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plan De X. Darcos
1. Le plan violence
Sa mise en oeuvre sest faite dans dix sites expérimentaux répartis
dans six académies : 413 établissements sont concernés.
Ils ont été choisis dans six académies :
- Aix-Marseille (un site dans les Bouches-du-Rhône ; un dans le Vaucluse),
- Amiens (un site dans lOise),
- Créteil (un site en Seine-Saint-Denis ; un dans le Val de Marne),
- Lille (un site dans le Nord),
- Lyon (un site dans le Rhône),
- Versailles (un site dans les Hauts-de-Seine, un dans le Val dOise,
un autre dans les Yvelines).
Au niveau de lenseignement secondaire, ces dix sites regroupent
413 établissements (dont 163 sont classés en ZEP et 83 sont également
classés sensibles) :
- 59 lycées denseignement général et technologique,
- 62 lycées professionnels,
- 292 collèges.
- Les moyens mis au service de lexpérimentation
Bien entendu, il sagit de moyens supplémentaires abondant ceux
dont les établissements peuvent déjà bénéficier au titre de leur classement
en ZEP ou en établissement sensible :
- 125 emplois dinfirmière au 1er janvier 1998,
- 125 emplois dassistante sociale au 1er janvier 1998,
- 58 équivalents temps plein pour des vacations de médecine scolaire.
Par ailleurs, une partie significative des 175 emplois dinfirmière
et des 175 emplois dassistante sociale créés au 1er septembre
1998 en loi de finances est réservée aux six académies concernées
(88 emplois dinfirmière et 62 emplois dassistante sociale).
104 emplois ATOS sont implantés au 1er septembre 1998 dans les six
académies concernées, au titre du plan de prévention de la violence.
99 autres emplois ATOS sont en outre attribués au 1er septembre 1998
à ces mêmes académies.
21 emplois dadjoint de direction et 79 emplois de conseiller
principal déducation (au total 100 emplois) sont attribués au
1er septembre 1998 aux six académies.
9 514 emplois jeunes dans les six académies, dont 4 049 sur les
10 sites expérimentaux
Au sein de ces six académies, les dix sites expérimentaux, qui
scolarisent 544 989 élèves (primaire et secondaire) bénéficient
de 4 049 emplois jeunes (sur les 9 514), soit un emploi jeune pour
135 élèves. Lencadrement pour les emplois jeunes y est donc
le double que celui qui correspond à la moyenne académique.
Il sagit des chiffres au 1er janvier 1998.
Les très importants moyens mobilisés sont mis au service de projets
définis sous limpulsion des recteurs. Ces projets reposent
sur les bases suivantes :
- Les projets déjà élaborés reposent sur une analyse de la situation
et des besoins, au regard des problèmes de violence. Cette analyse
prend en compte non seulement les établissements secondaires, mais
également les écoles primaires du même secteur scolaire,
- chaque projet définit des objectifs à court terme, mais également
à long terme. Il inclut, dans cette perspective, trois volets :
éducatif, préventif, réactif, lorsque surviennent des phénomènes
de violence,
- chaque projet concerne la lutte et la prévention de la violence
au sens large, ce qui implique une attention toute particulière
au problème, quelquefois très grave (notamment dans les lycées professionnels),
de labsentéisme scolaire.
Le volet éducatif comporte :
- un travail sur le sens et la finalité de lécole, aussi bien
du point de vue des enseignements que du point de vue de lapprentissage
de la vie collective : développement de pratiques pédagogiques innovantes
; éducation à la citoyenneté ; travail sur le règlement intérieur,
surles droits et les devoirs des divers membres de la communauté éducative
; travail sur lévaluation, sur lorientation, sur les conseils
de classes, etc. ;
- des actions en direction des familles,
- le développement des comités déducation à la santé et à la
citoyenneté.
Le volet préventif comporte :
- une dimension " formation " et une dimension
" accompagnement et soutien " au bénéfice des
personnels (enseignants, dencadrement, ATOS, etc...) : stages
intercatégoriels spécifiques ; accueil et suivi des nouveaux enseignants
et personnels ATOS ; formation des emplois jeunes, etc...),
- un renforcement des partenariats avec les autres services
de lEtat (justice, police, gendarmerie), dans le cadre des conventions
départementales de prévention de la violence, dans celui des contrats
locaux de sécurité, dans celui enfin des comités déducation
à la santé et à la citoyenneté. Ce partenariat est étendu aux collectivités
territoriales.
Le volet " réactif ":
- recherche déterminée dune réponse en temps réel, dordre
interne (mesures disciplinaires ou éducatives) ou à la suite des signalements
faits au Parquet,
- tout acte de violence, quelle quen soit la nature ou la gravité,
quel quen soit lauteur (dès lors quil est connu)
exige une réponse claire et appropriée,
- laide aux victimes (personnels, élèves) est systématique.
Les dispositifs mis en place par les recteurs bénéficient du concours
de partenaires.
Dune manière générale, la politique menée dans les dix sites
implique :
- une mobilisation de tous les niveaux hiérarchiques de lEducation
nationale (administration centrale, rectorats, inspections académiques,
chefs détablissement, inspecteurs de léducation nationale,
directeurs décole),
- un partenariat (autres services ministériels, collectivités) décliné
à chaque niveau (académie, département, établissement ou école).
Un inspecteur général de ladministration de lEducation
nationale est plus particulèrement en charge du suivi.
Chaque recteur a constitué pour chaque site un groupe danimation
et de suivi.
La direction de la programmation et du développement conduit des enquêtes
systématiques et régulières sur lévolution des phénomènes de
violence dans les dix sites.
Des équipes de chercheurs ont été mobilisés pour analyser et suivre
la situation de plusieurs sites.
Un bilan général de lexpérimentation sera effectué au terme
de la première année, cest-à-dire en décembre 1998.
Les classes relais
La circulaire 98-120 du 12 juin 1998 apporte toutes précisions
utiles concernant la création, lorganisation et le suivi des
classes relais en collège destinées à laccueil temporaire délèves
en voie de déscolarisation ou de marginalisation.
Deux enquêtes dévaluation ont été diligentées durant cette année.
La première, a été adressée en février 1998 aux académies afin de
connaître la liste des dispositifs relais existants et des projets
: 80 dispositifs ont alors été identifiés ainsi que 44 projets.
Une seconde enquête était adressée, le 20 mai 1998, aux Inspecteurs
dAcadémie, afin de connaître limplication des conseils
généraux dans le dispositif des classes relais.
Limplication de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ),
en terme deffectifs dans les classes relais, se renforce régulièrement.
Actuellement 32 éducateurs assurent un suivi dans les classes relais.
A la rentrée 1998, leur nombre devrait augmenter.
Le conseil de sécurité intérieure du 8 juin 1998 a fixé lobjectif
de 100 classes relais en 1998-1999 et de 250 en 1999-2000.
2. La lutte contre le bizutage
Dès la rentrée scolaire 1997, le ministère de lEducation
nationale sest engagé avec détermination à combattre les pratiques
condamnables du bizutage.
La loi n° 98-468, adoptée le 17 juin 1998 par le parlement, crée
un délit spécifique de bizutage qui sapplique aux manifestations
liées aux milieux scolaire et socio-éducatif.
Ainsi, tout acte humiliant ou dégradant, portant atteinte à la
dignité de la personne, tombe-t-il sous le coup de la loi. Les
peines encourues pour le délit de bizutage sont de six mois demprisonnement
et de 50 000 F damende.
La loi précise que, même consentis réellement ou en apparence,
les faits sont répréhensibles. Elle rend punissable également celui
qui amène autrui, même avec son accord, à commettre des actes humiliants
ou dégradants.
Une circulaire est diffusée aux établissements pour les informer
sur les différents aspects de la loi : définition et champ dapplication
du délit de bizutage, responsabilité pénale, obligations légales simposant
à tout fonctionnaire.
Comme lan dernier, un numéro azur S.O.S. violences
(0 801 55 55 00) sera mis en place dès la rentrée.
Des personnels formés répondront aux appels.
Une affiche sadressera aux élèves des lycées, des lycées
professionnels, des centres de formation dapprentis, des écoles
des chambres de commerce, des étudiants des classes préparatoires,
des grandes écoles, des universités, des établissements préparant
au BTS ou au DUT. Elle sera diffusée à 50 000 exemplaires début septembre 1998.
3. Le racket
La lutte contre le racket sinscrit dans le cadre de la prévention
de la violence en milieu scolaire. Une campagne de sensibilisation
contre le racket est lancée à la rentrée 1998. Des dépliants,
tirés à 3 millions dexemplaires, seront envoyés dans tous les
collèges.
Deux documents seront distribués : lun est destiné aux élèves,
lautre à la communauté éducative.
Chaque dépliant rappelle le numéro azur SOS violences (0 801 55
55 00) mis en place, que les jeunes peuvent utiliser en cas de problème
grave.
Le dépliant destiné aux élèves leur explique ce quest
le racket, quelles formes il peut prendre, que faire en cas dagression
et donne quelques conseils de prévention. Il contient en outre un
message destiné aux parents délèves.
Le dépliant destiné à la communauté éducative rappelle également
ce quest le racket et ce quencourent pénalement les auteurs
dun tel délit. Il sensibilise également les membres de la
communauté éducative sur le mutisme fréquent des victimes et les informe
des actions à engager lorsquils ont connaissance dune
situation de racket. Le dépliant mentionne enfin quelques conseils
de prévention à mettre en oeuvre dans létablissement.
Un exemple dans lacadémie dAix-Marseille :
prévention des phénomènes de violence
Situé dans les quartiers Nord de Marseille, le lycée professionnel
de lEstaque accueille, pour plus de la moitié de ses effectifs,
des élèves en grande difficulté issus de quartiers très sensibles
et de cités réputées très difficiles.
Les axes forts de ce projet sont donc linsertion et lintégration.
Une nouvelle organisation de la scolarité est mise en place dans la
forme " groupes de besoin ". La structure " classe "
est éclatée et un mode de validation adapté est proposé aux élèves
(unités capitalisables par contrôle ponctuel, contrats dobjectifs).
Lélève nest jamais livré à lui-même sans occupation et
sans objectif et il est encadré en permanence par un adulte.
Un exemple dans lacadémie dAmiens : prévention
de la violence par la différenciation pédagogique
Le collège André-Malraux à Compiègne est situé en zone déducation
prioritaire. Classé " difficile ", il est implanté
au coeur dun quartier à forte population étrangère et défavorisée.
Il accueille plus de 600 élèves. Il doit faire face à des difficultés
croissantes et à des faits réels de violence. Un très important travail
de la communauté éducative a été conduit, en partenariat avec la justice
et la police, avec le développement social de quartier, le centre
de prévention, des associations et des partenaires extérieurs.
Depuis la rentrée 1995, un contrat danalyse de pratique et décriture
professionnelle a été passé entre le Recteur et une équipe denseignants
de létablissement. Quatre actions ont été retenues : lenseignement
assisté par ordinateur en mathématiques, les heures de communication,
latelier de pratique théâtrale en classe daccueil et latelier
de reprographie en section denseignement spécialisé.
Un exemple dans lacadémie de Créteil : à la recherche
de la parole perdue
La recrudescence des agressions verbales et physiques au collège
Jean Vilar à Villetaneuse (93) a conduit un groupe de professeurs
à mettre en place un tutorat des élèves en grande difficulté tant
sur le plan comportemental que sur le plan scolaire. Chacun deux
a pris en charge deux à quatre élèves.
Une relation de confiance privilégiée sest créée entre les élèves
et lenseignant tuteur et les élèves ont alors pu évoquer leurs
difficultés, leur progrès et les altercations qui les ont opposés
à leurs camarades. Par le dialogue, les réactions se sont rationalisées,
la séance de tutorat est devenue lieu de médiation et la violence
a fait place à lanalyse et à la discussion.
Un climat plus serein a déjà commencé à sinstaller à lintérieur
du collège.
Un exemple dans lacadémie de Nancy-Metz : prévention
de la violence
Le lycée professionnel Le Chesnois est un établissement situé
en milieu rural, ouvert vers lextérieur et dont linternat
est important. Pour résoudre les problèmes de violences verbales et
physiques dans l'établissement, des élèves ont été responsabilisés
afin de devenir à terme des éléments modérateurs.
Un groupe constitué autour de linfirmière et de lassistante
sociale avec des élèves de bac professionnel a été créé. À la suite
de chaque incident, l'infirmière engage une discussion avec les élèves
et le groupe se réunit ensuite pour échanger et trouver des solutions.
Les élèves se sont responsabilisés, sont plus attentifs à ce qui se
passe dans l'établissement et ont évité les dérives au premier niveau.
Une régulation se met en place tout doucement. Aucun conseil de discipline
cette année alors quil y en avait eu plusieurs l'an dernier
Un exemple dans lacadémie de Grenoble : citoyenneté
et partenariat, ou la SEMITAG sans les tags (" Ecole et
tramway : même combat ")
A la suite de dégradations ou de manifestations dagressivité
verbale ou physique à légard des chauffeurs ou des usagers des
bus, la SEMITAG (société des transports de lagglomération grenobloise)
a lancé une action dans plusieurs établissements de lIsère.
Une vingtaine dagents sont intervenus dans létablissement,
pour des contacts " rapprochés " et une sensibilisation
des élèves au comportement citoyen dans les transports.
Un exemple dans lacadémie de Rennes : le traitement
de la violence au lycée de Lanester (Morbihan)
Cet établissement de 900 élèves, de construction récente,
se situe entre deux quartiers difficiles. Dépourvu de clôture, il
est devenu un lieu de racket, de vente de drogue, et les dégradations
sont très nombreuses. L'établissement a alors organisé une journée
banalisée avec les élus, les parents délèves, les associations.
Chaque élève a pu s'exprimer sur sa perception de la violence et sur
les moyens d'y remédier.
A la suite de cette journée a été mis en place un partenariat exemplaire
avec la police, qui a assuré de nombreuses rondes. De son côté, la
justice a traité en temps réel les plaintes dont elle était saisie.
Le Conseil Régional a pour sa part fait entourer le lycée d'une clôture.
Dans le même temps le Proviseur a donné un nouveau dynamisme au comité
d'environnement social et a créé des lieux d'écoute à l'intérieur
de l'établissement.
Ce traitement global, fondé sur la sensibilisation, la prévention,
la sanction et la remédiation, a assaini le climat de l'établissement.
Un exemple : l'année dernière le coût des dégradation s'était élevé
à 250 000 francs, cette année il ne dépasse pas 7500 francs.