LE
NIVEAU MONTE
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Se fondant sur une analyse rigoureuse de trente ans darchives, les auteurs administrent la preuve objective que contrairement aux idées reçues, le niveau monte. Mais leur réfutation des poncifs est tout aussi alarmante que les refrains cafardeux : le niveau monte certes, mais pas pour tout le monde ni partout également. Lécart se creuse entre un peloton de tête plus étoffé quhier, plus performant que jamais, et les autres, moins nombreux quhier mais plus démunis que jamais. I : Depuis 4 mille ans ils tombaient dans labîme
Depuis 1820, il y a toujours eu des critiques sur le niveau des élèves. Avec 4150 bacheliers C, le cru 1988 dépasse le nombre de ceux qui avaient, 108 ans plus tôt atteint ou dépassé le niveau du certificat détudes primaires. Le niveau dinstruction de la France de 1880 évoque la statistique actuelle du Sénégal ou du Zimbabwe . Prétendre quun siècle plus tard, le niveau français a baissé revient à dire : la formation scolaire française aujourdhui est inférieure à celle que reçoivent les enfants du tiers monde (magistrale stupidité)
Par bien des points, lorganisation scolaire et sportive se ressemblent : « la valorisation des résultats scolaires sur leur reconnaissance sociale ne sont plus à démontrer. (investissement des parents, foule aux inscriptions et aux affichages des résultats, trac final aux examens, publication dans la presse des résultats et des meilleures copies, sanction de la vie sociale par les rythmes scolaires etc. « Le contexte matériel sest amélioré (ramassage, construction décoles, de collèges, de lycées généraux et professionnels, duniversités , déquipements informatiques, labos de langues, ciné et vidéo etc. .) « Les conditions de préparation physiologique à la scolarité sont dans lensemble meilleures, les parents mieux informés, le temps passé à lécole est plus long et enfin la sélection porte sur des populations mieux formées et tend, comme pour le sport à saffiner (diversification des filières, apparition de nouveaux diplômes, palmarès des universités et des établissements scolaires)
Le thème de la baisse du niveau serait alors un pur fantasme : ce radotage séculaire sexpliquerait par les espaces infinis que libérerait à son expression le flou qui entoure sa mesure.
II : Des mesures difficiles Le niveau général ne serait obtenu quaprès coup comme le résultat dune somme pondérée.
« 1ère difficulté : Les performances exigées des élèves à un âge donné ne cessent de se modifier. Lécole suit ou anticipe en cela le mouvement général des sciences et des techniques. Une société dont la légitimité du pouvoir est fondée sur la tradition accorde toujours une place importante à la mémorisation et aux apprentissages par coeur. Ouvertes sur lavenir, les sociétés modernes tendent au contraire à les combattre comme des routines, au mieux à les cultiver comme des luxes secondaires ou des talents privés. Virgile ou Wilander ? Depuis le 19ème siècle, lintellectuel de référence a changé de nature. Il appartenait à lécole de former des professions libérales ou des professeurs alors quil lui incombe aujourdhui de former dabord des ingénieurs et des cadres. En un siècle, le baccalauréat, 1ère sanction de la culture générale exigée des intellectuels a changé de nature. Comment lui appliquer la notion quantitative de niveau ? Faut il prendre pour norme le latin où lingénieur daujourdhui est plus faible, le sport et les mathématiques où il est le meilleur ? Celui qui maintient devant cette difficulté que le niveau a baissé montre clairement quil choisit en fait un monde sans changement. Cest dailleurs parmi les représentants des disciplines à coefficient social déclinant (lettres, français, philosophie) que le discours sur la baisse du niveau bat son plein. « 2ème difficulté : le point de vue crée lobjet « 3ème difficulté : A la recherche du PNB scolaire
III : La croissance des diplômes Le constat est clair : les âges dentrée à lécole nayant cessé de sabaisser et ceux de la sortie de sélever, la durée moyenne du séjour effectué dans linstitution scolaire sest fortement allongée. En 80 ans, la durée du séjour moyen à lécole a plus que doublée.
Pour certains, " il ne faut pas instruire le futur agriculteur comme sil était un citoyen du monde " vision péjorative.
Baisse des sans diplômes, hausse des titulaires du baccalauréat, des CAP et BEP et lévolution féminine est plus rapide que celle des hommes.
IV : Lamélioration des qualifications
Aux gains de productivité directement liés à lemploi de professions exclusivement intellectuelles, doivent être ajoutées toutes les transformations intervenues dans les qualifications des paysans, des artisans et commerçants, des employés et des ouvriers. La généralisation de linformatique, lirruption de nouvelles technologies exercent un double effet : dun côté elles réduisent de nombreux travailleurs au chômage ou à la déqualification par la robotisation ou la parcellisation des tâches, de lautre, elles appellent de ceux qui les servent des qualifications élevées impliquant des connaissances nouvelles et relativement sophistiquées.
Lorsque lon soumet les mêmes copies à des examinateurs différents, on obtient des désaccords considérables : ils différent aussi très nettement par le classement des copies, les uns trouvant exécrable telle copie quun autre juge moyenne et un autre encore excellente !. Une enquête auprès des correcteurs sur les critères qui guident leur jugement rend compte de cette diversité dappréciation. V : Les progrès des performances Les observations faites par les militaires dans les centres de présélection à loccasion des trois jours constituent une source privilégiée pour mesurer le niveau de formation des jeunes. Les militaires sefforcent de définir un niveau général (NG)
VI : Oeuvres consacrées : le chemin des bacheliers
VII : Le haut niveau, un niveau contrôlé
Aux héritiers succèdent les consommateurs d'école, voire les investisseurs avisés. · Des mathématiques au tennis : 1er classement international
VIII : Élitisme : vous avez dit républicain ?
IX : Un centre peu centré Cette croissance des diplômes moyens constitue le phénomène numériquement le plus important. Et, cest un fait positif, puisquon enregistre ainsi un progrès de la certification scolaire. Mais le bilan comporte un passif : ici la montée des effectifs sest accompagnée dune baisse des performances. Certes les effets positifs de la croissance numérique lemportent, ils contribuent à l'élévation du niveau de la génération.
Côté enseignant, on passe génération après génération, danciens ouvriers de métier, venus sur le tard à léducation nationale, à des techniciens sortis directement de lécole. Il en résulte pour enseigner les mêmes technologies, des approches radicalement différentes : alors que le 1er conçoit son rôle comme celui dun initiateur à la condition ouvrière sous toutes ses formes (métier, revendication, philosophie de la vie) le second, qui ne connaît pas lentreprise, privilégie le caractère technique et scientifiques contenus et prépare le jeune à une adaptation polyvalente à la technique et à ses évolutions. X : Réussir au LP
· Niveau : le leurre de l'aune unique
XI : Le difficile accès aux rudiments
Si le niveau na pas baissé, lapprentissage de lécriture est loin dêtre maîtrisé par tous les enfants. Les raisons sont claires : lorthographe française na jamais été conçue pour servir de base à un enseignement démocratique mais au contraire, selon le dictionnaire de lacadémie du 17ème siècle : " pour distinguer lhonnête homme, des ignorants et des simples français ". Pour venir à bout de l'illettrisme, il ne sert à rien dimaginer, dans le ressentiment et lindignation, un âge dor pédagogique où la réussite était universelle. Mieux vaut prendre les apprentissages élémentaires et fondamentaux pour ce quils sont et ont toujours été : des apprentissages objectivement difficiles qui ne vont pas de soi pour une minorité.
XII : Le niveau, histoire dun mot Le niveau monte mais pas par tous et pas partout également.
XIII : Le baccalauréat ou linstitution du niveau
Þ " bachotage " = aucun amour du travail , seulement la rentabilité
XIV : Le niveau : un organisateur social
La possession du bac doit garantir ce je ne sais quoi qui distingue les travailleurs manuels de ceux que lon nomme des primaires. Les études secondaires doivent assurer lintégration des élèves à lélite sociale.
XV : Pour un SMIC culturel Vers 1975, René HABY, ministre de léducation nationale a proposé linstitution dun SMIC culturel comme un objectif destiné à réduire lampleur de léchec scolaire. (formule suivie daucun effet). Saccorder sur la définition dun savoir minimum garanti . Mais Lequel ?
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