Le Système d'enseignement contemporain en France

 

L'enseignement public français est organisé sur la base des principes de la laïcité, de l'instruction obligatoire jusqu'à seize ans, et de la gratuité du service public.
La loi d'orientation de juillet 1989, complétée par la loi de programmation du " Nouveau contrat pour l'école " votée au Parlement en juillet 1995, a défini les objectifs et les règles de fonctionnement du système d'enseignement. Il s'agit de " permettre à chacun de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle, d'exercer sa citoyenneté.
L'acquisition d'une culture générale et d'une qualification reconnue est assurée à tous les jeunes, quelle que soit leur origine sociale, culturelle ou géographique " (article 1 de la loi d'orientation de juillet 1989).

Organisation de la scolarité: La scolarité en France s'organise selon cinq niveaux d'enseignement : école maternelle, école élémentaire, collège, lycée, enseignement supérieur.

Écoles maternelle et élémentaire

La scolarité de l'école maternelle et de l'école élémentaire est organisée en trois cycles :

  • le premier cycle, dit " cycle des apprentissages premiers ", a lieu à l'école maternelle (petite section, moyenne section, grande section) ;

  • le deuxième cycle, dit " cycle des apprentissages fondamentaux ", est engagé dans la grande section de l'école maternelle et se continue lors des deux premières années de l'école élémentaire (cours préparatoire, cours élémentaire 1) ;

  • le troisième cycle, dit " cycle des approfondissements ", s'étale sur les trois dernières années de l'école élémentaire (cours élémentaire 2, cours moyen 1 et cours moyen 2) et débouche sur les années d'étude au collège.

L'enseignement élémentaire comprend vingt-quatre heures hebdomadaires de cours et deux heures d'études dirigées. Le contenu des programmes a été redéfini en 1995 pour accorder une large place à l'apprentissage de la lecture et à la production d'écrits, alléger le programme des mathématiques et introduire l'enseignement des langues vivantes " à titre expérimental et sur la base du volontariat ". L'éducation civique est enseignée dès le deuxième cycle, tandis que l'enseignement de l'histoire-géographie ne commence qu'au troisième cycle.

Le collège

Le collège accueille tous les élèves qui sortent de l'école primaire, à l'exception des enfants étrangers récemment arrivés en France, qui sont pris en charge par les Centres d'études pour la formation et l'information sur la scolarisation des enfants de migrants (CEFISEM), et à l'exception des jeunes handicapés, qui sont intégrés dans diverses structures spécialisées (classes de perfectionnement, lycées d'enseignement adapté, instituts médico-pédagogiques).

Depuis 1982, des zones d'éducation prioritaire (ZEP) ont été mises en place. Chacune d'entre elles regroupe les établissements scolaires d'une zone dont le secteur de recrutement est caractérisé par des difficultés socio-économiques. Ces zones bénéficient de moyens financiers et pédagogiques renforcés. En 1995, elles concernaient 1 300 000 élèves et 6 176 établissements.

Le " Nouveau contrat pour l'école " a réorganisé les études au collège : la réforme a été mise en place dans 368 collèges sélectionnés, depuis la rentrée 1994 pour la 6e jusqu'à la rentrée 1997 pour la 3e, et elle le sera pour tous en 1998. Selon cette réforme, la scolarité du collège comprend trois cycles : la 6e propose un cycle d'observation et d'adaptation à l'enseignement secondaire (une évaluation est établie en français et en mathématiques ; un dispositif de consolidation est mis en place pour offrir aux élèves en difficulté la possibilité d'une remise à niveau individualisée) ; la 5e et la 4e constituent un cycle d'approfondissement (les élèves de 5e peuvent choisir en option le latin ou un enseignement approfondi des sciences expérimentales ou de la technologie) ; la 3e fonctionne comme un cycle d'orientation préparant aux enseignements généraux, technologiques ou professionnels des lycées. À l'issue de la 3e, un diplôme national sanctionne les études : le brevet des collèges. Il est décerné par un jury départemental selon les résultats obtenus en 4e et en 3e, et à l'issue de trois épreuves écrites (français, mathématiques et histoire-géographie).

À la fin de la 5e (30 % des cas) ou de la 3e (25 % des cas), certains élèves s'orientent vers l'apprentissage. Ils entrent dans un centre de formation d'apprentis (CFA), privé ou public, financé par la taxe d'apprentissage (impôt proportionnel à la masse salariale de l'entreprise), et reçoivent une formation en alternance : une semaine de formation générale et trois semaines en entreprise, où ils bénéficient d'un contrat de travail et d'une rémunération (80 % des apprentis sont dans des entreprises de moins de 10 salariés).

En 1993, 230 000 élèves étaient en apprentissage, massivement dans des CFA privés, alors qu'il y avait 300 000 apprentis en 1960. Leur nombre est beaucoup plus faible qu'en Suisse, en Allemagne ou au Japon. Les apprentis préparent essentiellement un CAP (certificat d'aptitude professionnelle), mais 5 200 d'entre eux préparent un BEP (brevet d'études professionnelles), 7 000 un baccalauréat professionnel et 850 un BTS (brevet de technicien supérieur).

Le lycée

La rénovation des études au lycée a été engagée en 1992 par l'introduction de modules en seconde et première ainsi que par la réforme du baccalauréat. La scolarité des lycéens se déroule selon deux cycles : un cycle de détermination (seconde) et un cycle terminal (première et terminale). Il y a deux types de lycées : le lycée professionnel (LP, anciennement lycée d'enseignement professionnel, LEP) et le lycée d'enseignement général et technologique (LEGT).

Le LP accueille des élèves de 3e et les prépare en deux ans à un CAP ou à un BEP, selon une formation en alternance. L'obtention d'un BEP ou d'un CAP permet à l'élève de préparer en deux ans un baccalauréat professionnel (filière créé en 1986) ou un baccalauréat technologique, en deux ans également, en passant par une première d'adaptation puis par une terminale technologique (sciences et technologies industrielles ou sciences et technologies tertiaires).

Le LEGT comprend une seconde générale et technologique dont l'enseignement est commun à tous les élèves : français, mathématiques, physique-chimie, biologie-géologie, langue vivante 1, histoire-géographie, éducation physique et sportive, réparti en vingt-trois heures et demie hebdomadaires (vingt-quatre heures et demie si la biologie-géologie est remplacée par la technologie des systèmes automatisés en vue d'une orientation technologique), et trois heures de modules (en français, mathématiques, histoire-géographie, langue vivante 1). Les modules, qui regroupent des élèves en nombre réduit, sont destinés à leur apporter une aide individualisée, diagnostiquée grâce à l'évaluation à laquelle sont soumis tous les élèves entrant en seconde. L'élève doit choisir deux options parmi celles qui lui sont proposées en fonction de son orientation future. La première et la terminale offrent la possibilité de trois voies générales : littéraire (L), économique et sociale (ES), scientifique (S), et de quatre voies technologiques : sciences et technologies industrielles (STI), sciences et technologies de laboratoire (STL), sciences et technologies tertiaires (STT), sciences et techniques médico-sociales (STMS). Ces deux dernières classes ont pour finalité l'obtention du baccalauréat.

Le baccalauréat

Il constitue le premier diplôme et le premier grade universitaires. C'est pourquoi il autorise une inscription en université L'épreuve de français anticipée, à la fois écrite et orale, se passe à la fin de la première. L'examen en fin de terminale comporte des épreuves obligatoires et des épreuves facultatives, des épreuves écrites et des épreuves orales, ainsi que des options facultatives pour lesquelles ne sont comptabilisés que les points au-dessus de la moyenne. Créé en 1808, le baccalauréat s'est diversifié au niveau des baccalauréats généraux, tandis qu'étaient créés des baccalauréats technologiques et professionnels. En 1995, pour tous les baccalauréats et pour 665 788 candidats, le taux de réussite était de 75,9 %. Les reçus représentaient 63 % d'une classe d'âge, contre 58,9 % en 1994 et 28,1 % en 1983. Cependant, il faut noter que les bacheliers en activité ne représentent que 21,8 % de la population active. La répartition des inscrits aux différents baccalauréats en 1995 était la suivante : 58,5 % aux baccalauréats généraux, 27,7 % aux baccalauréats technologiques et 13,8 % aux baccalauréats professionnels.

L'enseignement supérieur

Les lycées assurent un enseignement post-baccalauréat avec les sections de techniciens supérieurs (STS), qui préparent en deux ans au brevet de technicien supérieur et connaissent un grand afflux d'élèves, et les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) scientifiques, littéraires, commerciales et technologiques, qui préparent en deux ans aux concours des grandes écoles et recrutent sur dossier scolaire.

Des groupements d'établissements (GRETA) assurent une formation continue pour adultes depuis 1974, délivrant des diplômes allant du CAP au BTS. L'obtention du baccalauréat permet de s'inscrire dans l'enseignement supérieur : les universités et les instituts universitaires de technologie (IUT).

Les IUT, créés en 1966 au sein des universités, assurent une formation de technicien supérieur moins spécialisée que celle des BTS. Le contenu des formations est revu constamment en fonction des évolutions technologiques et socio-économiques. L'admission des étudiants bacheliers se fait sur examen du dossier et entretien, tandis que des non-bacheliers sont admis sur examen spécial et dans la limite de 10 % des places disponibles. Les deux années d'études sont sanctionnées par le diplôme universitaire de technologie (DUT). Les formations préparent aux carrières de l'information, sociales, juridiques, de gestion, de biologie appliquée, de mesures physiques... Les diplômés des IUT, ainsi que les titulaires de BTS, peuvent, après trois ans d'activité professionnelle, entrer dans une formation conduisant au diplôme d'ingénieur.

Les études universitaires longues sont, en général, organisées en trois cycles : un premier cycle de formation générale et d'orientation de deux ans (au maximum trois ans), sanctionné par un diplôme d'études universitaires générales (DEUG) depuis 1973 ; un deuxième cycle d'approfondissement, de formation générale, scientifique et technique de haut niveau, sanctionné par une licence (DEUG + un an) et une maîtrise (licence + un an) - il y a des maîtrises à finalité professionnelle qui peuvent conduire au titre d'ingénieur ou au magistère ; un troisième cycle de haute spécialisation et de formation à la recherche, sanctionné soit par un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) à finalité professionnelle, soit par un diplôme d'études approfondies (DEA) menant en deux ou quatre ans au doctorat.

Les études de médecine, de pharmacie et de chirurgie dentaire sont organisées de manière spécifique.

Il faut ajouter qu'un enseignement à distance (télé-enseignement universitaire) est organisé par certaines universités et est offert aux étudiants qui sont désireux de préparer un diplôme national tout en étant incapables de suivre les cours pour des raisons de force majeure. Un tel enseignement s'adresse à un public plus large, qui inclut adultes et auditeurs libres. Le Centre national d'enseignement à distance (CNED) prépare également au baccalauréat et à des concours de la fonction publique. Certains centres universitaires assurent une formation continue, tandis que le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et ses centres régionaux accueillent gratuitement des auditeurs salariés dans des cours du soir. Enfin, il existe des universités du 3e âge.

Les enjeux de l'enseignement

Le système scolaire et universitaire est désormais ouvert au plus grand nombre, ce qu'on ne saurait confondre cependant avec une démocratisation réussie. Tous les responsables de l'enseignement assurent en effet que cette démocratisation est devenue l'enjeu essentiel.
En même temps qu'évoluaient les effectifs des élèves et des étudiants, la notion d'échec scolaire s'est imposée dans les débats sur l'enseignement. Tant que le système était cloisonné et hiérarchisé, l'organisation scolaire était clairement perçue comme reproduisant les divisions sociales. Dans un système ouvert à tous, dont les critères de sélection sont moins nettement définis, ce qui était intériorisé comme un destin social est maintenant vécu comme un échec personnel.
Un autre défi doit être relevé par le système de l'enseignement, celui de son adaptation au système de la production. Cette demande lui est adressée de manière d'autant plus pressante que le taux de chômage est élevé : à côté du traitement économique et social du chômage, on attend beaucoup de son traitement scolaire. S'il est clair que l'enseignement ne peut ignorer sa finalité professionnelle, il ne saurait en tenir compte par une adaptation mécanique aux attentes du marché du travail. La mission de l'enseignement est d'assurer la formation, avant tout intellectuelle, du plus grand nombre.

La coopération européenne

Des programmes européens d'enseignement ont été mis en place au niveau de la formation initiale et sont regroupés, depuis mars 1995, dans le programme Socrates. Il comprend notamment Erasmus, qui permet aux étudiants de suivre une partie de leur cursus universitaire dans une autre université que celle de leur pays d'origine, Lingua, qui a pour ambition d'améliorer la connaissance des langues étrangères, Comenius, qui permet l'organisation d'une coopération entre des établissements du premier ou du second degré de pays différents, Comett, qui concerne la formation technologique de niveau supérieur, et Petra, qui organise des échanges d'enseignants avec les pays d'Europe centrale et orientale. L'existence de tels programmes, qui visent à homogénéiser les enseignements européens, est l'indice qu'il existe des spécificités nationales fortes. On peut les repérer, en particulier, dans la diversité des contenus d'un cycle scolaire. Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, l'élève est jugé sur la base d'un certain niveau de connaissance qui ne renvoie pas à un programme précis. En Espagne et au Danemark, les programmes sont déterminés de manière décentralisée, depuis l'État jusqu'à l'établissement scolaire. En Allemagne, les programmes sont définis régionalement dans un cadre fédéral souple. En France, en Italie et en Grèce, les programmes sont arrêtés au niveau national.