ECOLE-FAMILLE PARTENARIAT ?
QUELLE EST LA PLACE DES PARENTS DANS LE SYSTEME EDUCATIF ?

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La place institutionnelle des parents dans l’école constitue une donnée nouvelle et fondamentale de la relation famille - école. Leur place a évolué. Au départ, l’école s’est construite dans le rejet des familles et des individualités au nom de l’universalité de la raison. L’école avait pour vocation de transcender les différences en arrachant l’enfant à sa famille et aux entraves et particularismes locaux, ceci afin de constituer l’Etat - Nation, L’enfant passé par l’école devient à son tour " l’éducateur de ses parents " F.BUISSON

Les territoires des parents et des enseignants étaient nettement séparés: Education et Instruction.

L’école a longtemps été considérée comme un sanctuaire. Les seules relations entre l’école et les familles étaient des relations formelles et intangibles: le carnet de notes, le bulletin trimestriel avec les annotations des professeurs, la convocation des parents ou leur signature en bas d’un devoir ou d’une punition.

Leur statut évolue avec la société (changement des moeurs, essor économique, amélioration du niveau de vie, l’enfant peut alors passer plus de temps à l’école), tout comme celui de l’enfant (évolution de la place et des sentiments exprimés envers l’enfant, augmentation de l’affect et l’élève est alors appréhendé comme un enfant).

Le changement amorcé surtout dans les années 60/70 entraîne que ce n’est plus sur la naissance mais sur la performance que doit être déterminée la carrière scolaire, c’est la massification et l’effort de démocratisation, ceux ci amènent un nouveau public avec de nouvelles attentes (même si elle dépendent du contexte social).

Les parent pénètrent petit à petit dans le système éducatif, et doivent acquérir des compétences vis à vis de celui-ci afin de pouvoir y naviguer. C’est la mise en place d’un partenariat institutionnel :

Seulement, dans les faits, qu'en est-il ?

Toutes les familles ne sont pas égales devant l’école. Les avancées importantes des sciences de l’éducation, la rénovation des collèges, la transformation des programmes, la conjoncture socio-économique fluctuante et enfin les changements qui s’opèrent chez les jeunes, font que les parents ont de plus en plus de difficultés à suivre leur enfant et à comprendre ce qui se passe dans les collèges et à plus forte raison au lycée.

Pour GLASMAN, dans son article "Parents ou famille critique d’un vocabulaire générique", il existe une distinction. Les parents connote un rôle précis: remplir vis à vis des enfants un ensemble de tâches matérielles et symboliques qui les préparent à fréquenter l’école avec profit, c’est à dire transformer les enfants en élèves. Cet aspect fonctionnel, caractérise ces parents, sans distinction sociale. L’école les juge dignes d’être dénommés ainsi, d’être capables d’être " partenaires ", à la différence des familles. Celles ci ne semble ait pas désigner un râle ou une fonction reconnue par l’école, mais un groupe qui lui est étranger, exclue du champs de l’interlocution.

Du point de vue des exigences de l’école les familles représentent l’état de nature face aux parents qui représentent l’état de culture. Ainsi certains pourraient être partenaires et d’autres pas.

 

QUELLE.EST LA NATURE DES RAPPORTS QU’ENTRETIENNENT LES PARENTS AVEC L’ECOLE ?

Il existe un conflit entre l’école et les différentes attentes des parents, celui-ci sous la plume des sociologues est assimilé à un malentendu. Il se serait instituer en même temps que l’école MEIRIEU, qui est faite pour " libérer les enfants de l’amour de leurs parents " (ALAIN) et de les faire accéder à la rationalité.

Cléopâtre MONTANDON dans " Les stratégies éducatives des familles " distingue 4 types de rapports des parents avec l’école, selon 2 dimensions opposées : d’une part le rôle large ou étroit que les parents attribuent à l’école et d’autre part, leur implication faible ou forte dans la vie de l’école. Ils ont donc soit une attitude:

Ecole et famille sont deux mondes où les logiques et les valeurs sont différents.

François DUBET dans L’école, sociologie de l’expérience scolaire, constate les différentes attentes du familles suivant qu’elles soient issues des classes populaires ou aisées tes parents issus des classes populaires sont partagés entre l’appel aux fonctions intégratives et républicaines de l’école et le traumatisme de l’échec. Ceux issus des classes moyennes sont déchirées entre le désir de performance et le souci du développement personnel.

Ainsi selon DUBET, les parents des classes moyennes sont de véritables experts. Ils développent des attitude, consuméristes, ils naviguent dans le système éducatif eut véritables professionnels. De citoyens- parents, ils sont devenus des usagers avertis, multipliant de ce fait la concurrence au sein de l’école et les inégalités entre les élèves

Tandis que les parents des classes populaires ne connaissent pas les règles implicites de la sélection et ne peuvent adopter une attitude défiante vis à vis de l’école, surtout quand ils ont eux- même échoués

En effet la massification du système éducatif change les règles du jeu, Ce rapport élaborent soit des stratégies savants, crée des déceptions ou suscite vigilance ou surinvestissement.

Ainsi certains parents connaissent toutes les " subtilités " de ce " marché " tandis que les moins favorisés les ignorent et sont soumis aux seules régies administratives et aux filière de relégation.

 

QUELLES FORMES DE PARTENARIAT ECOLE-FAMILLE PEUT -IL PRENDRE ?

Le partenariat peut paraître complexe, mais actuellement le rôle de l’école est d’encourager l’expression parentale au sein de la communauté scolaire afin de faire des parents de véritables partenaires impliqués dans l’action éducative.
Le partenariat institutionnel s’est mis en mouvement à partir de 1968 avec l’entrée des parents dans les CA, et il devient effectif avec la loi d’orientation de 1989, avec son article 11 qui fait de ceux-ci des membres à part entière de la communauté éducative.
Celui ci est réaffirmé par la ministre déléguée Ségolène ROYAL dans une note de service du 9 septembre 1996 intitulée " Campagne nationale sur le nouveau partenariat Ecole - Famille : Confiance et ouverture "
Le partenariat est un terme récent, dérivé du mot partenaire, il est défini comme des personnes associées dans un même système visant à un but commun.

Pour MEIRIEU dans L’école ou la guerre civile, le partenariat n’est pas la confusion des rôles, ni la dilution des responsabilités, un partenariat efficace suppose que chacun sache qui fait quoi.

Actuellement les véritables partenaires actifs sont les associations de parents d’élèves (cependant celles ci sont critiquées par MEIRIEU, il considère qu’elles ne jouent pas toujours le rôle qu’elles devraient, elles ont tendance à se comporter comme des mouvements de défense des consommateurs, alors qu’elles devraient être un groupe de citoyens qui défend une certaine idée de l’école).

Les 2 plus importantes sont :

Déjà en 1981, une note de service appelle à la collaboration entre les parents d’élèves et les enseignants, afin de permette le bon fonctionnement de l’institution scolaire, il apparaissait nécessaire de renforcer la participation des parents à la vie de l’école.

Cette participation suppose la compréhension par les parents du système scolaire et l’amélioration de la communication avec les enseignants.

La coéducation s’exerce d’une part, sur le plan individuel (réussite scolaire de l’enfant) et d’autre part elle s’exerce sur le plan collectif et institutionnel (bon fonctionnement de l’établissement). La reconnaissance des parents comme coéducateurs, implique qu’ils soient aussi les partenaires des actes des moments qui construisent et font vivre l’Education: le R.I., P.E., projet pédagogique, programmes scolaires.

Le meilleur des partenariats est de tout mettre e. oeuvre pour accepter et intégrer tous les parents, d’innover pour tenter un effet particulier envers ceux d’entre eux qui se sentent exclus de la société, qui n’osent pas entrer dans l’école ou ne savent pas comment donner du sens à la scolarité de leurs enfants.

Il faut donc informer pour pouvoir former.

INFORMATION - FORMATION - COMPREHENSION - ACTION

Pour rapprocher les familles de l’école, certaines actions ont été mises en place telles que :

Ils sont amenés à encadrer avec les professeurs, les élèves lors sorties pédagogiques et culturelles. Mais ils peuvent aussi participer sur un plan collectif et institutionnel, Celui-ci demande une formation, telles que la formation des délégués- parents qui les amènera à pouvoir participer pleinement aux CC, CA., et à l’élaboration du RI. et PE...

 

QUELS SONT LES ENJEUX ET LES LIMITES DU PARTFNARIAT ECOLE / FAMILLE ?

Cette démarche de partenariat parent famille ne prend tout son sens que si chacun respecte son domaine respectif afin de renforcer la réussite scolaire des adolescents. La relation entre enseignants et parents d’élèves doit s’améliorer.

Selon DUBET, le malentendu entre ces 2 institutions provient du fait qu’aucune autorité n’a jamais cherché à définir la ligne de partage qui sépare la compétence des professionnels de celles des parents. Ces 2 instances au lieu de collaborer peuvent être amener à se concurrencer.

L’enjeu du partenariat c’est que les champs respectifs de. compétences ne doivent pas se confondre pour offrir ensemble à l’adolescent un dispositif éducatif cohérent et le mener vers la réussite et l’autonomie.

Au Lieu d’idéaliser le partenariat, mieux vaut prendre conscience de ce que J.M QUERIOZ nomme une " sociologie du malentendu ", afin d’apercevoir que chacune parle d’une même personne à qui on reconnaît des statuts différents: enfant- adolescent et élève.

L’école n’a pas à revendiquer des parents qu’ils se transforment en enseignants, de même que les parents n’ont pas à demander à ceux ci qu’ils se transforment en psychologues ou en assistante sociale.

    Quel est le rôle de chacun ?

    Selon MEIRIEU, les parents feraient mieux d’exercer leur métier de parents au lieu d’intervenir à tort dans le travail des professeurs, en tentant d’adapter dans leur communauté familiale, une stratégie éducative démocrate qui permettra à l’enfant d’éveiller son intelligence et sa confiance en soi. Chaque fois que les parents dans la vie quotidienne lui permettent d’agir, d’essayer de se tromper de rectifier ses erreurs, ils aident leurs enfants à réussir à l’école.

    De même les professeurs peuvent se consacrer pleinement à leur missions : construire en classe une collectivité apprenante, aider chacun à trouver du sens dans son travail et identifier les méthodes les plus efficaces avant de stigmatiser 1a démission des parents.

    Néanmoins, MEIRIEU met en garde les parents qui se font les protecteurs systématiques de leur progéniture dans l’école, d’une part ils considèrent le système comme un marché et non comme une institution, et d’autre part, ils handicapent le développement de leur enfant qui trop et mal protégé. Etouffe, incapable de prendre leurs responsabilités.

    Il ne faut oublier que l’enfant centre des toutes ces attendons, a aussi son mot à dire.

    Jean de GUARDIA, dans L’éloge de l’incommunicabilité (98) constate que la non-concordance ménage à l’élève, à défaut de liberté, le sentiment de l’intimité.

    Selon lui, la coopération entre les parents et l’école (une fusion des deux instances annulerait le cloisonnement) serait dommageable à l’élève dans sa pratique du dur métier d’adolescent et dans sa pratique psychologique. (le partenariat est bénéfique, mais non la fusion, il faut garder une part à l’intimité de l’adolescent).

    Si l’adolescent reste enfermé dans 1a famille, il ne pourra qu’étouffer, si c’est à l’école, il ne pourra s’investir dans le monde seul et de sa propre initiative.

    Une troisième institution peut jouer un rôle décisif de médiateur : ce sont les associations culturelles et sportives. Par leur intermédiaire, les enfants et les adolescents rencontrent de jeunes adultes avec qui ils pourront pratiquer des activités librement choisies pour le seul plaisir, et qui contribuent à développer leur capacité d’organisation, d’initiative et de ténacité.

    Néanmoins, ni l’école, ni les associations, ni les parents ne peuvent s’occuper des adolescents pathologiques. Passage critique, l’adolescence provoque parfois de graves troubles psychiques, l’hospitalisation ou l’internat thérapeutique aident parents et enfants à traverser cette crise. Grâce à cette séparation, l’adolescent peut se retrouver et forger son identité.

    La difficulté de ce partenariat se présente sous 2 formes lorsque les parents attendent que l’établissement s’organise autour de la demande parentale exclusivement ou lorsque les parents sont insuffisamment représentatifs et formulent des demandes qui ne concernent qu’une minorité d’élèves.

    Il ne faut pus tomber dans une dérive consumériste scolaire et dans le productivisme élitiste.

    La rencontre école - famille doit durer, elle ne doit pas être sporadique, sa pérennité dépend en partie de la mobilisation des acteurs éducatifs.

     

QUEL ROLE LE CPE PEUT IL JOUER DANS LE PARTENARIAT ECOLE – FAMILLE ?

Le C.P.E doit contribuer à instaurer un " partenariat éducatif avec les parents, dans un esprit d’ouverture. de confiance réciproque et de respect mutuel ". C’est en multipliant les occasions de rencontres que cette confiance réciproque pourra s’installer

Le CP.E doit être à même comme tous les membres de la communauté éducative, de savoir faire passer ce message "parents, vous avez besoin de l’école, l’école a besoin de vous". Cela suppose donc une politique consensuelle de la part de l’établissement.

D’ailleurs la question de mobilisation des parents peut faire l’objet d’un volet dans le P.E., l’objectif étant de "mobiliser le plus de parents possibles pour la réussite scolaire", "Rendre les familles partenaires de l’école". Pour mener à bien cotte action : une stratégie : "aider tous les parents à devenir des acteurs plus efficaces et mieux informés", sur ce point le C.P.E peut mettre en place une formation pour les parents délégués (tout comme celle des délégués - élèves). Ils seront formés pour les différentes instances (ceci sur le plan institutionnel) , Quant au plan individuel, le C.P.E peut être médiateur de la relation parents / professeurs et parents / enfants.

Lors des journées porte ouverte le C.P.E pourrait se rendre dans les écoles primaires afin de rencontrer les parents des futurs 6ème et leur expliquer les grandes lignes du collège, c’est un premier contact qui pourrait faciliter la nouvelle relation à venir.

Il faut instaurer dès la rentrée scolaire ou pendant les inscriptions des élèves, une mise en place d’actions d’accueil et d’informations destinées aux parents, c’est la première occasion de prise de contact et d’échanges mutuels entre les personnels de l’E.N et les parents dans l’établissement.

Au collège il existe depuis 1998 la semaine des parents, celle-ci favorise l’information, la concertation, la réflexion sur le rôle des parents à l’école, Les parents vont ainsi découvrir l’établissement dans lequel est scolarisé leur enfant (Voir et Comprendre) et ils pourront participer plus facilement à la vie de celui-ci.

Afin de nouer un contact tout au long de l’année, les parents peuvent être invité à venir chercher le bulletin de leur enfant en mains propres.

Le C.P.E doit donc penser à des horaires compatibles avec les rythmes de travail des parents et doit proposer des invitations plutôt que des convocations.

Dans certains établissements il existe tout un réseau de communication et de médiation : certes on utilise toujours le carnet de correspondance, les bulletins, le courrier personnalisé et parfois en recommandé ou bien le téléphone, mais lorsque ceux ci reste sans réponse, on peut envoyer une aide éducatrice dans la famille, lorsque celles ci ne répondent plus (ou pas) à ces modes de correspondance. Ou bien chez les familles ers rupture avec l’école, un professeur - médiateur peut se rendre dans leur domicile en étant accompagné d’une médiatrice qui traduit la langue d’origine et aide à comprendre ces familles.

L’imagination et l’adaptation aux réalités locales sont au pouvoir.

Le C.P.E doit informer par tous les moyens car il n’existe pas de parents actifs sans informations : mieux informés les parents sur le fonctionnement de l’école, le programme scolaire ou la manière d’aider les enfants à progresser. Pour l’ensemble des parents il est intéressant d’apporter des notions de base sur l’évolution de l’élève de la 6ème à la 3ème (sur le plan psychologique, physiologique et relationnel).

Il faut aider les parents à comprendre ce qu exigent les professeurs, et ce qu’exige l’établissement.

Le C.P.E doit travailler sur la communication tout comme il faut déculpabiliser devant l’échec scolaire, en re-mobilisant les familles et les élèves, grâce à la rencontre d’aide à l’orientation ou pendant les réunions parents - professeurs, ou lors d’entretiens individuels. Il faut ainsi apprendre à mieux communiquer (souvent problème de vocabulaire ou de langue).
Il peut mettre en place aussi un lieu d’écoute comme "Paroles aux parents", lieu oùLe C.P.E amènera un terrain et un langage communs dans le respect mutuel où chacun aura son rôle à jouer.

On peut faire appel aux parents pour diverses activités comme les voyages, sorties pédagogiques, foyer socio – éducatif : une mère infirmière peut animer le club santé, ou un père allemand peut animer un atelier d’allemand, un autre parent peut projeter un film au CDI ou bien pendant les vacances l’établissement peut être ouvert afin de mobiliser les élèves et donc les amener, entourés par les familles et des membres de la communauté éducative, à avoir une nouvelle vision sur l’école.

Il faut donc tenter de changer les mentalités, parents et enseignants sont responsables, ils doivent assumer ensemble le rôle de formateur et d’éducateur, et le C.P.E doit contribuer à cette tâche en aidait les deux parties à mieux se comprendre et ainsi placer l’élève dans les meilleures conditions de réussite et d’épanouissement possible.

Un partenariat efficace suppose une motivation de l’ensemble du personnel, car le C.P.E, seul ne peut rien et comme le constate DUBET, il faut apprendre à parler aux parents tels qu’ils sont et non tels qu’ils devraient être.

 

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