1. Le phénomène violence
Claude PUJADE RENAUD, en liant agressivité des élèves et rencontre de lenseignant avec sa propre violence, peut affirmer "la fatigue de lenseignant est à comprendre dans ce climat de peur et dinsécurité, peur de soi même comme des élèves, et conjointement dans cette contention de son agressivité ".
La violence doit-elle à son tour être définie comme le fait Yves MICHAUD, sur le mode dune interaction comportant 2 ou plusieurs acteurs dont lun porte atteinte à lautre, ces acteurs pouvant être des systèmes. Cette atteinte pourrait être atteinte à lintégrité physique, morale ou aux possessions voire aux participations symboliques ou culturelles, et elle serait essentiellement volontaire et spécifiquement humaine, utilisant des stratégies plus ou moins élaborées (cf. violence détat). 2. La violence perçue par lenseignant Quelle que soit la réalité, lobjectivité du fait de violence, ou de lagression, dun enfant vers un autre, sa représentation par lenseignant est toujours surdéterminée par une représentation connexe qui fait de ladulte la victime obligée et associée de cette violence dans la classe.
Sil est vrai que la violence est parfois désir de détruire lautre, il est certain en tout cas que les boucs émissaires sont bien vite désignés même si quelque fois ils font croire quils font tout pour ça : Le sexisme, Le racisme
Ce qui obsède lenseignant cest le bruit qui en devient une véritable phobie et une explication globale de la violence. Cest dabord le bruit dans lequel baignent les enfants. Mais cest surtout par lequel lenseignant se sent agressé qui le fait réagir. " La plus grande des violences pour moi, cest quand je demande aux élèves de se taire et quils ne se taisent pas ". La violence du « jeu »: Jeu de la séduction enseigné
/ enseignant. Attention danger : la séduction par lélève
est perçue comme une perte dautorité à son profit comme si cette
perte signifiait la possession par lautre. Si la violence est
"une quantité dénergie introduite dans le système "
et le désorganisant, suivant le mot de LABORIT, on peut concevoir que
la force dinertie soit une force violente = élève clown ou inerte,
passif.
3. La violence perçue par lélève
Bien évidemment les classes à problèmes véhiculent une imagerie de violence très forte et appartenir à ces classes est une désignation supplémentaire pour lindividu violent.
Frapper le garant de lordre dans la classe, nest-ce pas rendre impossible toute vie commune ?
Coups : violence physique, Violence verbale :
injures, Frustration liée à des punitions !
La légitimité de lautorité du maître nest pas en jeu dans
la représentation mentale des enseignés. Et la punition elle-même nest
pas forcement perçue comme négative.
4. Espace et violence dans la classe
En réalité, les représentations dominantes de léchec scolaire par inclusion, lapproche de la violence à lécole qui serait une résultante des mêmes causes, sont dominées par deux grandes perspectives. Dune part, une perspective que nous pourrions nommer defectologique, dautre part une perspective socio-économique. La première fait peser tout le poids de léchec et de son corollaire violent sur des carences psychoaffectives liées aux carences éducatives des parents ou aux déficiences de lenfant. La seconde approche rend responsable lensemble dun macro-système sociopolitique, la société capitaliste ou de manière plus restreinte, lorganisation déficiente de lentreprise Education Nationale et de son chronique manque de moyens.
Pour PLATON "de tous les animaux cest lenfant qui est le plus difficile à manier, par lexcellence même de cette source de raison qui est en lui, non encore disciplinée, cest une bête rusée, astucieuse, la plus insolente de toutes. Aussi doit-on le lier à de multiples brides " ; " Tous les jeunes ou à peu près sont incapables de tenir en repos leur corps et leur voix, ils cherchent sans cesse à remuer et à parler les uns sautant et bondissant comme sils dansaient de plaisir et jouaient entre eux, les autres en émettant tous les sons de voix possibles " : doù la nécessité de multiples brides. Avec ARISTOTE, la philosophie grecque définit lhomme comme "un animal rationnel ". Elle fixe le statut de lenfant du côté de lanimal, lhomme étant du côté de la raison.Cette tradition de sauvagerie et de bestialité qui sest cristallisée à lâge grecque reste une structure clairement établie à la renaissance. Pour ERASME, "les hommes ne naissent pas homme, on les forme tels par léducation ". Pour COMENIUS les écoles sont des "fabriques dhumanité " où lhomme devient véritablement homme. Plus tard, les encyclopédistes définissant à larticle "âge " la durée de lenfance : " depuis le moment de la naissance jusquau moment où on commence à devenir susceptible de raison " cest à dire homme. Pour KANT, qui est tant pénétré des idéaux de la révolution, la discipline est ce qui fait de lenfant un homme, elle est "ce qui fait passer de létat animal à celui dhomme " car lenfant "arrive au monde à létat sauvage ".La relation binaire de lenfant imaginaire à la classe utérus Fernand OURY pense que lécole ne connaît généralement quune structure binaire de la relation maître élève de A vers B ou A > agit sur b< . La situation binaire en classe est psychogène : lélève parlé par lAutre se vit inconsciemment dans une situation fusionnelle primaire. Il nexiste que dans lAutre confondu avec lui, et cela se traduit souvent par un hyper conformisme chez lenfant, une fuite par la passivité ou une réaction violente. La double clôture : maître dans un lieu clos, le maître est porteur dune double clôture.
5. Fuir, se soumettre, agresser : la place de lélève dans la classe
Pour Henri LABORIT il y a deux idées simples qui doivent dominer toute
tentative explicative de la violence. La 1ère est que : "la seule raison dêtre dun être, cest dêtre la seule raison dêtre dun être, cest de maintenir sa structure, de ne pas être mis en désordre, de conserver son équilibre biologique ". Dans les représentations de lenseigné, comme dans celles de lenseignant, la violence apparaît effectivement comme une "augmentation de désordre " ce qui est sa définition même de lagression et de la violence. La 2ème idée : " il ny a pas dinstinct agressif, distinct de la violence ". La violence sapprend. Il y a un système nerveux qui sert à agir, à se déplacer. " La pensée, chez lhomme ne fait que rendre laction plus efficace ". - Une jeune fille sage : KADIA : sa vie est imprégnée
de ce cruel jeu de linclusion exclusion La fuite en classe peut être de plusieurs ordres : une fuite dans la passivité, lattente que ça se passe et cest le phénomène le plus fréquent. Donc, lexpérience vécue de la classe est dangereux tant quil reste le lieu su seul maître et que son organisation topologique reproduit cette dominance.
6. Réactions immédiates et stratégies préventives
réaction n°1 : la non-intervention irréfléchie : lenseignant
nintervient pas instinctivement. Réaction n°3 : létat présent dun individu peut amener à ne pas accepter de voir sa provocation, pour ne pas entrer dans un cycle infernal et éviter lescalade. Réaction n°4 : la non-intervention systématique avec reprise par une analyse du groupe, de façon quil prenne conscience de la manière dont il a réagi. Réaction n°5 : non-intervention systématique sans reprise par lanalyse du groupe.
Réaction n°6 : la sortie punition
Réaction n°16 : soutien en classe, au maître et aux élèves.
Réaction n°17 : Violence du maître vers lélément perturbateur
Réaction n°24 : entretien entre le maître et lélément perturbateur. Janus KORJAK : " noubliez jamais comment bat le cur dun enfant qui a peur ". Réaction n°34 jeux de rôles :on joue la situation en se mettant à la place de
7. La parole et la loi
On conçoit donc que donner la parole à lapprenant est indispensable pour résoudre au moins en partie les problèmes de violence en classe. Si le professeur veut éviter de devoir sempiternellement faire la loi, na-t-il pas intérêt à la faire avec les apprenants ? Ne lui faut-il pas comme le dit si bien cette phrase : "renoncer à façonner des êtres à son image pour se consacrer à un travail de linter subjectif où chacun se définit dans le jeu des identifications différenciations avec autrui. Renoncer à être la loi pour entreprendre de faire la loi avec les élèves. "
La langue écrite et parlée est un vecteur de communication entre les apprenants et lenvironnement.
Il nen est pas moins vrai que " parler est le propre de lHomme. Seul parmi les animaux, lêtre humain est doué de parole. Il sagit dune particularité de lespèce que lenfant apporte avec lui en venant au monde " et qui ne se réalisera que si la parole nest pas interdite par lautre, adulte, parent, enseignant. Si parler est la différence spécifique de lêtre humain, quon ne sétonne pas alors que demander le silence puisse être perçu comme un danger mortel par lenfant. Il y va de son être. « Le langage est la maison de lêtre. »
8. Le corps et lespace MAZET : " Le passage à lacte violent est volontiers corollaire de la difficulté de verbalisation dun malaise, de conflits "
De faire entrer le dehors au-dedans ou d envoyer des messages du dedans vers le dehors = faire intervenir des intervenants extérieurs, venir avec les parents, dans le quartier
3 variables : lorigine sociale, larchitecture de lécole
et le type de pédagogie pratiquée Lappropriation de lespace comme lieu de lenseigné permet cette " décentration " de la position magistrale sans laquelle aucune stratégie contre la violence dans la salle de classe nest possible.
CONCLUSION Le premier acquis est la mise à jour de deux systèmes de représentation de la violence chez lenseigné et chez lenseignant. Pour celui ci la violence est toujours dirigée vers lui, elle est ce qui lempêche daller au bout de son projet, de son désir. La parole, le bruit et les gestes de lenseigné sont une violence pour lui : le discours magistral ne doit pas être troublé par une interférence incontrôlable. La violence de lélève est pour lenseignant, de ne pas se taire assez ou de ne pas faire suffisamment selon le désir « pédagogique » du maître. Pour lenseigné, la violence est précisément cet interdit de parole, de mouvement, dêtre en somme. Sans remettre en cause la hiérarchie de dominance établie en classe, voulant même une autorité importante du maître, lélève craint un abus de cette autorité. Il craint la transformation de la monarchie éclairée en tyrannie. Toute solution au problème de la violence dans la classe passe par une éducation spatialisée. Pour vouloir être dedans, il faut pouvoir (s) en sortir.
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