Dossier de la conférence
de presse de Claude Allègre, Ségolène Royal et
Claude Bartolone le 27 janvier 2000
Voir le
nouveau plan De X. Darcos
I - Violences dans et autour de
l’école : données
chiffrées 1998-1999
Les données disponibles portent sur l’année 1998-1999,
les données 1999-2000 feront l’objet d’une information publique,
à la fin de l’année scolaire.
Les établissements du second degré ont, en moyenne sur
l’année 1998-1999, fait remonter 240 000 déclarations
d’incidents, de toute nature, par trimestre. Sur ces 240 000 déclarations,
2,6 % correspondent à des faits graves.
Parmi ces faits graves, on dénombre :
- 1000 agressions sur des personnes,
- 1750 actes graves portant sur des biens.
Les faits graves se répartissent selon les types suivants :
- violences verbales : 70,8 %
- port d’armes à feu : 0,2 %
- port d’arme blanche, de bombe lacrymogène ou d’autres armes :
1,7 %
- coups et blessures : 22,4 %
- violences sexuelles : 1 ,6 %
- racket : 3,3 %.
La totalité de ces faits graves a fait l’objet d’un signalement
aux procureurs.
Les auteurs des faits graves sont :
- à 86 % des élèves
- à 12 % des personnes extérieures aux établissements
- à 1,3 % des personnels
- à 0,7 % des parents d’élèves.
Les victimes de violence, tous degrés de gravité
confondus, sont :
- à 78 % des élèves
- à 20 % des personnels
- à 0,4 % des parents d’élèves
- à 1,6 % des personnes extérieures.
Les établissements du second degré concernés
par des faits graves :
- 17 % des établissements du second degré déclarent
1 fait grave par trimestre,
- 6 % des établissements du second degré déclarent
2 faits graves par trimestre.
II - Evaluation globale de la phase
I du plan de lutte contre la violence à l’école
1 - Evaluation qualitative : stabilisation globale avec des résultats
contrastés suivant les zones
Le plan engagé en 1998 était " expérimental ".
Il s’agissait là d’adopter une démarche rigoureuse :
état des lieux, mise en place des mesures, évaluation, réorientation
ultérieure. Une équipe de l’Université de Bordeaux
2 avait utilisé au cours d’une enquête menée en
1995 un échantillon d’établissements difficiles qui
correspondait à 4 des sites expérimentaux du plan engagé
en 1998. L’existence de cette enquête a ainsi permis d’établir
une comparaison à 3 ans d’intervalle de la situation de ces
établissements. Au total 3134 élèves et 314 adultes
ont ainsi été interrogés.
1.1 - Deux points de comparaison dans la perception du phénomène
: 1995-1998
Evolution du phénomène dans des établissements
difficiles de Seine-Saint-Denis, du Val d’Oise, de Marseille, du Nord
de la France – de 1995 à 1998.
Les élèves
En 1995, 24 % des élèves de cet échantillon
pensaient que la violence était très présente
dans leur établissement.
Ils sont 41 % dans ce cas en 1998.
Les professeurs
En 1995, 7 % des professeurs de ces établissements pensaient
que la violence était très présente dans leur
établissement.
Ils sont 49 % dans ce cas en 1998.
En 3 ans, le sentiment d’insécurité a connu une
forte augmentation.
Cette dégradation de la situation correspond principalement
à une évolution des formes de violence : la classe
est plus fréquemment un lieu de violence (développement
d’une violence anti-scolaire), la violence est de plus en plus souvent
le fait de groupes (le racket scolaire en est une des manifestations).
Plus que le nombre d’auteurs d’agression, c’est la gravité
des actes qui augmente. Les auteurs sont de plus en plus jeunes. C’est
ainsi que l’école primaire connaît depuis 5 ans une augmentation
sensible des phénomènes de violence.
Cette aggravation a entraîné, sur la période 1995-1998,
une dégradation du climat scolaire perceptible dans la confiance
des élèves dans l’efficacité de l’école
:
80 % ont confiance
20 % n’ont pas confiance.
1.2 - L’évaluation de l’impact du plan de 1998 à
1999
Une première évaluation de l’impact du plan :
De 1998 à 1999 la violence se stabilise mais de fortes disparités
sont observées.
Si globalement la violence se stabilise, elle diminue et le climat
s’améliore dans les sites expérimentaux, alors que l’agressivité
des élèves à l’égard de leurs professeurs
a tendance à augmenter ailleurs.
A Marseille surtout, à Lille dans une moindre mesure, le nombre
de victimations baisse, le climat s’améliore. En revanche,
à Paris et dans sa banlieue la dégradation continue.
Suivant la solidité des équipes, les établissements
obtiennent des résultats très différents. C’est
le cas à Marseille où les progrès seraient encore
plus remarquables si le climat de deux établissements ne s’était
pas fortement détérioré.
La justice scolaire doit s’améliorer
Le recours aux classes de niveaux aggrave les phénomènes
de violence.
La gestion des transgressions est approximative, les punitions et
sanctions renforcent le sentiment d’injustice.
Les moyens ne suffisent pas
L’injection de moyens supplémentaires est justifiée
mais elle n’est efficace que lorsque des équipes d’adultes
ont pu se construire et se stabiliser.
2 - Evaluation quantitative : réalisée par les académies
et le ministère, elle confirme les conclusions des chercheurs
Globalement, sur tout le territoire au cours de l’année scolaire
1998-1999, le signalement de faits de violence grave se stabilise.
Les collèges toujours plus exposés bénéficient
d’une baisse sensible (-10%) tandis que dans les lycées professionnels
et surtout les lycées la dégradation semble continuer.
Les collèges engagés dans le travail en équipe
et dans les actions partenariales depuis longtemps obtiennent de meilleurs
résultats.
Des disparités fortes s’observent selon les départements,
les sites et selon le type d’organisation des établissements.
A Lille, la tendance est à la baisse et quelques établissements
ont réalisé des progrès extrêmement importants.
Dans le département de l’Oise entre le premier trimestre 1998-1999
et le premier trimestre 1999-2000, la violence baisse dans le site
(-40%) alors qu’elle se stabilise en dehors du site (-4,5%).
En Seine-St-Denis, la baisse est estimée à 5 % entre
1998 et 1999 mais les faits graves augmentent et les agresseurs sont
plus jeunes.
Dans le département du Rhône, de septembre 1998 à
décembre 1999, les signalements sont en baisse pour tous les
types d’incidents mais les collèges demeurent plus exposés.
Dans le site la diminution est plus sensible, elle atteint 20 % entre
le premier trimestre 1998-1999 et le premier trimestre 1999-2000.
Mais les atteintes au personnel sont les plus signalées.
Dans le département des Bouches du Rhône, la baisse est
remarquable puisqu’elle atteint 27 % en 2 ans dans le site expérimental
et 15 % dans le département dans la même période.
Dans le département du Vaucluse, l’augmentation des signalements
est de 50 % de 1997-1998 à 1998-1999 dans les écoles
primaires et maternelles (il s’agit essentiellement d’agressions verbales).
Elle est de 27 % dans les collèges du département alors
qu’on observe une baisse de 40 % dans le site expérimental.
Les aides éducateurs
Evaluation qualitative : des réussites et des faiblesses
Leur présence a participé au changement du climat de
nombreux établissements. Ils ont été d’autant
plus efficaces qu’ils ont pu être intégrés à
des équipes éducatives réellement constituées.
Des dérives ont été observées, notamment
quant à la réduction de leur rôle à la
pacification des cours de récréation et des couloirs.
Le manque de formation a quelquefois nui à leur intégration
dans une démarche véritablement éducative.
Le pilotage et l’organisation de la prévention et de la
lutte
Trois constats majeurs :
- La multiplication des dispositifs mis en œuvre pour améliorer
la sécurité dans la cité et dans l’école
n’atteint sa pleine efficacité que si toutes les institutions
et les personnes mobilisées comprennent les objectifs et le
fonctionnement et savent situer leur action dans un ensemble. Un besoin
d’information et d’animation est fortement ressenti.
- Les établissements se mobilisent vraiment quant le pilotage
académique et surtout départemental est réel
et visible. L’organisation du site de l’Oise est à ce titre
exemplaire. Des messages clairs et un travail collectif des chefs
d’établissement d’une zone sont une condition nécessaire)
à la réussite.
- Très clairement les établissements qui ont construit
des équipes pédagogiques et des équipes éducatives
associant les personnels d’éducation médico-sociaux
et les parents, qui ont fait vivre des partenariats solides et clairs,
qui ont mobilisé et formé des délégués
des élèves obtiennent des résultats très
supérieurs aux autres. Partout où la mobilité
des personnels est très forte les problèmes sont plus
nombreux et plus graves ou moins bien traités.
La Justice Scolaire
La notion de respect est devenue centrale pour les élèves
comme pour les enseignants. Quand les élèves n’ont pas
le sentiment d’être respectés, la violence, la consommation
d’alcool ou de haschich augmentent.
Le sentiment d’injustice, plus fort chez les collégiens français
que chez leurs camarades anglais, provoque également une augmentation
des conduites inadaptées ou violentes.
Les établissements qui ont travaillé collégialement
sur le règlement intérieur, explicité le régime
des sanctions, ont presque systématiquement amélioré
le climat. Ils ne sont pas majoritaires.
Les procédures disciplinaires
Dans les départements où un "site violence" est implanté
les conseils de discipline ont été multipliés
par 2, 3 ou 4 selon les lieux entre 1993-1994 et 1997-1998. On observe
une stabilisation en 1998-1999. Ils concernent des élèves
de plus en plus jeunes et prononcent plus souvent des exclusions définitives.
Des mesures alternatives au conseil de discipline doivent se développer
et le fonctionnement-même des conseils mérite d’être
revu.
III - La phase II du plan de lutte
contre la violence à l'école
1- UNE NOUVELLE ORGANISATION POUR UNE MOBILISATION GENERALE
Une
mission renforcée de coordination
Est créée, autour de l’Inspecteur général
André Hussenet, une mission renforcée. Elle est rattachée
au Ministre et travaillera en liaison étroite avec la Direction
de l’Enseignement scolaire. Elle aura pour rôle d’évaluer
les mesures mises en œuvre mais aussi d’animer et de faciliter l’action
de tous les services de l’Education nationale concernés, car
la lutte contre la violence implique par définition un fonctionnement
souple, transversal et très rapide. Elle prendra une dimension
interministérielle grâce à l’arrivée d’experts
en provenance du Ministère de l’intérieur (un commissaire)
et du Ministère de la Justice (un magistrat). Cette mission
sera opérationnelle à la rentrée des vacances
de février 2000.
Une
mission d’animation et de suivi pour l’Ile de France
Trois inspecteurs généraux du groupe de la vie scolaire
et des établissements seront affectés à une mission
d’animation et de suivi de la mise en place du plan en Ile-de-France.
L’Ile-de-France rassemble en effet les zones sur lesquelles les résultats
ont été les plus faibles. C’est là qu’un travail
de suivi et d’animation doit être renforcé.
Un
groupe de conseillers opérationnels
Ce groupe est composé de chefs d’établissements qui
ont, au sein de leur établissement, enregistré des résultats
très positifs. Ils apporteront leur expertise à la mise
en place opérationnelle des mesures de renforcement du plan
de lutte contre la violence. Les chefs d’établissements et
l’ensemble des personnels ont besoin d’outils pratiques, de guides
d’action qui donnent un cadre clair à leur action. Ce groupe
de conseillers opérationnels y contribuera.
Un
conseil des responsables de toutes les zones de lutte contre la violence
Chaque zone disposera d’un animateur, clairement désigné
et inscrit dans l’organigramme des rectorats ainsi que d’une cellule
opérationnelle. Ils seront, avec les Recteurs et les Inspecteurs
d’académie concernés, réunis tous les deux mois
pour permettre un meilleur suivi du plan mis en œuvre.
Cette réorganisation et cette nouvelle façon de travailler
sont des conditions nécessaires pour aider les établissements
et leurs équipes à réagir de façon plus
collective et plus cohérente face aux difficultés.
Un
point de rencontre interministériel tous les 15 jours est institué
Sur la base des données disponibles, des réunions de
travail seront organisées au niveau central. Elles réuniront
les collaborateurs des ministres de l’Intérieur, de la Justice,
de la Ville et de l’Education nationale. Elles permettront un point
régulier de la situation et un échange rapide d’informations
sur les zones les plus sensibles du territoire.
Un
travail collectif sur chaque zone avec tous les partenaires
Nécessaire à l’intérieur de la hiérarchie
et des structures de l’Education nationale, cette réaction
collective doit pouvoir s’étendre à toute une zone et
mobiliser l’ensemble des responsables, des agents de l’Etat et des
adultes qui travaillent et vivent dans un quartier.
A l’initiative du ministre délégué à la
Ville, une réunion des sous-préfets chargés de
la politique de la Ville et des responsables académiques sera
organisé au début du mois de mars. Elle permettra de
définir le cadre des actions conjointes à mener dans
les quartiers concernés par le plan de lutte contre la violence.
2. EVALUER ET INFORMER REGULIEREMENT
L’information et l’évaluation seront maintenues et surtout
suivies dans le temps.
Un
système de " remontées " journalières
des incidents a été mis en place. Destiné à
rester interne, il nourrira un échange avec les ministères
de l'Iintérieur, de la Justice et de la Ville tous les 15 jours.
Un
nouveau logiciel de saisie des déclarations d’incidents
est en cours de développement. Il sera implanté dans
tous les établissements, il permettra le suivi d’indicateurs,
nécessaires à l’information de l’opinion.
Ce
suivi national s’accompagnera d’un travail de suivi et d’information
mené à l’échelon des académies et des
établissements eux-mêmes. L’objectif est non seulement
d’informer les parents mais aussi de doter les différents niveaux
d’action d’instruments leur permettant une meilleure analyse de leur
situation et donc de meilleures réactions.
L’évaluation
des résultats de la phase II du plan de lutte contre la violence
sera continuée et ses résultats seront rendus publics
à la fin de cette année scolaire.
Les
évolutions enregistrées seront présentées
publiquement à l’issue de chaque trimestre par André
Hussenet, conformément à sa mission d’évaluation.
3. FAIRE VIVRE DANS TOUTE SA PLENITUDE L’ECOLE DU RESPECT
Parce qu’elle est d’abord un lieu d’apprentissage et d’éducation,
l’école ne peut tolérer la violence, quelles qu’en soient
par ailleurs les causes. Tout commence par l’apprentissage de la
morale civique.
Des principes directeurs
Tout
commence à l’école primaire
L’école primaire connaît également une montée
des phénomènes de violence. Le travail sur la discipline
et l’apprentissage des règles engagé sur l’enseignement
secondaire s’accompagnera d’un travail mené dans un esprit
identique pour l’école primaire, en prenant en compte les spécificités
structurelles des écoles maternelles et élémentaires.
Des pratiques nouvelles en matière de discipline, adaptées
à l’école primaire, seront proposées et donneront
à une discussion large avec l’ensemble des partenaires concernés.
Une place plus grande devra être faite à l’apprentissage
des règles de vie et de la morale, entendue au sens de construction
des repères, des valeurs et des notions de bien et de mal.
Ces mesures seront regroupées dans un guide diffusé
à toutes les écoles maternelles et élémentaires
et intitulé : " l’école du respect ".
Dans
le secondaire, il faut fonder la discipline scolaire sur des principes
inconstestables et transparents
Une étude menée sur les sanctions fait apparaître
que 38% des élèves jugent les sanctions scolaires injustes.
L’évolution du nombre des conseils de discipline, en augmentation
très sensible depuis plusieurs années et débouchant
plus fréquemment sur des exclusions définitives, fait
apparaître la difficulté éprouvée par les
établissements à réguler les tensions scolaires
dans le cadre des structures et des pratiques actuelles. Destiné
à fixer des règles de vie claires, le système
de sanctions actuellement pratiqué à l’école
est, paradoxalement, lui-même devenu générateur
de tensions graves.
Le bilan de la mise en œuvre du plan a montré que des inversions
spectaculaires de tendances peuvent être obtenues par un travail
sur la discipline interne, les règles de vie communes, la cohérence
et la transparence du système de sanctions. Dans tous ces cas,
la condition de réussite réside dans la cohérence
de l’attitude des adultes face aux élèves.
Pour créer un effet d’entraînement et sortir de la logique
du volontariat et de l’innovation individuelle qui rencontre nécessairement
des limites, une refonte des textes réglementaires était
nécessaire. Ils n’avaient, pour certains d’entre eux, pas été
revus depuis plusieurs décennies et n’offraient plus aux chefs
d’établissements et aux équipes du second degré
le cadre de référence dont elles ont besoin.
Des textes fondateurs de la discipline scolaire
Une
série de textes portant sur la discipline et le régime
des sanctions ainsi que sur les règlements intérieurs
ont été élaborés et font actuellement
l’objet d’une large discussion. Une table ronde a réuni le
26 janvier, au Ministère, les représentants des chefs
d’établissements, des enseignants, des parents et des élèves.
La discussion se poursuit. L’objectif est de disposer de textes pour
la rentrée prochaine.
Les textes
soumis actuellement à la discussion reposent sur deux idées
simples.
La première est d’appliquer à la discipline scolaire
les principes généraux du droit : légalité
des sanctions et des procédures (qui doivent donc de ce fait
être inscrites dans un règlement intérieur connu
de tous et applicable à tous), principe du contradictoire (qui
seul permet à l’élève de donner son point de
vue), proportionnalité, gradation et individualisation des
sanctions. Afin de permettre une cohérence des réactions,
une hiérarchisation des sanctions sera proposée.
La seconde est de renforcer la dimension éducative de l’acte
de sanctionner. La gradation des réponses et les alternatives
au conseil de discipline peuvent éviter le recours systématique
à l’exclusion des élèves. Un élève
exclu doit toujours faire l’objet d’un suivi.
Enfin
des mesures seront proposées pour lutter contre l’absentéisme
des élèves. La lutte contre l’absentéisme
qui est, dans certains établissements, un véritable
fléau, est un moyen efficace de prévention des violences.
L’efficacité, dans ce domaine, repose sur un travail régulier
et transparent avec les familles dont le rôle ne doit jamais
être perdu de vue.
La mise en oeuvre de ces textes fera l’objet d’une démarche
nationale d’information et d’animation qui associera les parents d’élèves,
les élèves eux-mêmes ainsi que les équipes
des établissements du second degré.
4. L’INTEGRATION AU CŒUR DE LA LUTTE CONTRE LA VIOLENCE
La fermeté et la cohérence des réponses des adultes
sont d’autant plus efficaces qu’elles s’appuient sur une écoute
et une vigilance plus grande portée aux difficultés
des élèves. L’école du respect est aussi une
école qui respecte les élèves.
L’intégration
par les classes relais, le dispositif "école ouverte"
et les "classes de ville"
Respecter les élèves, c’est tout mettre en œuvre pour
réconcilier avec l’école ceux qui n’en perçoivent
plus le sens. Deux dispositifs ont connu un important développement
en deux ans. Ils permettent tous les deux d’obtenir des changements
d’attitude de la part d’élèves, parfois en rupture violente
avec l’école. Ce sont les classes relais et les opérations
" école ouverte ".
Les
" classes de ville " permettent d’opérer
le même changement d’attitude à l’égard d’un quartier
et d’un environnement chez les jeunes. Mené conjointement avec
le ministère de la Ville, le développement des " classes
de ville " constituera un axe de travail entre ces deux
partenaires, conformément aux orientations de la circulaire
Education nationale/ ville.
L’intégration
des jeunes sortis sans diplôme
Les agressions sont parfois engendrées par le sentiment d’exclusion
qu’éprouvent des jeunes sortis trop tôt des structures
scolaires sans diplôme suffisant et sans perspective d’avenir
professionnel. Pour enclencher un mécanisme d’intégration
et modifier la perception de l’école, sera engagée,
dès cette année, une expérience de recrutement
de 2000 emplois jeunes ouvriers. De niveau CAP/ BEP, ils sont destinés
à renforcer les équipes ouvrières et de service
dont le rôle éducatif est important, au-delà de
leurs divers domaines d'activités, et ils bénéficieront
pour eux-mêmes de réelles possibilités d'insertion.
Sur un certain nombre de métiers existants (dans le bâtiment,
la restauration notamment) ou émergents, d'importants besoins
de recrutement existeront en effet dans les années à
venir et tout particulièrement dans le secteur public.
L’intégration
par les "chantiers écoles"
Dans un même esprit, des expériences de "chantiers
écoles", menées actuellement dans l’Essonne, seront
soutenues.
L’intégration
par de nouvelles pédagogies
Plus qu’une capacité à lutter contre l’échec
scolaire, les phénomènes de violence mettent en cause
la capacité des structures scolaires à s’assouplir et
à s’adapter pour éviter le décrochage ou le rejet
pur et simple. Dans les zones du plan de lutte, toutes les expériences
permettant de renforcer la présence auprès des élèves,
le dialogue et les pédagogies innovantes devront être
soutenues par les recteurs.
Le développement du Programme "Nouvelles Chances" constitue
à cet égard un réservoir de dispositifs et de
relais sur lequel devront s’appuyer les établissements.
Dans cet esprit, les établissements du plan de lutte bénéficieront
d’une priorité dans l’introduction des nouvelles
technologies.
5. LA CONCENTRATION DES MOYENS ET LA FOCALISATION DES ACTIONS OU
LE REFUS DU SAUPOUDRAGE
L’efficacité de la logique des zones
Les données statistiques montrent que la violence récurrente
est un phénomène concentré sur des points plus
ou moins étendus du territoire. L’action doit l’être
également. La logique de concentration des efforts sur des
territoires ciblés est donc maintenue.
La première phase du plan de lutte avait concerné essentiellement
les académies très urbaines les plus régulièrement
confrontées à des difficultés. Les zones y étaient
moyennes ou importantes comme en Ile-de-France. La zone de l’Oise,
de petite taille, y représentait une exception. Elle a enregistré
des résultats positifs. La dimension de la zone, parce qu’elle
facilite le travail d’animation, les réflexes collectifs et
la solidarité entre établissements, a joué un
rôle important dans l’infléchissement des résultats.
La création de cinq nouvelles zones
Seront concernées par ces nouvelles zones les académies
de Versailles et de Lille ainsi que celles de Strasbourg,
de Rouen et de Toulouse.
Cette extension répond à deux objectifs :
Le premier est de poursuivre l’effort dans des académies
déjà présentes dans le plan où des territoires
difficiles n’avaient pas bénéficié des mesures
engagées en 1998.
Le second est de répondre aux difficultés que
rencontrent de nombreuses grandes villes de province , sur des parties
très réduites de leur territoire. Ces difficultés,
moindres que celles enregistrées dans les grandes banlieues,
suscitent pourtant un très fort sentiment d’insécurité,
lui-même générateur de tensions.
|
Ajout
|
Total
|
Augmentation
|
|
Nombre
|
Nbre élèves
|
Nombre
|
Nbre élèves
|
Nombre
|
Nbre élèves
|
Etablissements
|
59
|
37 449
|
470
|
308 303
|
+ 14,30 %
|
+ 12,10 %
|
Ecoles
|
298
|
60 126
|
2 040
|
390 814
|
+ 17,10 %
|
+ 15,30 %
|
6. DES INTERVENTIONS IMMEDIATES SUR DES ETABLISSEMENTS CIBLES
Une vague immédiate
de 75 établissements ciblés
Ø Cette nouvelle logique veut
prendre en compte deux cas de figure :
Le premier est celui de l’établissement où des
faits de violence sont signalés de façon récurrente
mais qui est un établissement isolé dans un environnement
calme.
Le second est celui de l’établissement qui, tout en étant
déjà pris dans un dispositif de zone, présente
des résultats beaucoup plus négatifs que les établissements
qui l’entourent.
Ø Un échantillon de 75
établissements a été établi après
enquête auprès des recteurs. Ces établissements
présentent tous une évolution négative sur les
deux dernières années. Dans un souci d’efficacité,
la liste de ces établissements ne sera pas rendue publique. Seuls
les résultats obtenus seront communiqués à la fin
de l’année scolaire.
Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à
mettre en place, dès la rentrée de février, un
dispositif de sécurité renforcé autour de ces
75 établissements. Les mesures d'alerte et d'intervention, la
surveillance générale de l'établissement, en particulier
des entrées et des sorties, les mesures de contrôle et
de dissuasion seront strictement organisées.
Une
circulaire d’urgence a été adressée dès
le 27 janvier aux préfets et aux autorités académiques.
Tous les dispositifs seront en place dans un mois lorsque l’ensemble
des académies seront rentrées.
Cette réaction immédiate destinée à rétablir
la sécurité et à assurer à tous des conditions
normales de travail sera prolongée par un effort propre de l’Education
nationale. Chacun de ces établissements bénéficiera
d’une gamme de moyens complète notamment en personnels médico-sociaux.
Un soutien sera apporté, établissement par établissement,
aux équipes pour qu’elles se dotent de projets et de dispositifs
de prévention interne efficaces.
La convention de partenariat signée entre la Préfecture
de Police et l’académie de Paris permettra d’apporter une vigilance
particulière à la surveillance ddes abords des lycées
parisiens où des phénomènes récurrents de
racket ont été constatés.
Une
deuxième vague d’établissements à la fin du mois
de mars
- Un travail de même nature a déjà été
engagé avec le ministère de la Défense. Il
s’agit de répondre aux situations difficiles constatées
dans des établissements situés en zone de Gendarmerie.
- Une Convention nationale, signée dans les prochains jours,
fixera les conditions de coopération entre les structures de
l’Education nationale et de la Gendarmerie pour permettre un suivi
régulier des établissements effectué par un correspondant-jeunesse
et des interventions d’urgence.
- L’académie de Versailles qui compte des établissements
difficiles en zone de Gendarmerie servira d’académie-test, dès
la rentrée de février. Cette Convention concernera
d’ici la fin de l‘année 150 établissements et écoles
qui ont été recensés comme prioritaires par les
recteurs.
7. LES MOYENS, UN EFFORT CONSIDERABLE A LA FOIS QUANTITATIF ET QUALITATIF
Les moyens sont un préalable à la mise en œuvre de projets
collectifs dans les établissements et les écoles.
Dans
le prolongement de la logique du plan engagé en 1998, un
effort considérable est effectué dans le cadre de cette
phase II. Toutefois, pour répondre aux besoins précis
des établissements cet effort quantitatif s’est accompagné
d’un effort qualitatif. Les résultats de l’évaluation
ont permis de cerner plus précisément les besoins des
établissements.
Ces
besoins portent sur l’encadrement, l’éducation et l’assistance
et l’écoute des élèves. Cet apport important
de nouveaux personnels permettra d’assurer une présence éducative
auprès des élèves, nécessaire au développement
du dialogue, du suivi individuel des difficultés et à
la remédiation.
Des instructions seront envoyées aux recteurs pour qu’ils veillent
à l’implantation rapide et concentrée de ces personnels
sur les zones et les établissements qui rencontrent les plus
graves difficultés.
La
phase II du plan de lutte contre la violence s’appuiera ainsi sur l’apport
de :
- 100 infirmières, qui seront recrutées.
- 400 postes de surveillants à temps plein, sur les 1300
prévus au budget 2000, seront spécifiquement affectés
dans les établissements des zones de lutte contre la violence.
Ces 400 postes permettront, sur la base d’un mi-temps, de disposer dans
les établissements de 800 surveillants.
- En outre, pour répondre à des situations d’urgence,
400 surveillants, parmi ce contingent, seront recrutés, par
anticipation, dès le mois de février de telle sorte
qu’ils puissent arriver dans les établissements les plus en difficulté
dès le mois de mars. Ces surveillants pourront tous bénéficier
des stages de formation à la prévention de la violence
qui se mettent en place pour les aides éducateurs.
- 100 conseillers principaux d’éducation, dont la mission
auprès des élèves est primordiale dans les établissements,
seront destinés aux établissements des zones de lutte
contre la violence.
- 4000 aides éducateurs supplémentaires, qui bénéficieront
tous d’une formation spécifique à la prévention
de la violence et à la médiation, seront recrutés
dès le mois de février.
- Enfin, 2000 emplois jeunes ouvriers, dispositif nouveau d’intégration
de jeunes de niveau CAP/ BEP, seront recrutés dans les établissements
des zones dès le mois de février.
Au total, ce sont 7000 personnes supplémentaires
qui viendront étoffer les équipes des établissements
concernés par l’ensemble des zones du plan.
Elles pourront toutes bénéficier d’une
formation à la prévention de la violence et, pour
certaines d’entre elles, à la médiation.
|
Cet effort
exceptionnel de l’Education nationale sera complété par
l’apport de 1000 adultes relais de la politique de la Ville.
Ils interviendront dans les établissements pour assurer le lien
indispensable avec les familles et pour apporter aux élèves
un encadrement éducatif dans les temps non scolaires de la journée :
le temps de la récréation, de la cantine, de l’accueil
et des sorties.
8. DES DISPOSITIFS DE FORMATION NOUVEAUX ET ADAPTES AUX BESOINS
La formation pour tous constituera une priorité essentielle de
la nouvelle phase du plan de lutte contre la violence.
La
formation des aides éducateurs
- Un dispositif totalement nouveau de formation des emplois jeunes
se met en place dans la deuxième phase du plan. Il concernera
à terme les 5000 aides éducateurs recrutés dans
le cadre de la première phase et les 5000 aides éducateurs
supplémentaires de la nouvelle phase. 30 MF sont disponibles
pour assurer la montée en puissance de ce dispositif.
Regroupés sur deux mois, après le recrutement et l’entrée
en fonctions, des stages en alternance permettront non pas de transformer
les aides éducateurs des collèges et des lycées
en " professionnels de la sécurité "
mais de les adapter à leurs missions de prévention de
la violence scolaire. Sur la base d’un cahier des charges, les recteurs
et les inspecteurs d’académies des zones sensibles élaborent
actuellement des projets de formation qui seront validés par
un comité de pilotage national présidé par une
universitaire, Madame Jacqueline Costa-Lascoux.
Organisés avec l’aide d’un collectif regroupant les grandes associations
complémentaires de l’école, ces stages comprendront outre
une formation à la vie scolaire des établissements et
aux politiques mises en œuvre, un volet de formation menée en
partenariat avec l’ensemble des institutions concernées par la
violence scolaire (Police, Gendarmerie, Protection Judiciaire de la
Jeunesse, responsables de la Politique de la Ville). Ce dispositif nouveau
est actuellement testé en Seine-Saint-Denis.
Un
dispositif de validation des acquis professionnels est engagé
avec les trois IUT délivrant actuellement en France des DEUST
de médiation urbaine et sociale.
Un plan de développement de ce type de formations qui correspondent
à de nouveaux besoins a été programmé. Ce
plan de développement permettra dès la rentrée
2000 la mise en place d’un diplôme universitaire de médiation
sociale :
- A l’IUT de Villetaneuse sur le site de Bobigny, rattaché aux
département " carrières sociales "
ouvert également lors de la prochaine rentrée.
- A l’IUT de Montreuil, très impliqué dans les projets
de médiation sociale (classe relais accueillie à l’IUT,
travail en réseau avec la municipalité…).
La mise en place de ces nouveaux diplôme universitaires sera accompagnée
de moyens.
Ce diplôme universitaire bénéficiera d’une reconnaissance
de l’Etat, selon des modalités qui comprendront une validation
des acquis professionnels.
Enfin, dès
la rentrée prochaine, sera créée une nouvelle option
de " gestion urbaine " au sein de la spécialité
de DUT "carrières sociales". Le contenu de cette formation,
qui sera présentée au CNESER dans un mois, intégrera
les acquis et les nouvelles orientations du plan de lutte contre la
violence dans les établissements.
C’est une nouvelle dynamique de formation qui se met en marche. Elle
répond à un besoin fondamental des équipes dans
les établissements. Elle modifiera, à terme, les contours
de la formation initiale et continue des personnels. D’ailleurs, d’ores
et déjà, l’expérience initiée en Seine-Saint-Denis
montre l’effet d’entraînement très positif que peuvent
susciter ces dispositifs de formation pour l’ensemble des personnels
de l’Education nationale.
La
formation des enseignants et des équipes
Parallèlement au développement de la formation des aides
éducateurs des collèges et des lycées, un dispositif
de formation sera mis en place pour les MI-SE et l’ensemble des personnels
des établissements du plan de lutte contre la violence. Des
plans de formation continue seront élaborés dans chaque
académie. La réforme des IUFM fera de cette dimension
une de ses priorités.
9. LE RENFORCEMENT DE L’ACTION DE LA JUSTICE ET DE LA POLICE
Devant
des faits graves, le refus de l’impunité reste indispensable.
- Affirmée comme un des axes forts du plan de lutte contre la
violence scolaire, cette fermeté est à la base des pratiques
de tous les établissements qui obtiennent des résultats
positifs. Devant des faits graves, la réaction immédiate
de la Justice et la sanction sont indispensables pour briser la spirale
de la violence, rappeler le droit et respecter la souffrance des
victimes, qu’il s’agisse d’élèves ou de personnels et
surtout assurer la prise en charge éducative des auteurs.
- Les textes et les réponses judiciaires en matière de
lutte contre la délinquance des mineurs ont considérablement
évolué depuis deux ans. Outre les poursuites susceptibles
d’être engagées sur la base des textes du code pénal
sanctionnant les dégradations, les violences volontaires, le
port d’armes, la loi du 17 juin 1998 a créé une circonstance
aggravante pour les violences commises sur des mineurs dans le cadre
de leurs activités scolaires ou sur le personnel par des élèves
ou des tiers.
Surtout, car il s’agissait là d’une disposition très
attendue, cette loi fait obligation aux Parquets d’informer les chefs
d’établissements des suites données aux procédures
engagées, de telle sorte qu’ils soient informés des décisions
prises par l’autorité judiciaire.
Une
instruction du Garde des Sceaux sera adressée à tous les
Parquets dès la rentrée de février. Cette instruction
rappelle aux autorités judiciaires la priorité qu’ils
doivent accorder au traitement des actes de violence dans et autour
de l’école. L’application des dispositions actuelles sera renforcée.
Parallèlement
à cette instruction générale du Garde des Sceaux,
une circulaire générale de cadrage du partenariat entre
l’Education nationale et la Police, signée conjointement
par le Ministre de l’Intérieur et le Ministre de l’Education
nationale sera adressée au début du mois de février
aux Préfets ainsi qu’aux Recteurs et aux Inspecteurs d’Académie.
Elle apporte à tous les niveaux hiérarchiques les précisions
et les références nécessaires pour renforcer une
coopération déjà bien engagée depuis deux
ans.
10. LA SOLIDARITE
La
solidarité contre le silence
- En matière de lutte contre la violence, l’efficacité
provient de adhésion de tous, de la mobilisation collective et
de la prise de responsabilité individuelle. Parler, alerter,
dénoncer doivent être considérés par tous,
dans l’enceinte des établissements et à l’extérieur,
comme des actes de civisme.
Les dispositifs nationaux seront mobilisés au travers notamment
d’une nouvelle campagne contre le racket dans tous
les établissements.
- Mais l’essentiel se joue dans les établissements eux-mêmes.
C’est pourquoi, à partir d’un document pédagogique élaboré
par la Direction de l’Enseignement scolaire, une journée de
débat sera consacrée après la rentrée des
vacances de février dans toutes les écoles et dans tous
les établissements du second degré, à l’importance
de parler pour refuser la violence. Tous les personnels de l’Education
nationale, en liaison avec tous les partenaires concernés par
cette question, devront ce jour-là engager un débat et
un travail avec les élèves et les familles. L’importance
de l’article 40 du code pénal, le lien entre civisme et refus
de la violence pour soi et pour les autres devront être rappelés.
La
solidarité avec les jeunes et les parents
- La mobilisation collective contre la violence est un enjeu important
dans la réussite de la lutte contre la violence. Seule cette
mobilisation collective et civique peut amener une inversion durable
de tendance. Les programmes de télévision ont enregistré
depuis deux ans une baisse régulière des programmes violents.
Cette évolution est régulièrement suivie par le
Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Cette mobilisation constituera
une des priorités de la nouvelle phase.
- Dans l’immédiat, des clubs anti-violence, permettant
des échanges entre élèves et un dialogue entre
adultes et jeunes au sein des établissements seront mis en
place dans tous les établissements du second degré.
La mise en place des clubs anti-violence constitueront un des thèmes
de travail des futurs conseils de la vie lycéenne dont seront
dotés, à la rentrée prochaine, tous les lycées,
après publication du projet de décret soumis au mois de
décembre au Conseil Supérieur de l’Education. Associant
les élèves et leurs familles, ces clubs anti-violence
seront une occasion de formation des parents et d’implication dans la
vie des établissements.
La Direction de l’Enseignement scolaire assurera en lien avec un Comité
national de soutien aux projets le suivi du développement
de ces clubs. Ce Comité national de soutien sera présidé
par Georges CHARPAK. Il regroupera notamment de grandes associations
qui apporteront un appui aux projets des établissements.
La solidarité
avec les victimes, un devoir pour toute l’institution scolaire
L’assistance aux victimes comporte plusieurs dimensions. La
première est l’assistance psychologique et morale.
Des cellules d’intervention seront implantées dans chaque
zone de lutte contre la violence. Ces cellules comporteront notamment
des personnels spécialisés dans l’assistance psychologique,
des personnels d’éducation. Ils interviendront à la demande
des établissements pour un travail collectif et pourront également
proposer une assistance individuelle et anonyme.
Une convention expérimentale entre le Ministère de
l’Education nationale et la Mutuelle Générale de l’Education
Nationale (MGEN), ciblée sur l’Ile de France, permettra la
mise à disposition de l’expertise et de personnels spécialisés.
2- L’assistance juridique à l’égard des victimes
est une responsabilité de l’Institution. L’élaboration
d’une politique de développement des capacités d’assistance
juridique des rectorats a été confiée à
la Directrice des Affaires Juridiques du Ministère. Ce plan fera
l’objet d’une communication au mois de mars. Son objectif est de doter
les rectorats de services juridiques des moyens qui leur permettent
d’assurer une bonne prise en charge de l’ensemble des agents victimes
d’agressions.
- Sans attendre ce plan, une instruction des ministres sera
adressée à l’ensemble de la hiérarchie afin qu’elle
assume son rôle d’assistance morale d’un bout à l’autre
d’une procédure. Aucun personnel ne doit se retrouver seul sur
le banc des victimes au moment du procès. Cette prise en charge
implique la connaissance et la bonne utilisation d’un ensemble de procédures
( dépôt de plainte, constitution de partie civile, etc…)
qui doivent être parfaitement maîtrisées. Un guide,
élaboré par la Direction des Affaires Juridiques, sera
diffusé à l’ensemble des responsables de l’Education nationale.
- Les actions engagées dans le cadre de la Convention passée
avec l’INAVEM seront amplifiées. 24 départements sont
d’ores et déjà concernés. L’étape engagée
cette année est celle de la généralisation
à l’ensemble du territoire.
La
solidarité avec les jeunes enseignants travaillant dans des quartiers
difficiles
Le travail en équipe se heurte dans certaines académies
au renouvellement permanent des équipes des établissements,
engendré par les demandes de mutations du mouvement national.
Des mesures ont été prises pour limiter cette concentration
dans le cadre du prochain mouvement : un capital de 50 points de
barème a été donné à tous les jeunes
titulaires.
Ces jeunes enseignants sont fragilisés par des conditions d’installation
souvent difficiles dans des quartiers dont ils ne connaissent que les
aspects les plus dramatiques.
- C’est pourquoi une politique d’aide à l’installation et au
logement des jeunes enseignants dans les zones urbaines difficiles sera
mise en place dès la rentrée 2000. Ils bénéficieront
désormais d’une prime modulable pouvant aller jusqu’à
4000 francs, mesure pour laquelle 30 MF de crédits ont été
mis au budget.
- Dans l’immédiat, des instructions seront données
aux recteurs pour qu’ils veillent à la qualité de l’accueil
des jeunes enseignants au sein de leur nouvelle équipe pédagogique.
De façon plus générale, l’accueil systématique
dans un quartier ou une ville, la présentation des dispositifs
locaux leur permettraient à coup sûr une meilleure intégration.
- Dans cet esprit, des discussions seront engagées dans les
prochaines semaines avec l’association des Maires de France, l’association
des Présidents de Conseils Généraux et l’Association
des Présidents de Conseils régionaux.
Annexe - Rappel de la phase I du plan
de lutte contre la violence à l'école
Un dispositif
de lutte contre la violence a été engagé en 1998
Annoncé
en novembre 1997 et engagé sur le terrain en janvier 1998,
le plan de prévention et de lutte contre la violence scolaire
a concerné les six académies les plus confrontées
aux phénomènes de violence : Aix-Marseille, Amiens,
Créteil, Lille, Lyon, Versailles.
Au total, 411 établissements du second degré (291
collèges, 65 lycées d’enseignement général
et technologique, 54 lycées professionnels, 1 EREA).
Soit : 270 854 élèves.
Autour de ces établissements du second degré, ont été
réunies, selon une logique de réseau, les écoles
relevant de leur secteur, soit 1742 écoles maternelles et
élémentaires, pour un total de 330 668 élèves.
L’objectif de ce plan a été de mettre en œuvre une
nouvelle logique d’action.
• Une nouvelle logique d’action
L’état de la situation rendait urgente une concentration de
moyens très forte sur des zones délimitées.
Ces zones ont été déterminées par les recteurs
après concertation avec le ministère de l’Intérieur.
Les chiffres
Sur les deux années de mise en œuvre du plan, les 411 établissements
et les écoles des sites de lutte contre la violence ont bénéficié
de :
- 400 postes de personnels médico-sociaux (infirmières
et assistantes sociales)
- 100 postes (ETP) de médecins scolaires
- 100 postes d’encadrement et de direction (conseillers principaux
d’éducation et adjoints de direction)
- 5 000 aides-éducateurs.
Les 6 académies ont, dans le même temps, reçu 10
000 aides-éducateurs et 400 postes d’ATOS.
La progression des phénomènes de 1995 à 1998 et,
parallèlement, du sentiment d’insécurité imposait
à la fois une réaction immédiate et un travail
de fond.
1- La réaction immédiate
Refuser l’impunité pour les agresseurs
Le partenariat de ces 4 institutions-clefs que sont l’Education nationale,
la Gendarmerie, la Justice et la Police est crucial pour apporter des
réponses immédiates aux situations de violence.
Les contrats locaux de sécurité leur ont fourni un cadre
durable et efficace.
Le dispositif judiciaire en matière de lutte contre la délinquance
des mineurs s’est étoffé et a, sur certains points, profondément
évolué en deux ans.
Depuis la loi du 17 juin 1998, il est prévu une aggravation des
sanctions pénales encourues pour des faits de violence commis
à l’intérieur d’un établissement scolaire ou éducatif
ou à ses abords.
Depuis cette loi, il est également fait obligation aux Parquets
d’informer les chefs d’établissements des suites données
aux procédures engagées, de telle sorte qu’ils soient
informés des jugements et de la tenue du procès.
Les dispositions de cette loi ont été reprises dans une
circulaire parue au BO spécial du 2 octobre 1998 accompagnée
d’un guide d’action pour les chefs d’établissements. Cet outil
de travail, qui leur faisait défaut, leur indique les attitudes
et les procédures à adopter face à chaque type
d’incidents.
Les décisions du Conseil de sécurité intervenues
en 1998 en matière de délinquance des mineurs ont élargi
la palette mise à la disposition des juges. Les données
en provenance du ministère de la Justice montrent toute l’importance
d’une intervention rapide de l’appareil judiciaire. Plus de 50 % des
jeunes passées devant les juges pour enfants ne récidivent
pas.
Une instruction générale du Garde des Sceaux a été
adressé aux Parquets rappelant la priorité particulière
des actes ou agressions à l’encontre des personnels de l’Education
nationale.
Soutenir les victimes
Tout incident est un traumatisme d’abord pour la victime mais aussi
pour la communauté de l’établissement. Cette dimension
a constitué un des axes du plan de lutte. Les sites expérimentaux
ont tous développé des actions en faveur des victimes :
cellules d’écoute locales, prise en charge des traumatismes engendrés
par des agressions, création de groupes de parole avec toutes
les catégories de personnels, création de centres ressources
auprès des inspections académiques.
Ces actions ont été complétées par la signature
le 9 mars 1999 d’une convention avec l’Institut national d’aide aux
victimes et de médiation (INAVEM) dans 14 départements
(Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Nord, Oise, Bas-Rhin, Rhône,
Paris, Seine-Maritime, Yvelines, Vaucluse, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis,
Val-de-Marne, Val d’Oise). Un colloque national a fait le point des
actions menées dans ce cadre le 25 octobre 1999.
Une cellule " SOS Violences 08 01 55 00 " a été
créée depuis septembre 1998 avec ouverture d’un N° AZUR
pour soutenir les victimes de violence sexuelle, de bizutage et
de racket et les aider à sortir de la loi du silence. Une campagne
contre le racket a été organisée dans tous les
collèges.
2- Un travail de fond éducatif et préventif
A côté de la réaction immédiate, le plan
prévoit l’engagement d’un travail éducatif dans plusieurs
directions.
Le premier axe a consisté à diversifier les réponses
de l’institution face aux difficultés scolaires des élèves.
Pouvant aller de la simple difficulté scolaire jusqu’à
l’échec grave, voire à ce qu’il est convenu d’appeler
le " décrochage " et la déscolarisation,
chaque situation mérite une réponse adaptée.
Si le tutorat ou les contrats de réussite développés
respectivement dans la réforme des collèges et la politique
des ZEP permettent de répondre aux difficultés scolaires,
en revanche le rejet de la scolarisation voire la scolarisation ont
suscité des réponses nouvelles : ce sont, d’une part
" les classes relais " et d’autre part " le
programme Nouvelles Chances ".
Le renforcement de la présence des adultes, grâce
notamment aux aides-éducateurs, a permis une plus grande continuité
éducative tout au long de la journée des élèves.
Le développement des comités d’éducation à
la santé et à la citoyenneté a permis un travail
collectif autour des difficultés ou des préoccupations
des jeunes dans tous les sites du plan.
Enfin le renforcement et la mise en cohérence de l’éducation
civique tout au long de la scolarité (de la maternelle au
lycée) a permis de commencer à développer la sensibilité
des jeunes aux valeurs et aux règles de toute vie en société
ainsi qu’à leurs responsabilités futures de citoyens.
Des établissements à taille humaine
Toutes les analyses montrent l’importance de ce que l’on appelle communément
l’ "effet-établissement ". La taille des
collèges était, tout particulièrement en Ile-de-France,
un facteur aggravant des tensions scolaires. C’est pourquoi un programme
de partition des plus gros collèges a été engagé
en 1998.
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