja.
Pour les avocats de l'ouverture de sciences-po, les conventions signées
avec les 7 lycées, permettant l'entrée sur dossier, après
un entretien, d'élèves repérés par leur professeurs,
doivent remédierà l'aggravation de la sélection sociale
constatée ces dernières années à L'IEP de Paris,
dont 8 élèves sur 10 sont issus des classes supérieures.
Enthousiaste, Jack Lang a donné "plus que sa bénédiction"
à ce projet ( Le Monde du 27 mars) qui doit ouvrir à sciences
po les voies de la "diversité dans l'excellence", selon son
directeur, Richard Descoings.
Les contempteurs de la formule, eux, hurlent à la remise en cause du
principe du concours, nec plus ultra de l'égalité, analysant l'initiative
de M. Descoings comme une forme de néocolonialisme dirigé vers
les banlieues, voire une insupportable importation de "l'affirmative action"
américaine (discrimination positive en français). Ils mettent
en garde contre la création d'une sous filière de recrutement
qui ne ferait que perpétuer les inégalités et la stigmatisation.
La nouvelle donne à sciences po ne mérite ni cet excès
d'honneur ni l'apreté de ces charges [...]
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Philippe Bernard . Le Monde