Éducation, Société et Politiques
Antoine Prost
 
Une histoire de l’enseignement en France de 1945 à nos jours

 

 

I) Famille et société au miroir de l’enfant

Les conditions économiques et démographiques
La place de l’enfant dans la famille est déterminée par les conditions économiques. Ainsi quand la mort était une menace proche : mettre des enfants au monde était courir un double risque : celui de les perdre rapidement et celui de mourir avant qu’ils ne soient élevés. 

2 modèles :

  • 1 malthusien : niveau culturel, gestion de la contraception : patrimoine familial en jeu (Modèle prioritaire en 1930 ; Sur les couples formés, 23% n’ont eu aucun enfant et 32% un seul)

  • 1 prolifique : qui se rencontre aux deux extrémités de l’échelle sociale.

Cela entraîne une répression de l’affectivité : les enfants meurent souvent, sont une bouche de plus à nourrir ou bien trop les cajoler c’est mal les préparer à la vie. Il faut les endurcir. Ils sont confiés dans les milieux aisés à des nurses et précepteur.
En règle générale, l’enfant n’a pas d’espoirs propres, il suit la famille et ses conditions : pas d’alimentation spécifique (amenée grâce à la puériculture pastorienne)

 Les écoles maternelles : lieu paradoxal. Pour leurs promoteurs, il s’agit d’un lieu typiquement enfantin alors que pour les utilisateurs, il s’agit plus  d’une fonction de garde, de salle d’asile qui allègent d’une charge. L’école maternelle intervient quand la famille ne peut plus conserver avec elle ses enfants. Aujourd’hui, heureusement cela a changé.
La croissance économique a apporté avec elle l’aisance, l’amélioration qualitative et quantitative du logement, le recul de la mortalité infantile et adulte. Ces nouvelles conditions modifient les attitudes envers les enfants. Le modèle Malthusien  peut reculer, mais l’élévation du niveau culturel a rendu plus difficile à accepter les familles nombreuses.

On reconnaît à l’enfant une existence spécifique positive, il devient l’objet d’un intense investissement affectif de la part de ses parents, ce qui entraîne de nouvelles pratiques affectives et donc de nouvelles pratiques éducatives. L’autorité des parents devient plus souple : ils recherchent l’adhésion de l’enfant et plus seulement son obéissance.

Cela entraîne une pédagogie active : l’enfant joue, court, fait du bruit, dessine, chante …

Mutation culturelle à l’initiation de la bourgeoisie salariée (1959 préscolarisation). La maternelle développe la sociabilité. Il y a une révolution culturelle : On reconnaît à l’enfant de la créativité enfantine.
On est passé de l’enfant, quantité négligeable qui suivait la famille, réduit au silence et à l’immobilité à l’enfant Roi, centre d’intérêt accepté comme une personne autonome.

 La famille était le lieu privilégié du premier apprentissage des nécessités sociales : le travail, l’obéissance, l’endurance. L’abondance a fait disparaître cette situation. La famille a perdu ses fonctions économiques et sociales, voire ses fonctions éducatives dans cette société d’abondance.

II)  Jeunesse et société dans la France de l’entre deux guerres

Elle est devenue une réalité sociale. A cette époque, il y a deux jeunesses selon le milieu socioculturel :

Milieu populaire : les jeunes arrêtent l’école et travaillent, vivent chez leurs parents et sont sous leur contrôle.
Bourgeoisie : études, argent de poche. Ils vivent dans les grandes villes et ne sont plus sous le contrôle parental.

L'École Républicaine diffuse une culture civique. En 1914, après respect de génération, génération de sacrifice. Les mouvements de jeunesse, une nouveauté de l’entre deux guerres : Originalité de cette période, en plus des jeunes encadrées par les jeunes : éclaireurs de France, scouts et guides.

Les mots répondent à un besoin et connaissent un succès réel. Pour eux, c’est une volonté de se distinguer. En plus il s’agit d’une nouvelle pédagogie : autonomie de la jeunesse.

III) Quand l’école de Jules Ferry est elle morte ?

La seule école du peuple : Primaire, gratuite, obligatoire, et laïque

Laïque :  choix de la société. L’unité idéologique de la Nation = l’école primaire

Après la première guerre mondiale, idée de l'École unique. La rupture intervient avec la 5ème république (Réforme Berthoin 6 janvier 1959 scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans)

 Réforme Fouchet 1963 : cycle d’orientation et d’observation de 4 ans

Réforme Haby 1975 consacre la formule école, collège lycée.

 L’école primaire a cessé d’être une école dont on sort pour travailler. Pour tous les enfants, elle débouche désormais sur une autre école : le collège.

 Remodelage 19ème siècle : ségrégation des sexes et confusions des âges. Mixité à partir de 1962. Aujourd’hui on mélange les deux sexes et on distingue les âges. Formation d’un personnel : l’objectif c’est l’école du peuple.

 2 axes : c’est le collège qui prépare à la vie et non plus le primaire. Transformation des moeurs : on accorde plus de place à la spontanéité de l’enfant; 1968 : projets novateurs = épanouissement personnel et une formation à l’observation et à la réflexion au lieu d’une culture à la  mémoire.

Le modèle ancien de l’école de Jules Ferry était familial, paternel. L’instituteur gouvernait sa classe comme le père sa famille et c’est d’ailleurs le père de famille que Jules Ferry cite comme référence aux instituteurs dans sa lettre du 17/11/1883.

 Il existe différents modèles d’instituteurs :

            Le professionnel : expert et compétent

            L’animateur : guide et chaleur affective, le savoir à acquérir passe au second plan

Aujourd’hui, il y a une hésitation, un tassement entre ces deux modèles.

IV)           École et stratification sociale : les paradoxes de la réforme des collèges...

Avant 1941 les collèges = des lycées moins prestigieux et de statut municipal. En 1941 : paradoxe les lycées accueillent dans un second cycle des élèves formés par leurs rivaux.

La réflexion est prise au nom de la démocratisation car il existe des différences entre les enfants de cadres et d’ouvriers. L’inégalité sociale devant l’entrée en sixième est massive. Cette entrée doit dépendre du mérite scolaire et non de l’origine sociale. Question d’un enseignement de masse : il doit être plus concret, plus proche des préoccupations quotidiennes des élèves, plus attentifs à leurs débouchés professionnels.

 1959 : De Gaulle, Il prolonge de deux ans la scolarité obligatoire (14 à 16 ans). Le niveau des professeurs est revu à la hausse. Unification progressive des collèges de 1965 à 1975, 2354 collèges bâtis, le collège sépare les âges.

 1968 :  Edgar Faure reporte en 4ème le début du latin.

La réforme Haby de 1975 est appliquée à la rentrée de 1977 : sections indifférenciées.

 Aujourd’hui : le bilan en collège : ampleur des échecs scolaires, il réalise une scolarisation de masse par un enseignement uniforme.

 Au lycée : une hiérarchie s’établit : Accroissement du bachotage, il relègue au second plan le développement de qualités, de caractères de responsabilité et d’imagination. Avec le temps, la réforme qui se voulait démocratique, progressiste s’est révélée inégalitaire et conservatrice.

V) Décisions et non-décisions gouvernementales : la politique Gaullienne ...

Recruter des élites sur une base démocratique, Importance du choix de l’orientation

1965 : création des 5 baccalauréats généraux, création des IUT , Pour les étudiants, la commission Capelle symbolise la menace de sélection contre laquelle ils se mobilisent. Sa politique s’achève sur un sucés et un échec : démocratisation du premier cycle était acquise mais non l’orientation à la sélection. Le mouvement social est plus fort que la volonté gouvernementale. Le nombre d’étudiants est multiplié par 2.5 en 7 ans.

VI) Mort et naissance de l’université française

 Crise universitaire sans précédent : conflit de génération.

Assoupissement général des normes éducatives ce qui entraîne plus de liberté, plus de tolérance.

1962 Émergence d’une subculture adolescente.

1)      la croissance universitaire s’est faite sans modification des structures éducatives.

2)      1966 : organisation en trois cycles contraignants et compliqués

3)      les méthodes d’enseignement n’avaient pas été profondément modernisées

4)      problème de la sélection.

 Les événements de 1968 marquent la naissance en France de véritables universités.

 VII) Écoles, collèges et lycées de 1968 à 1984

 Dans les années 60 : profondes transformations :

 Les demandes sociales entraînent des changements de moeurs et un progrès du niveau de vie.

Évolution des méthodes d’enseignement grâce à sa démocratisation ce qui entraîne une pédagogie nouvelle : 1/3 temps pour eps et arts plastiques

 Évolution avec 1968 :              les adolescents fument ouvertement

                                               Les filles se maquillent

                                               Punir devient difficile

 

 11/7/1975 la loi Haby fait la distinction entre les trois niveaux : école, collège, lycée. Création des CDI, En 5ème et 3ème : passage, redoublement, orientation. Cependant la sélection s’est renforcée. 2 phénomènes : hausse du taux de redoublement et de l’âge des élèves. Puis problème école publique / privée

 VIII)  La tornade qui emporta Savary

 Querelle scolaire : l’école privée est celle de la 2ème chance contre une affectation ou une orientation que l’on refuse. Savary est remplacé par J.P. Chevènement. La gauche poursuit un objectif démocratique, laïc et pédagogique. Mais il ne s’agit plus de «dicter comme un arrêt la règle à l’enfant, mais la lui faire trouver, exciter et éveiller la spontanéité de l’enfant au lieu de l’emprisonner dans des règles toutes faites ».

 IX) Les mutations des lycées 1985-1990 

Ce n’était plus le moment de savoir s’il fallait ou non inciter les élèves à poursuivre leurs études, il faut les accueillir. La tendance aujourd’hui va vers une hausse des sections de baccalauréats professionnels.

La solution française d’un enseignement spécifique et une solution originale. Les autres pays n’ont pas scolarisé comme nous les apprentissages.

Stabilité relative entre 1975 et 1985. Depuis, il y a eu des changements majeurs. L’histoire de l’enseignement en France est une histoire mobile.

 



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