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Cet article présente de manière succinte une étude
menée sur l'expérience lycéenne [...]. Il s'agit
d'une intervention auprès de 8 groupes dans des lycées
hiérarchisés (de grand lycée à Lep de banlieue).
En plus : 100 entretiens d'élèves et 40 d'enseignants.
Population nullement représentative mais pouvant être considérée
comme rendant une image assez vraisemblable.
L'élève a souvent été réduit
à sa carrière et aux facteurs qui la fixaient. Sans rejetter
les travaux antérieurs, on peut dire que cela entranait une sorte
de conformité. Dans la mesure ou le système scolaire se
diversifie et se massifie, [...], dans la mesure ou les stratégies
et les projets sont multiples, il importe d'étudier l'expérience
scolaire des élèves eux mêmes. But : savoir quel
acteur se fabrique dans l'école et comment.
1 - Qu'est-ce que l'expérience lycéenne
?
De manière dominante, les conduites des élèves,
leur choix [...] sont concus comme l'expression d'une socialisation
attachée à une position sociale. L'élève
est porteur d'un "habitus" de classe plus ou moins
proche des attentes culturelles et des modèles de rôles
latents proposés par l'institution scolaire. L'espace de l'expérience
scolaire est défini comme la rencontre d'une culture socile,
d'une culture de classe et d'une culture scolaire. Le problème
de la massification [...] se ramène principalement à la
confrontation de nouvelles attentes et dispositions avec le modèle
culturel scolaire proche de celui des classes dominantes. Dès
lors il apparait que l'on ne peut considérer l'élève
comme un acteur social, du fait de la détermination par le jeu
des positions sociales. Contre cette théorie, vient s'opposer
celle de l'élève agent économique face à
la rareté des biens, l'élève est un stratège
qui optimise ses investissements et ses coûts. Ici alors, la fonction
de l'école [...] est raménée à un principe
d'intéret le plus souvent passé sous silence.
Ces 2 théories peuvent être associées à 2
ages différents de l'école : la première considère
l'école comme organisée autour d'un modèle culturel
central et dominant; la seconde conçoit l'école comme
1 série de filières, carrefours. Mais ces 2 théories
ne sont pas les seules : modèle de la nouvelle sociologie anglaise
(interractionnisme symbolique et ethnométhodologie : Forquin).
Cette théorie s'appuie sur l'analyse des interactions dans la
classe, notamment maitre-élève.
L'idée d'expérience scolaire suppose que
l'on ne considère pas seulement l'élève comme un
individu mais comme un acteur construisant ses choix et ses stratégies.
Plusieurs dimensions : celle du projet (rapport d'utilité, défaut
percu comme quasi pathologique), celle de l'organisation ( la rencontre
avec le projet se noue autour de la sélection et de la performance),
et enfin celle de la culture ( intéret culture, affectif avec
le 'maitre' ou purement intéréssé).
Dès que l'on délaisse le 'petit monde des
héritiers', l'expérience scolaire apparait alors plus
diversifiée, plus chaotique et plus diverse. Plus l'on séloigne
du coeur du système scolaire [...] plus il devient nécessaire
d'étudier l'expérience scolaire car l'école y apparait
alors comme un système nettement moins unifié.L'acteur
se trouve obligé de construire son expérience, ne pouvant
plus se laisser porter par les lois du système ou ses seul intérets
stratégiques.
2 - les publics des lycées
- Bons élèves des bon lycées : Le style héritier
semble résiduel même s'il reste au centre des représentations.
la plupart de ces élèves entretiennent un rapport
plus instrumental et plus tendu envers leurs études. inscrits
dans une sorte de destin scolaire et d'obligation familliale de
réussite, les études se présentent comme un
jeu ou les risques de pertes sont plus élevés que
les gains. Le projet scolaire est étroitement lié
à la carrière scolaire elle même. Il se cree
une tension constante entre les gouts affirmes et les filières.
On passe en C pour être un futur bon littéraire. Cela
entraine un rapport très utilitariste aux études.
Ainsi les lycéens se présentent comme des entrepreneurs
efficaces de leurs études. Ils refusent de s'engager au dela
du necessaire. d'apres eux, leur formation personnelle, l'éducation,
passe par un prof hors du commun et par la vie juvénile possible
au lycée. Les clans existants dans toute classe, forment
les vies personnelles et intellectuelles. Cela est net car les lycées
ont de grandes difficultés d'intégration de leurs
élèves. Le lycée est percu comme un espace
bureaucratique de liberté ou finalement on a beaucoup d'espace
pour s'épanouir, on est loin du lycée caserne. Le
probléme est qu'il est tropo percu comme peu contraignant,
on y fait le strict necessaire, le reste étant consacré
à la vie juvénile.
- Les nouveaux lycéens : élèves des sections
défavorisées, dont les parents ont fait peu ou pas
d'études, bref le plus gros. Le paradoxe est que ces élèves
sont sur une voie ascendate de mobilité sociale, surtout
pour les jeunes issus de l'immigration, mais qu'ils sont souvent
en chute scolaire. Agés, de scolarité chaotique, ils
se sentent dévalorisés et piégés par
le 'système'. Leurs enseignements, bien que concrets, sont
largement dévalorisés, parfois par les professeurs
eux-mêmes. Ils sont ainsi tentés d'opposer la vie réelle
et concrête à l'abstration des études. Souvent
travaillant pour leur argent de poche par ailleurs, le diplôme,
bien que nécessaire et ils le savent, reste un investissement
peu rentable. Eloignes de l'intéret intellectuel, peu capables
de développer des stratégies efficaces, ils se percoivent
comme fortement dépendants des enseignants. et de leurs personnalités.
La vie juvénile se développe fortement dans ces établissements,
malheureusement hors de la vie intellectuelle et culturelle de la
scolarité.
- Les élèves de LP : La première ligne de fracture
oppose l'enseignement général et l'enseignement professionnel.
Le professionnel cultive une tradition de relation pédagogique
: silence exigé etc... au contraire de l'atelier ou la liberté
est fortement présente. Quelles que soient leurs performances,
les élèves ne surmontent jamais totalement cette dualité.
Le second clivage oppose les BEP au CAP. Les premiers publics, les
plus durs socialement, trouvent dans le lycée professionnel
un prolongement de leur quartier, bande etc.. Ainsi les LP abritent
une population d'élèves qui n'a pas d'espoir de mobilité
et pour laquelle l'école n'engendre souvent que l'échec.
Les autres ont l'impression de s'en sortir, et sont placés
au sommet du système d'enseignement professionnel.
Ainsi, l'expérience scolaire des élèves de
LP apparait elle comme tendue entre ces 2 pôles constitués
par une sociabilité juvénile mal enserrée dans
le cadre scolaire et une formation professionnelle accordée
à une élite. On pourrrait ainsi dire que le LP oscille
entre le traitement social du chômage et la formation de professionnels
qualifiés.
3 - l'élève et l'école
- La massification engendre une diversification des filières
et, ainsi, une hiérarchisation de ces sections. Le parcours
de l'élèves est jalonné de points de bifurcation,
points au cours duquel le système évalue les performances
et sélectionne. A cette hiérachie se superpose une
hiérachie des établissements. Mais la sélection
est aussi nettement clarifiée par la valorisation de certaines
matières. Quand aux procédures de sélection
elles sont vécues de manière brutale et autocratiques.
- Le processus de sélection engendre une très nette
séparation entre le souci d'éfficacité scolaire
et l'intéret intellectuel. La productivité supplante
le reste. C'est ainsi que la fraude et la 'pompe' sont des stratégies
tout à fait acceptables aux yeux des élèves.
- Le trait dominant de l'expérience scolaire est la séparation
de la personnalité et de l'école. L'école ne
constitue plus une instance de socialisation. Cependant les élèves
se plaignent d'avoir des libertés et non des droits, car
cela rend floue et arbitraire la confrontation avec l'administration.
Mais d'un autre coté les élèves ne s'investissent
pas dans leur lycée car la vraie vie est ailleurs. Ainsi
l'école ne forme plus des acteurs sociaux mais de simples
individus : trois raisons majeures : - l'école a détruit
son image égalitaire en devenant sélective, - l'école
n'a plus le monopole de la culture légitime, - l'école
s'adapte de plus en plus à la société et ne
propose plus ainsi de culture légitime à l'instar
de la société.
- Cette présentation sommaire laisse de coté certains
thèmes : les débordements lycéens, la relation
pédagogique..
- Ainsi les jeunes vont à l'école pour en user
et en abuser, mais on ne peut juger l'école comme en crise
car elle adpate peut être tout simplement à des mutations
sociales et culturelles de notre société. Et ainsi
elle légitime ses actions.
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