La VIE SCOLAIRE
Christian Vitali

 

  Christian Vitali est diplômé de philosophie (université de Caen), conseiller d'éducation, il devient conseiller principal d'éducation au lycée Malherbe de Caen en 1985. Depuis 1983, il est rédacteur en chef de La Revue de le Vie scolaire. Sans abandonner ses fonctions sur le terrain, il est depuis 1992 responsable de la formation des CPE à l'IUFM de Caen et collabore à la rédaction du cours du CNED de lyon pour la préparation au concours de CPE.

PREFACE DE J.P.OBIN

Dans un sens restreint, la vie scolaire est le bureau du CPE. Dans un sens plus large, c'est l'ensemble de question d'organisation et de communication interne de l'établissement. C. VITALI définit la vie scolaire comme un ensemble de pratiques situées dans une histoire comme un construit qui ne peut prendre de sens qu'en référence à l'espace de l'établissement bien sûr, mais aussi au temps, à l'évolution des idées et à l'histoire des institutions.

" La vie scolaire c'est le quotidien ", c'est l'être-là. " L'approche par le quotidien et par l'expérience individuelle fait de la vie scolaire une auberge espagnole : on n'y trouve que ce que l'on y apporte. " La vie scolaire c'est d'abord une réalité de terrain et une unité fonctionnelle. La vie scolaire se situe à l'intersection de deux exigences fondamentales : l'organisation de l'établissement scolaire et l'élaboration d'un projet éducatif.

Partie I > DES PRECURSEURS A L'INSTITUTION DE LA VIE SCOLAIRE

Les précurseurs : La notion de vie scolaire est récente, issue d’une conception nouvelle de l’éducation à la fin du 19 ème siècle. Beaucoup de notions et auteurs ont précédé sa naissance. Le mot " vie scolaire " apparaît vers 1890. Les deux pionniers sont : Roger Cousinet (qui apportera la dimension sociale) et Célestin Freinet (qui développe la dimension démocratique). Au même moment, on découvre la psychologie de l'enfant. L'impact des deux chercheurs Henri Wallon et Jean Piaget est immédiat. On peut observer des conséquences directes sur l'organisation scolaire. Louis Dugas dit que l'action scolaire s'étend à l'ensemble de l'organisation scolaire. Cette idée est à la source de la conception de la vie scolaire.

DEWEY : la discipline perturbe la personnalité. 1859. Rapport Henri marions : 1890, rapport sur l’éducation nouvelle (modèle anglais), essais : 1837, Paul robin innove en France, 1899 : Edmond Desmolins et l’école des roches.

Psychologie de l’enfant : Henri wallon et Piaget. L’Education nouvelle : Roger cousinet sur la dimension du groupe, célestin Freinet sur la pédagogie coopérative.

Le parascolaire : les mouvements de jeunesse. Le périscolaire : 1947 : Paul Langevin et Henri wallon. La loi Berthoin, en 1959, entraîne la démocratisation de l’enseignement et, par ce fait, une chute des structures de l’école. La contestation de l’autorité ajoutée entraîne l’apparition de la vie scolaire. Trois modèles apparaissent :
-la pédagogie institutionnelle : inspiration de Célestin Freinet et de la nouvelle psychiatrie. Il faut libérer l'élève de la contrainte non légitimée par la loi du groupe ,
-la pédagogie non-directive : venue des Etats-Unis par Carl Rogers et introduit par André de Peretti en France. La base de la construction du système éducatif est l'écoute
-l’école de Summerhill (1923), C'est l'école de la liberté, de l'épanouissement, de l'autogestion.

Il y’a d’abord l’institution de la vie scolaire(La vie scolaire s'organise autour de trois idées : centre de ressources documentaires, création de foyer socio-éducatifs, la formation (1er stage de surveillants généraux en 1959)), puis une rénovation puis une accélération après les événements de 1968. Notamment par la création de la fonction de conseiller principal d’éducation lors du décret du 12 août 1970. La mission de ces CPE est :  l’animation, la démocratie, le service documentaire, l’écoute et le suivi des élèves.

Mais la vie scolaire ne peut fonctionner qu’en accord avec l’ensemble des dimensions de l’établissement. Ainsi la circulaire de 1982 fait fonctionner cette vie scolaire comme un dispositif générateur d’unité et de transformation au cœur de l’établissement.

Outil de la modernité, système régulateur… l’établissement n’est plus simplement le lieu ou l’on enseigne, il est devenu un lieu de vie et de pratiques sociales. Exemple : Ballion : ‘le lycée, une cité à construire’, mais aussi voir le rapport Legrand. De surcroît le règlement intérieur est devenu le contrat social explicite.

La vie scolaire garantit la vie sociale, est un lieu de formation à la vie démocratique. Tout passe par la concertation, le dialogue ou encore le contrat. Mais s’il y’a sanction, là aussi doit subsister le droit et le respect de la personne. Il faut former l’homme mais aussi le citoyen, préparer aux savoirs, enseigner, mais aussi apprendre la démocratie. Dialogue, discussion, valeurs … Le savoir doit cependant être mis en exergue car c’est celui-ci qui permet de trouver sa place dans la société. Il faut, ainsi, prôner l’autonomie (la participation), l’écoute, la concertation. La vie scolaire régule les conflits et le CPE est au croisement de ces conflits. Il médiatise et régule ceux-ci. Et parfois même il innove !


Partie II > Le temps et l’espace

La pratique scolaire du temps

Dans l’enseignement, on est souvent confronté à l’urgence et la précipitation et cela constitue un moteur de la pensée conservatrice. Ce temps joue, par sa rigueur (edt), le rôle de cadrage des élèves et de soumission de ceux-ci. L’organisation des edt élude la préoccupation éducative. Cet edt apparaît avec Jean-Baptiste de la salle, les jésuites et consorts (fin 16è) pour limiter le vagabondage des enfants (idée du péché de l’enfance).

 

Nouvelle institution du temps

La vie scolaire fait s’effacer l’empreinte du péché, de la soumission, que portait le temps. Dans les années 60 apparaît une nouvelle conception du temps ! c’est la libéralisation, la libération. On peut fumer sur les pelouses et dans les cours, le temps libre et créatif apparaît enfin, avec le temps du plaisir ! Après la réforme Berthoin, deux nouvelles conceptions apparaissent : la rénovation pédagogique pour résoudre la tension entre les structures traditionnelles et les nouvelles attentes. Les innovations arrivent mais les résistances existent. Exemple : tiers pédagogique (arrêté du 7 août 1969), travail autonome (transformés en projets d’action pédagogique en 81), 10% pédagogiques (Fontanet 73).

Le périscolaire

Origines : rassemble l’ensemble des activités éducatives, développementales, ludiques et sociales. L’enjeu est de prolonger l’action scolaire pour la rendre globale. Mais cela restera une instance périphérique du fait du manque de locaux et de responsables. Ainsi il reste à la frontière de la vie scolaire. Cependant il permet de faire entrer des matières dans les enseignements car il est le premier test, le test d’entrée. Ainsi cela fut le cas pour le sport ou encore pour l’informatique. De surcroît elle influe ou détecte ou teste de nouvelles méthodes d’enseignement disciplinaire. Ainsi l’usage de thèmes transversaux (tpe) : une exigence démocratique et de citoyenneté.

Temps scolaire, de l’ordre au désordre

Edt est un modèle cartésien de rationalité. Il répond ainsi de moins en moins aux besoins. Donc le périscolaire vient se rajouter aux cours, ce qui est dommageable pour les enseignements. De plus il contribue à l’impossibilité de trouver du temps pour des activités comme l’information ou encore la pratique, l’initiation à la démocratie etc.…l’edt est donc dépassé sur les exigences de l’enseignement et les équilibres des jeunes. L’inverse qui serait de supprimer des cours au profit du périscolaire n’apparaît pas comme étant une meilleure idée. Mais le périscolaire est le premier à pâtir de ce fait. Exemple : décret du 14 juin 1990 sur l’orientation et la place qui doit lui être faite dans les établissements. En effet ce programme annuel voire pluriannuel, qui doit être approuvé par le ca sur proposition du chef d’établissement, vient désorganiser la vie scolaire. Pourtant, et c’est une évidence, l’orientation et l’éducation du citoyen doivent à terme trouver leur place ! Finalement, face aux stratégies personnelles d’adaptation du temps scolaire, la vie scolaire doit réduire la crise et apporter une nouvelle conception de l’organisation du temps. Exemples : temps banalisé, temps capitalisé, heure de vis scolaire, de vie de classe etc. Les innovations peuvent être un assouplissement, des pauses mieux pensées, une globalisation du temps scolaire, le temps intégré, l’élève au centre du système. Mais aussi faire une place au périscolaire et éduquer au temps.

Communiquer et informer

L’information et la communication doivent être fiables pour éviter des transgressions ou malentendus ou manquement aux cours. Mais aussi monopolisées pour éviter les rumeurs, quiproquos ou fausses nouvelles. De même elles doivent répondre aux attentes de l’élève,

voire être annexes (horaires des bus par exemple). Enfin elles doivent être variées et avoir pour outils notamment le règlement intérieur, des livrets d’accueil, des cahiers de classes, des feuilles d’information, des voies informelles (journaux etc.). Enfin la communication et l’information sont des facteurs d’organisation et sont vecteurs de cohérence et d’unité.

Espace et projet éducatif

La tradition scolaire : la classe évolue vers un lieu de débat, de participation et de pratique. La permanence elle est un lieu de désœuvrement, une punition ou encore un parcage. Il faut donc innover par la qualité et le confort des lieux. Les lieux dits : ils peuvent être espaces transitionnels (cours, couloirs…) ou espaces déambulatoires. Mais il peut parfois y’avoir un détournement des lieux ou l’instauration de lieux sauvages. Un problème dans la vie scolaire est l’instauration d’espaces et de lieux différenciés entre adultes et élèves, ce qui abouti à des transgressions.

Internat et demi-pension : la demi-pension doit être une pause de qualité, il faut contrôler et réguler les flux pour permettre le confort et l’efficacité. Quand à l’internat, en baisse d’effectif, il devrait être revalorisé car il est source d’apprentissage à la vie en groupe. Il a su évoluer et se développer, notamment avec l’apparition des chambres à petit nombre d’occupants.

Nouveaux territoires : la ‘kfet’ ! , le bureau des élèves (textes de 91), les clubs (développent des compétences fondamentales parfois peu valorisées dans l’enseignement traditionnel). Les objectifs sont la détente, la socialisation et l’apprentissage de la responsabilité.

Vie scolaire et pédagogie : le CDI : C’est l’accès au savoir, c’est aussi un espace de culture et d’accueil. Ce lieu va donc dans le sens de la vie scolaire par son ambiance confortable, chaleureuse et porteuse à la culture. L’ouverture la plus large possible est recommandée, notamment aux pauses et aux récréations, temps d’affluence et de besoin d’accueil.

Salles de travail : idée de lutter contre la permanence lieu poubelle par la mise en place de salles chaleureuses, différenciées dans leurs objectifs et donc dans leurs outils. Ainsi on pourra créer des salles de travail individuel, silencieuse, de travail en groupe, de lecture, de presse etc.

Il existe donc, nous le voyons, une crise de l’espace bien réelle. Les divers problèmes sont la sécurité, la clôture bête, mais aussi la réflexion sur les nouveaux lieux à mettre en place. L’éducation reflue, la sécurité est prônée, l’établissement se contextualise et devient lieu de violence. A l’avenir il va falloir cultiver le sentiment d’appartenance se l’élève à son établissement, mais aussi les lieux de la citoyenneté, les lieux d’écoute et, surtout, rénover !

Partie III > La Vie Scolaire et l’éducation
Le modèle associatif

Le foyer : apparaît en premier en tant que foyer d’internat dans les centres d’apprentissage, dans les années cinquante. Officialisés par la circulaire du 19 décembre 1968. Deux objectifs : l’organisation de l’établissement et l’éducation des élèves. Depuis 91, le foyer socio-éducatif est devenu la maison des lycéens. Ce sont des associations loi 1901, donc avec nécessité de déposer des statuts à la préfecture, réunion d’une assemblée constituante, constitution d’un bureau avec un président/un trésorier/un règlement intérieur, une comptabilité spécifique et une assurance indépendante. L’établissement reste cependant responsable et a des obligations morales et juridiques. Le chef d’établissement attribue les locaux, une subvention annuelle et participe à l’association. Il approuve notamment le programme et contrôle l’activité : notamment les obligations de laïcité, gratuité et pluralité. Il informe le CA de son approbation ou de son refus du programme de l’association. Les objectifs sont éducatifs : éducation démocratique, populaire, et culturelle, vie associative et activités. C’est l’outil de la vie scolaire. La dérive a cependant été notifiée par Torrailles Raymond (inspecteur général de l’animation et de la pédagogie) qui distingue 3 types de foyers : creux, alibis ou authentiques. Exemple : l’UNSS est une association authentique qui développe l’appartenance à l’établissement mais aussi les bases même de la citoyenneté.

Le foyer socio-éducatif est un complément d'éducation en raison de sa souplesse, de son indépendance administrative et de sa capacité à intégrer les finalités et les objectifs de l'école. L'établissement a des obligations morales et juridiques. Il a également le droit de tout contrôler et, le programme des activités doit être approuvé par le chef d'établissement qui en informe le CA. Les objectifs éducatifs se situent à deux niveaux : la vie associative (organisation collective) ; les besoins concrets (activités). Le projet du foyer est de : développer la vie communautaire et coopérative, promouvoir le sens des responsabilités, s'initier à la vie civique et démocratique, améliorer les conditions de vie de l'établissement, développer la vie socio-culturelle... On constate une baisse du nombre de participants et la démobilisation des quelques adultes dévoués. Les foyers sont-ils adaptés ? En 1975, Raymond Torailles (inspecteur général spécialiste et militant de l'animation pédagogique) distingue déjà trois formes de foyers : " bidons ", " alibis ", " authentiques ". L'Union Nationale du Sport Scolaire fait partie du système associatif de l'établissement. Il est l'exemple de ce qu'il convient de faire pour impliquer les élèves dans le champ de la VS, tout en développant des capacités humaines, relationnelles et civiques. La maison des lycéens est une tentative de refonder le foyer sur d'autres bases en évitant la bureaucratie et la confiscation de l'outil associatif. L'originalité est que cette association est autonome. Les élèves majeurs prennent la présidence, la trésorerie, le secrétariat et les élèves mineurs ont d'autres responsabilités au sein même du bureau. Le rôle des adultes est très divers. On peut voir trois catégories d'adultes : les indifférents, les pessimistes-hostiles qui jugent les élèves incapables de gérer seuls une association, les enthousiastes-prudents. Les projets établis sont souvent à court terme, on se soucie peu du devenir de l'association.

La maison des lycéens est une association autonome des lycéens, crée par la circulaire du 2 avril 1991 avec comme cadre la loi de 1989. C’est un moyen pertinent de reconnaître et de valoriser le statut des majeurs au sein du lycée.

Modèle représentatif

Invention du délégué : circulaire du 19  septembre 1968. met l’établissement à l’heure des innovations. L’équilibre apparaîtra avec la loi de 89 et les textes de 91. Il y’a donc dépassement du groupe classe au profit d’une vie lycéenne, apparition de mesures d’accompagnement (fonds de vie lycéenne, fonds social, conseil des délégués, formation des délégués…). La conférence des délégués réunit tous les délégués (circulaire du 2 novembre 1990). Rôle consultatif, applicable avec difficultés mais ayant un impact fort. Se réunit au moins 3 fois par an ou sur demande de la moitié des membres. Formation des délégués : même circulaire en plus de celle du 5 avril 91. porte en général sur 4 points : organisation et fonctionnement de l’établissement, formation civique, droit d’expression et responsabilisation. Doit être inscrite dans les projets d’établissement et doit concerner plusieurs adultes. Les effets sont d’aider les élèves dans leur rôle et de faire évoluer les mentalités.


Précisions autres : Cela est vécu comme une révolution, car est introduit dans la classe un autre droit que le droit régalien de l'enseignant et est fait de la classe un groupe formel susceptible de s'opposer à l'enseignant. Ce système est peu adapté aux échanges entre élèves et adultes. La loi d'orientation de 1989 et les textes de 1991 élargissent le rôle du délégué et recherchent les modalités pratiques de la participation. Des fonds sont institués par le décret de 1997, par le recteur. Ils sont réaménagés en 1995. Le fonds de vie lycéenne : destiné à la VS, il sert à monter des opérations ponctuelles et à financer des intervenants extérieurs. Le fonds social doit apporter une aide financière ponctuelle aux élèves qui en ont besoin. Les élèves délégués participent à la commission du FSL. Le conseil des délégués est un organe d'expression des élèves (présidé par le chef d'établissement). Le conseil des délégués doit être consulté avant toute décision relative à la VS et à l'organisation scolaire. Mais le conseil n'a qu'un rôle consultatif, il ne prend aucune décision, il permet de nouer toutefois le dialogue. Délégué est un métier qui s'apprend. Cette formation entraîne certains types d'effets : aider les élèves à comprendre et à investir progressivement leur rôle (effet direct), faire évoluer les mentalités et les pratiques adultes (effet second). Cette formation est un moyen efficace pour instituer la loi et du même coup la sérénité dans l'établissement. Elle ouvre l'accès à la citoyenneté scolaire.

Droits des élèves

Droit de réunion (décret du 18/2/91, circulaire du 6/3/91) : le règlement intérieur doit donc autoriser les modalités de ce droit. Droit d’association (fse : circulaire du 6/3/91) : Loi 1901. droit d’expression : Circulaire du 6/3/91. droit de publication : circulaire du 6/3/91. ce droit a un exercice restreint par les lycéens ne s’en préoccupent pas : consumérisme, instrumentalisme, distanciation, précarité, recherche de l’information, les élèves sont peu engagés, individualistes. Cela peut apparaître normal ! Car ils sont là pour apprendre, ils ne sont pas d’emblée citoyen et apte à se prendre en charge. Ici apparaît la double vision de l’école : lieu de savoir et lieu de vie. Le pari actuel est l’ouverture d’un espace de droit mal compris par les adultes et les élèves. C’est en injectant de l’éducation dans la pratique des savoirs que l’on peut espérer redonner du sens à l’acquisition des connaissances.

Partie IV: Discipline

C’est une exigence civile, éducative et morale. La loi doit être universelle, sans préférences (Kant/Durkheim : la discipline scolaire amène à l’enfant l’esprit de discipline. Kant rajoute que la loi peut être absolue-contrainte ou reconnue comme raisonnable et bonne-confiance). Les dérives sont le disciplinaire (arbitraire) ou le laxisme (laisser faire) .De nos jours la punition exercice et la punition bannissement sont les deux types pratiqués. Prum : ‘la punition au collège’. Ballion : ‘le lycée une cité à construire’. De l’autre coté on a la notion de l’autodiscipline (Summerhill). Les textes sont la circulaire du 25 octobre 1996 sur la responsabilité. Autodiscipline est différente de l’autonomie et très dangereuses car elle par du principe que l’élève n’a pas besoin d’éducation.

Le règlement intérieur

Existe depuis le 16 ème (jésuites) promulgué par le chef d’établissement. Depuis les années 60 il traverse une phase libérale : charte, contrats, etc. Depuis 1989, il passe par une phase juridique et devient la pierre angulaire du droit scolaire, sur le plan éducatif. Le projet du règlement intérieur est d’introduire à l’espace politique, d’initier le citoyen, de rechercher la correspondance loi école/ loi de la cité. Il faut cependant garder une partie d’austérité, un sentiment brutal. Mais la participation des élèves contribue à la légitimité de la loi. Obligations des élèves : circulaire du 6 mars 1991, sanctions : arrêté du 5 juillet 1890. sanctions : doivent être prévues et hiérarchisées dans le règlement intérieur, elle construit et déculpabilise. Elle est neutre et respectueuse, c’est un outil de socialisation. Mais la réparation n’est pas une sanction (Obin).

Pratiques sociales dans la vie scolaire.

Elèves : la loi des pairs, pacte implicite contre les adultes et la loi du silence (fayotage). Cette socialité molle est tout sauf une intégration ou un engagement. Tenue générale, vêtements. Existence de clans fermés et ritualisés. Donc socialisation par la vie scolaire.

Classe : le règne de l’enseignant. Ceux ci ignorent souvent la loi et pratiquent l’arbitraire. Ils occultent le droit des élèves et insistent plus sur la faute et les obligations que sur le travail et le droit.  

Les stratégies des élèves.

‘le métier d’élèves’ : Dubet, charlot and co. Bourdieu  : ‘les héritiers’. Connaissent le parcours et ont intégré les exigences scolaires au moyen de stratégies d’évitement et opportunistes. Les nouveaux publics : relations pédagogiques (affectives et en relation avec les pairs), activités scolaires (respect des normes, pas de participation, restent dans la moyenne passable), intégration dans la vie scolaire (pratiques manipulatoires). Les fraudes, quand à elles, résultent de la dramatisation des notes et relève de la loi des pairs.

Absences

Pas de grosse évolution en 20 ans, mais de nos jours l’organisation nouvelle banalise l’absence et l’absentéisme en général. Laxisme. Le majeur peut les prendre lui-même. Contrôler les absences est une obligation ainsi que l’assiduité. Professeurs et parents sont responsables. Le certificat médical n’est pas exigible, et les faux sont nombreux. De fait, le problème majeur est le déclin de l’obligation scolaire et l’enseignement à la carte. (Bernard Toulemonde 96). Ce qui est important reste l’élève ainsi que son suivi scolaire. On distingue de multiples phases de développement de l’absentéisme : pratiques d’initiation, de consolidation, de distanciation et de colonisation : rupture ! obligation assiduité : article 10 loi de 89. ainsi que la circulaire du 31 octobre 1996. l’innovation résulte pour beaucoup d’une carence d’écoute des élèves.

Déviances

Drogue, deal, suicide en progression. La vie scolaire peut jouer le rôle de détecteur, d’enquêteur, d’écoute et d’aide. Utilité des comités d’environnement social remplacés par les CESC en 90. exemple du Gaspar à Lille. Prévention : organisation de l’espace, institution de la loi, initiation au droit, écoute, relais école / cité, combat de l’échec scolaire.

Les attitudes déviantes et les violences mettent en cause le climat scolaire. La vie scolaire se doit d'intervenir afin de réduire les comportements indésirables, les souffrances et de répondre aux besoins d'une collectivité pacifiée.

A) Les déviances

La déviance la plus fréquente de la vie scolaire est la drogue. Il existe deux types de phénomènes : la pseudo-déviance : consommation sans suite de produits non toxiques ‚ la consommation de produits dangereux. La consommation des produits provoque des effets sur la construction de la personnalité et des problèmes d'éducation. Selon une étude de Marie Choquet et Sylvie Ledoux, 85% des 11/19 ans n'ont jamais pris de drogue. Et 6,1% en ont pris 1 ou 2 fois. Fumer du cannabis (le hasch) est un passage à l'acte qui relève de l'initiation et correspond à la banalisation relégation des pratiques sociales du tabac et à la prolongation des modes d'accès à l'âge adulte. L'échange et la consommation du hasch se produisent dans la vie scolaire. Lorsque cela devient trop banal, le rite initiatique exige une transgression plus sévère : l'ecstacy, le LSD ou autres produits de synthèse dont les conséquences sont plus graves pour la santé. Ce rite initiatique s'appuie sur des pratiques délinquantes ruinant les fondements de la loi de l'établissement. L'établissement doit mettre en place une sanction disciplinaire et s'adresser aux instances compétentes (police, justice) pour ce qui concerne la revente de produits illicites. Selon les chiffres de l'INSERM, il y a 20 élèves déviants pour un établissement de 2000 élèves. Il faut les repérer, les aider, comprendre le risque qu'ils représentent et décoder le message qu'ils envoient à la communauté scolaire. Les signes de la déviance expriment la détresse intérieure. Et les élèves déviants se confient peu, car les problèmes relationnels sont au centre de leurs difficultés. Les produits toxiques sont des substances telles que la cocaïne, la morphine, l'héroïne, le LSD mais les élèves peuvent se droguer avec n'importe quoi : colle, encre, peinture, tabac, alcool.... Faute d'un imaginaire actif, les élèves recourent à l'imaginaire d'un produit. Cette déficience de l'imaginaire débouche sur l'anxiété et parfois le désespoir, ce qui explique la proximité de la toxicomanie et du suicide. Le traitement de la déviance passe par 4 phases : la détection : la VS est organisé de telle façon que la déviance ne peut pas passer inaperçue (absentéisme lourd et caractéristique, participation quasi nulle aux activités de l'établissement...) ; ‚ l'information complémentaire : avant d'intervenir, il faut recueillir un maximum d'informations ; ƒ l'écoute : il est utile de s'entretenir avec l'élève sur ses écarts afin qu'il explicite ses difficultés ; " l'aide : l'élève a besoin de reprendre confiance en lui. Si le problème est psychologique, il faut lui proposer une psychothérapie. La sanction fait partie de la panoplie de l'aide. La prévention se déploie à travers l'information, l'action sociale et préventive et les structures d'écoute. Le Comité d'Environnement Social doit coordonner et harmoniser l'ensemble des actions. Mais la drogue est un sujet tabou et les chefs d'établissement préfèrent traiter les problèmes avec discrétion.

B ) La violence et les confrontations

Dans le VS, la déviance peut prendre la forme de la violence. Au lieu d'être contenu, le mal-être explose dans des voies de fait qui perturbent gravement le climat de l'établissement. La violence c'est à la fois la transgression de la loi et un acte porteur d'intentionnalité. C'est à partir de l'intentionnalité qu'on peut interpréter la violence. Il existe 5 formes de violence : la confrontation (agression envers le professeur) ; la violence de droit commun (vol dans les cartables...) ; la violence pulsionnelle (sexuelle) ; la violence ludique (bombe lacrymogène dans les couloirs) ; la dissolution de la loi (bagarre dans la classe). Dans les établissements situés dans les banlieues les plus difficiles, toutes les formes de violence se trouvent cumulées. La violence scolaire dérive vers une délinquance extrême. L'institution peu habituée réagit mal. Désormais, l'établissement est relié aux institutions de la nation dans un cadre d'un partenariat étroit et intelligent. La prise en charge de la violence dans les établissements des banlieues est un processus en marche. Dans les autres établissements, la vie, sous un calme apparent n'est pas sans violence. Le développement de la délinquance met en évidence les carences de l'institution incapable d'assurer la sécurité des biens et des personnes dans l'enceinte de l'établissement. Afin d'éviter le vol, il faut organiser l'espace pour que chaque groupe d'élèves bénéficie d'un espace distinct et protégé, rendre la surveillance effective et efficace, signaler et enregistrer les violences et donner une suite judiciaire à celles qui constituent des voies de fait. L'incivilité perturbe. Elle rejoint la violence ludique et doit donc être sanctionnée. De plus en plus on constate un basculement de la déviance dans la délinquance, les transgressions de la norme se transforment en infraction à la loi. L'aide aux élèves revêt un autre aspect : il s'agit d'éduquer à la loi, de socialiser en profondeur, de faire en sorte que les élèves renoncent à leurs fantasmes et diffèrent la réalisation de leurs désirs. La VS est un lieu de prévention de la violence. Il faut agir en : organisant l'espace ; instituant la loi ; initiant au droit ; organisant l'écoute ; luttant contre l'échec scolaire ; reliant l'école à la cité. La prévention limite l'apparition de la violence. Quand elle apparaît, il faut la traiter au plus vite. La violence doit toujours être sanctionnée. Rien n'excuse l'acte. La sanction est inséparable de la politique de prévention. Quand il s'agit de voies de fait, la sanction ne relève pas uniquement de l'établissement mais aussi de la justice. Il faut à travers la sanction pardonner la violence.

Partie V > Acteurs

Deux types d'acteurs interviennent, ceux de la tradition et les acteurs emblématiques de la vie scolaire, auxquels s'ajoute le chef d'établissement dont le rôle est prééminent.

1) La communauté éducative
La notion de communauté scolaire résume à elle seule l'ambition de la VS : fonder l'unité, la cohésion et le sens de l'école. Cette notion définissant plus un espace qu'un enjeu, on lui préfère la notion de communauté éducative à partir de 1989. Les enjeux se précisent : rassemble tout le monde sans distinction, renvoie aux finalités de l'école. La VS est la matrice de la tradition et de l'innovation dans l'établissement et également un lieu ouvert de débats et de négociations. La communauté éducative détermine de nouveaux modes de fonctionnement des acteurs.


2) Les acteurs de la tradition
permanence et changement Malgré un discours attaché à la tradition, la pratique enseignante évolue. La mutation des enseignants est engagée mais elle est freinée par la nature de l'autorité, l'objet de l'enseignement et la pratique isolée et solitaire de la pédagogie. L'action sanitaire et sociale a changé d'image. Avant, il existait une méfiance et une résistance. Aujourd'hui, cette action est impliquée dans la vie scolaire. Il existe 2 acteurs : Ø l'assistante sociale : elle a 4 axes d'action (aide individuelle aux élèves, enquête sociale et suivi des élèves, participation aux actions de l'établissement, intégration dans différentes équipes de l'établissement). Ø l'infirmière : elle exerce 5 fonctions liées aux finalités et aux objectifs de la VS (accueil, écoute, éducation : participation à la prévention, l'animation : participation directe à la vie scolaire, l'organisation : visite du médecin). Désormais, les agents de service sont des Ouvriers d'Entretien et d'Accueil. Ils ont 3 objectifs : améliorer la VS et l'accueil dans l'établissement, intégrer le rôle éducatif de chaque adulte de la communauté éducative, participer au projet d'établissement. Le partenariat de la vie scolaire avec les OEA s'exerce dans 3 domaines : les communications informelles : relations directes avec les élèves ; les communications formalisées : participation aux réunions ; l'intervention socio-éducative : les professionnels peuvent encadrer les élèves et délivrer un savoir technique, ludique ou autre. Les surveillants : leur statut a été rénové en 1937 et n'a pas changé depuis. Ils sont écartelés entre l'exigence éducative (respect de la règle) et l'exigence de compréhension (écoute et relation).

3) Les acteurs emblématiques de la vie scolaire
Ø Le Conseiller d'Orientation Psychologue est à la disposition de l'élève pour l'aider à faire des choix pertinents en correspondance avec ses goûts, ses aptitudes et les formations ouvertes. La diversité des fonctions des COP recouvre plusieurs aspects : des entretiens systématiques en collège ; des informations sur la poursuite d'études ; des entretiens individuels sur demande ; des recherches marginales de médiation au sein de la classe. Compte tenu de sa faible présence, le COP ne voit ne voit qu'un faible nombre d'élèves. Généralement, il ne les voit qu'une fois. Il est donc mal outillé pour intervenir en conseil de classe et apporter un éclairage décisif sur le projet de l'élève. Il est devenu ces dernières années, un partenaire incertain dans la vie scolaire. Ø Le documentaliste est apparu vers la fin des années 60, il devient un des symboles de la vie scolaire. Il a pour objectif d'ouvrir un nouvel espace (anti-classe), de constituer une base documentaire pour le travail indépendant, de connecter la pédagogie à la vie scolaire (se cultiver dans la VS), d'éduquer à l'autonomie. Le documentaliste a un rôle pédagogique mais différent des fonctions d'enseignement. Ø Le Conseiller Principal d'Education a en charge l'organisation du temps et de l'espace, la responsabilité du contrôle et de l'équilibre des dispositifs mis en œuvre pour assurer le meilleur rendement de la vie scolaire. En 1970, les surveillants généraux deviennent des CPE. On peut alors constater une hésitation entre 3 attitudes : le refus de l'héritage, la gestion du patrimoine de la tradition (conservatisme), des pratiques mixtes et spontanées. Le CPE a beaucoup de tâches quotidiennes diverses à traiter dans l'urgence. Il lui est difficile de hiérarchiser les tâches. Il existe un réel danger à accepter cette multiplicité de tâches sans en comprendre ni la cohérence ni le sens. Selon la circulaire de 1982, le CPE a une fonction généraliste et intervient dans le cadre de la vie scolaire, pour créer toutes les conditions pour que les adolescents soient dans les meilleures conditions de vie individuelle et collective et d'épanouissement personnel. Le CPE possède 3 domaines de responsabilité : le fonctionnement de l'établissement ; la collaboration avec le personnel enseignant ; l'animation éducative. Un certain malaise existe dans l'évolution de la fonction. Dans l'idéal, la majorité des CPE préférerait donner la priorité au suivi des élèves. Mais il ne faut pas négliger le collectif et tout le reste. Les objectifs des CPE sont de 2 ordres : ils concernent l'éducation du citoyen et la recherche de la meilleure qualité du service scolaire. Ces 2 objectifs s'appliquent tantôt à l'individuel, tantôt à la collectivité. Les objectifs relationnels et la gestion des MI-SE sont des objectifs intermédiaires : des moyens de construire l'action éducative au sein de la VS. " Le CPE est toujours celui qui travaille " avec ". " 4 ) Le chef d'établissement Son rôle dans l'émergence de la VS est essentiel. Les fonctions de direction : C'est à lui qu'appartient de mobiliser la communauté éducative autour des objectifs communs qui se réalisent dans la vie scolaire. Le chef d'établissement est le représentant fonctionnel de l'institution. C'est à lui qu'appartient d'exprimer les obligations réglementaires de chacun et de mettre en place des lieux de débats. Le chef d'établissement construit le cadre et le sens de l'action éducative. Le chef d'établissement n'est pas acteur direct de la vie scolaire mais c'est lui qui en créé les conditions en organisant des équipes et en mettant en place des dispositifs intermédiaires, en installant des relais entre lui et le terrain. Le chef d'établissement apporte un intérêt particulier à l'animation de la vie scolaire dans sa dimension relationnelle et symbolique. Evaluer la vie scolaire : Le chef d'établissement doit se construire un référentiel de la vie scolaire dans son établissement à partir duquel il introduit les évolutions globales de l'établissement. Cela suppose de reconnaître : les indices de cohésion (synchronisation, partage des rôles), des indices de participation (groupes, nombres de personnes), des indices d'activité (nombre d'action et coordination), des indices d'évolution et de suivi (projets innovants et projets reconduits), des indices de résultats (indices institutionnels chiffrés). La difficulté du chef d'établissement est de choisir un modèle permettant d'intégrer l'ensemble des données organisationnelles qui s'imposent maintenant à l'établissement scolaire.

Communauté éducative : rapport Joxe de soixante douze, circulaire sur les chefs d’établissement, loi Haby de 1975, circulaire de 82, article 1 de la loi de 1989.

Acteurs de la tradition : enseignants, infirmières, assistantes sociales (84), agents (oea), surveillants, acteurs du cadre de vie.

Acteurs emblématiques : COP, documentaliste, Cpe héritiers à divers égards des surveillants généraux. Décret du 12 août 70 et  circulaire de 72. Premiers emblèmes du lycée ouvert, mais la question des surveillants généraux reste en suspend et amène des attitudes différentes : conservatisme, refus de l’héritage du passé, attitude mixte. Circulaire 82 : Cpe a une fonction généraliste et intervient dans la vie scolaire. Trois domaines : fonctionnement EPLE, collaboration avec les professeurs, animation éducative. Mais ne pas oublier l’organisation de la vie collective. Objectifs : éducation du citoyen, recherche efficacité scolaire. Caré : enquête 1992 : Cpe travaille ‘avec’ .Chef d’établissement : fonctions de direction : impulser, orienter, piloter, animer. Evalue la vie scolaire : référentiel ; doit l’intégrer.

CONCLUSION

Une chose est claire, on n'évite pas la vie scolaire, pas plus que le projet d'établissement. La vie scolaire est une des conditions de l'organisation scolaire. Elle implique l'ensemble de la communauté éducative.
Il est regrettable qu'après 30 ans, il reste des problèmes à résoudre. La vie scolaire ne s'est pas faite en un jour. En effet, la problématique de la vie scolaire progresse dans beaucoup d'établissement mais ses acquis sont fragiles. La vie scolaire permet de dépasser la simple évaluation scolaire de l'élève. Les enjeux deviennent clairement apparents. L'avenir de la vie scolaire se décline sur 5 niveaux :
Demain le changement : développement actif du système représentatif des élèves.
Demain l'organisation : la vie scolaire est une unité fonctionnelle dont l'ambition est d'entraîner la communauté éducative. Cette ambition doit transformer l'ensemble de l'organisation scolaire.
Demain l'évaluation : elle donne une caricature.
Demain l'élève-citoyen : l'élève citoyen sera à l'aise dans son établissement, il organisera lui même sa réussite, aura un fort sentiment d'appartenance à son collège ou à son lycée.
Demain l'éducation : dans la vie scolaire du futur, on peut envisager que l'éducation sera globale.

L'élève ne se posera plus la question de l'utilité de telle ou telle connaissance. Il saura qu'elle pourra l'enrichir de multiples façons dès lors qu'elle pourra être mise en perspective avec des intérêts à court, moyen et à long terme.



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